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Fait divers : Moto contre amour

Publié le mardi 4 juillet 2006 à 07h44min

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Ali tenait la caisse dans la boutique d’un gros commerçant, gros au propre comme au figuré ; un gros commerçant dont le moindre défaut était l’avarice et son cortège de méfaits.

Ali était donc mal payé, très mal payé ; aussi n’avait-il pour moyen de déplacement qu’une motocyclette P 50 poussive qui a le mauvais goût de tomber en panne à tout propos. Elle n’était pas très vieille, mais Ali l’avait achetée en seconde main et apparemment, l’ancien propriétaire ne prenait pas un soin particulier de l’engin. Ali dépensait sans compter pour la faire marcher et surtout pour que Sali son amie puisse s’en servir sans problème pour ses courses.

Ali et Sali, ce n’était pas une vieille histoire d’amour, mais c’était un amour fort. C’est du moins ce que pensait le caissier. Les choses en étaient ainsi jusqu’au jour où Ali découvrit que Sali avait une autre relation. On le lui avait dit et il n’avait pas cru jusqu’à ce vilain jour où il l’aperçut pilotant une moto, une nouvelle moto dame dont il savait n’être la propriété d’aucun membre de la famille de sa dulcinée ; « voilà affaire » comme dirait mon oncle.

A qui pouvait bien appartenir cette moto ? Le soir venu, il posa la question à Sali. Celle- ci, parce qu’elle ignorait qu’il l’avait vue, mentit de manière effrontée en affirmant qu’elle n’était pas sortie de toute la journée. A l’instant, Ali pensa à ce que lui avaient dit ses amis.

Les jours qui suivirent, il mit ces mêmes amis à contribution pour savoir qui était en train de lui arracher Sali. La description que ceux-ci lui firent plus tard le surprit quelque peu : une espèce de farfelu sans personnalité sauf qu’il possédait une moto « nouveau modèle » brillant de tous ses chromes.

Si ce type comme ils l’avaient dit était insipide, c’était donc la moto dame qui attirait Sali. Elle n’aimait pas l’homme, elle aimait la moto. Ali était persuadé que Sali l’aimait lui. Il ne manquait qu’une moto pour faire la différence avec l’autre blanc-bec. Ce qu’Ali supposait, une amie de Sali allait lui donner la confirmation. Sali aurait dit qu’elle était fatiguée de se faire sortir sur « une vieille pointe roulante et fumante ».

L’image qu’avait subitement pris sa motocyclette aux yeux de Sali le blessa carrément ; Ali ne pouvait pas avoir un prêt en banque, son salaire lui étant versé « main à main. » Son employeur qui était conscient qu’il le payait mal, n’accepterait jamais lui prêter la somme qu’il voulait. Alors, Ali détourna un chèque d’un million de francs CFA, l’encaissa et alla acheter à 700.000 F presque, une moto encore plus belle que celle de l’autre prétentieux. Le soir même il l’offrit à Sali et s’en retourna chez lui sur sa « vieille pointe roulante et fumante » ; et Sali lui revint totalement.

Un peu plus de quatre mois plus tard, le gros commerçant découvrit le trou. Ali avoua avant d’aller en prison. La moto fut retirée à Sali. Echec et mat échec partout pour un amour inconsistant ou pour une moto ? Question.

Sacré Chédou OUEDRAOGO

Sidwaya

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