LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

SENEGAL : Une démocratie à toute épreuve

Publié le mardi 17 février 2004 à 08h41min

PARTAGER :                          

Malgré les écueils qui ne manquent de se dresser sur son
chemin, la démocratie sénégalaise avance et se renforce.
Depuis l’avènement au pouvoir du PDS (Parti démocratique
sénégalais), en 2000, le pays a traversé des zones de
turbulences qui auraient pu fragiliser son processus
démocratique, voire mettre en péril l’Etat de droit.

Le naufrage du
Joola et son millier de morts, la demande sociale insatisfaite, le
conflit en Casamance, les querelles politiques sont un cocktail
qui, sous d’autres cieux, aurait pu être détonant . Mais le pays de
Senghor tient bien le coup. Pour maintenir le cap (ou le
redresser, c’est selon), le capitaine en charge du navire propose
de jeter une passerelle, pour faire embarquer d’autres
passagers.

En d’autres termes, le président Abdoulaye Wade
veut ouvrir le gouvernement à d’autres partis. Pour les analystes,
cette invite à l’opposition n’a rien de philanthropique,
connaissant l’expérience de la lutte politique du vieux Wade. Le
pouvoir libéral, étreint par des contradictions internes et des
difficultés de gouvernance, a besoin d’une bouffée d’oxygène.

Un
gouvernement élargi ferait bien l’affaire et, en même temps,
renforcerait cette image de rassembleur et d’homme de
dialogue, chère au président sénégalais. Mais il s’agit d’une
ouverture contrôlée, puisque Wade n’a pas invité le PS (Parti
socialiste) aux diverses consultations pour la mise en place du
gouvernement élargi. Il n’a pas eu tort. Il aurait essuyé un refus à
la limite de l’humiliation.

D’ailleurs, le PS s’est démarqué des
concertations en cours et conditionne toute participation au
gouvernement à "un diagnostic fait de la situation nationale
d’ensemble". Une exigence qui, comme on le voit, s’apparente à
un procès en règle du Sopi. Elle risque fort peu de rencontrer
l’assentiment du parti au pouvoir.

Cette conditionnnalité du PS,
quasi-insurmontable par le pouvoir, qui risquerait ainsi de
révéler ses tares, traduit la responsabilité de l’opposition
sénégalaise, quant aux missions qui sont les siennes. Sans
appliquer stricto sensu la formule selon laquelle le pouvoir doit
gouverner et l’opposition s’opposer, le PS ne demeure pas
moins exigeant sur les règles qui régissent la vie des partis et
des institutions.

Demander des comptes au gouvernement sur
l’application de son programme de développement relève bien
des compétences de l’opposition surtout parlementaire. Et
quand il s’agit d’entrer dans le même gouvernement, la
prudence politique commande que l’on sache dans quelle
galère l’on embarque. Par ailleurs, aucun parti véritablement
attaché au jeu démocratique et à la confiance de ses militants
ne peut se lancer, sans garanties, dans une aventure politique.

Le PS semble donc accorder une grande importance à ces
paramètres, même s’il lui faut faire un trait sur les avantages
qu’offre une participation au gouvernement. Car la grandeur
d’une opposition se mesure aussi par sa capacité à résister à
l’appel des sirènes et de la soupe. Ce qui n’est pas, loin s’en
faut, le cas de nombre de partis d’opposition africains.

Au
Burkina par exemple, il est même arrivé que le pouvoir pousse
vers la sortie des opposants qui ont pris goût au... pouvoir. Une
situation humiliante dont ils ne tirent pas les leçons : ils sont
toujours prêts à retourner à la table du conseil des ministres. A
n’importe quelle condition. Dès lors, rien d’étonnant que
l’opposition soit moribonde et incapable de constituer une
alternative crédible. Elle secrète ses propres insuffisances en
refusant de définir clairement une ligne de conduite.

Certes, il
ne s’agit pas d’être braqué face à toutes les initiatives et actions
du pouvoir, de sorte à refuser de composer avec lui, même
quand les institutions de la République sont menacées par une
crise donnée. A ce moment, il est du devoir de la classe
politique de s’unir autour de l’essentiel : la sauvegarde de l’Etat
de droit. Une opposition responsable ne peut se dérober à cette
obligation. Le reste n’est que gesticulations à caractère
purement alimentaire.

"Le Pays"

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique