LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Avec de la persévérance et de l’endurance, nous pouvons obtenir tout ce que nous voulons.” Mike Tyson

Chefferie traditionnelle : Les « saaba » chez le Mogho Naaba

Publié le jeudi 22 juin 2006 à 07h03min

PARTAGER :                          

Le Mogho Naaba, chef suprême des mossé a reçu le mardi 20 juin 2006 dans l’enceinte de son palais à Ouagadougou, une délégation de forgerons du village de Saaba, dans le cadre d’une visite coutumière ancestrale. En effet, la dernière visite marquant ce rituel remonte à 1956, sous le règne du Mogho Naaba Saaga et du Naaba Koudnoagha, chef des Saaba.

Ainsi, les Saaba renouent avec un rite ancestral dont l’observance recouvre sa charge significative par la force de sa symbolique. D’abord, ce rituel consiste à entretenir un foyer particulier allumé dans la cour royale. Ce foyer ne doit être approvisionné en bois de feu que par les Saaba (forgerons) de Saaba. Ensuite, les fagots de bois sont constitués par une espèce végétale spécifique appelée en pays moaga, noèka explique le chef des Saaba, Naaba Abga Nassinga.

Naaba Abga Nassinga, dépositaire actuel de traditions chez les Saaba, précise que le transport des fagots de bois depuis le village de Saaba au palais du Mogho Naaba se déroule suivant un itinéraire connu depuis la nuit des temps.

Il s’agit de conduire une procession de quelques dizaines de personnes chez le Mogho Naaba. La délégation observe des arrêts chez le « gaan soaba » (logeur) à Bilbalogho et chez le Baloum Naaba (ministre de l’Intérieur et intendant du palais). Le Naaba Abga Nassinga souligne qu’à chacune des étapes indiquées, des fagots de bois sont offerts et l’introduction chez le Mogho Naaba est faite par le gaan soaba auprès du Baloum Naaba.

Sur cette requête de la délégation des Saaba, le Baloum Naaba présente la délégation au Mogho Naaba avant d’accomplir le rite loin des yeux des femmes. Il faut noter cependant que les remerciements au terme de ce rituel vont à la 1ère épouse du Mogho Naaba, reine du palais, conformément à la tradition. La reine reçoit sa part de fagot de bois.

Voilà la tradition respectée après cinquante années de rupture. Oubli collectif ? Personne ne saurait rien dire, sinon c’est l’Afrique perdue, retrouvée à travers ses valeurs culturelles. Les autorités nationales ont apprécié l’importance de cet événement, en témoigne la participation active du directeur du patrimoine M. Oumarou Nao et de son département.

Adama Ben TRAORE


Si « Saaba » m’était conté

Naaba Abga Nassinga, à l’état civil Gomtinga Nikiéma est le chef des forgerons, descendant direct de Naaba Koudnoaga évoque, non pas avec un certain humour, l’histoire des forgerons à travers les âges mais plutôt avec une grande solennité. Originaires de Barma, les Saaba (forgerons) ont été sollicités par le Ouidi Naaba pour conjurer un sort naturel qui hantait la population car un animal mystérieux « mangeait les âmes » chaque vendredi que Dieu faisait. Vaine tentative pour anéantir le mystérieux animal jusqu’au jour où le Ouidi Naaba souffla à l’oreille du Mogho Naaba de l’époque, que des hommes travaillent le fer dans son champ. Ceux-là pourraient trouver une solution au problème.

Ainsi, les Saaba à l’aide de leurs tenailles traditionnelles le « yiugo » ont envoyé une boule brûlante dans la gueule de l’animal pour le tuer. Pour ne plus jamais rencontrer une telle horreur, le Mogho Naaba a demandé aux forgerons de s’installent à un endroit idéal pour la poursuite de leurs activités dans le travail du fer et de préférence dans une région située en hauteur. Les Saaba se sont retrouvés en ce lieu où ils résident aujourd’hui, pour donner finalement le nom Saaba au village.

A.B.T.

Sidwaya

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique