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Burkinabè de la diaspora : Issaka Sawadogo, l’exemple d’une réussite

Publié le lundi 24 avril 2006 à 07h33min

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Ils sont nombreux les Burkinabè qui ont déposé leurs valises en Côte d’Ivoire. Issaka Komyaba Sawadogo est de ceux-là, et ce depuis 35 ans. Opérateur économique bon teint, il est à la tête du groupe SIK qui comprend au moins 6 sociétés gérées avec rigueur et professionnalisme. Nous sommes allés dans sa base, à Ouangolodougou en terre ivoirienne pour constater de visu ce qu’il fait pour la Côte d’Ivoire, pour les Burkinabè, ou tout simplement pour l’homme qu’il met au centre de ses intérêts.

"Issaka est un don de Dieu pour nous !" Voilà une profession de foi que la population de Ouangolodougou n’hésite pas à scander tant l’homme est insaisissable dans sa bonté et dans sa générosité et ce, au nom de Dieu qu’il adore.

Issaka Sawadogo hissé sur ses 45 ans se bat jour et nuit pour faire de son groupe un groupe dynamique au service du développement. De la SOCOCIB (Société de commerce Côte d’Ivoire - Burkina, spécialisée dans le transit, le transport, l’import, l’export et le commerce) à la SIMTB (Société Ivoiro-malienne de transit et du bétail qui s’occupe de la manutention, de la consignation et de l’Agence maritime), le Burkinabè de Ouangolo force l’admiration. Infatigable comme nous avons pu le constater, Issaka Sawadogo s’occupe également de l’UTSC (Union transport SOCOCIB-COBOF), de INFONET, de la CADO, et de la filière viande et bétail. La société SIK est donc pluridisciplinaire.

De la CADO à la filière viande bétail

A Ouangolodougou, le Burkinabè de Barsalogho est vite surnommé : "le chef du Nord". En décembre 2000, des Burkinabè, des Maliens sont victimes d’injustices flagrantes dans la structure qui regroupe les cotonculteurs (la CABIO). Cette coopérative, selon les témoignages, avait refusé de payer ce qui revenait de droit à ces "étrangers".

Après avoir travaillé (avec l’aide de la justice) à ce que ces Burkinabè et Maliens recouvrent leurs droits, la frustration était telle que Issaka Sawadogo se décida à mettre une structure similaire en place : la CADO (Coopérative agricole Djiguiya de Ouangolodougou). Cette Coopérative a pour vocation la production, l’égrenage et la vente du coton.

C’est alors que nombre de ceux qui étaient à la CABIO (toutes nationalités confondues) ont pris le chemin de la CADO qui compte actuellement... 6 000 membres. Les paysans voient en la CADO un espoir, un nouveau souffle. Avec un chiffre d’affaires de 12 millions de F CFA en 2003, la CADO est vite passée en 2004-2005 à un chiffre d’affaires de un (1) milliard de F CFA pour une superficie cotonnière de 3 000 hectares. Une coopérative née de frustrations qui sauve aujourd’hui une population.

La joie était visible sur tous les visages de ceux qui étaient à la rencontre du 1er avril 2006. Ainsi tous les paysans qui avaient des problèmes avec la CABIO trouvent leur salut en la CADO grâce à la perspicacité d’un homme. Et Amadou Ouattara d’avouer : "je suis venu à la CADO parce qu’il y a l’amour, la fraternité et la solidarité."

Le chef terrien, Douamba Ouattara est catégorique : "Si la CADO n’était pas bénéfique pour la population, j’allais retirer mes terres." Quant au président de la communauté burkinabè à Ouangolo, Mahamadi Yerbanga, il confie que toutes les communautés trouvent que CADO travaille dans la transparence pour le bonheur de tous ses membres.

Si Issaka Sawadogo est vice-président de la CADO qu’il a lui-même créée, il est le président de la Confédération viande et bétail de l’espace UEMOA qui a pour ambition de s’étendre dans l’espace CEDEAO. Déjà, le Nigeria et le Ghana frappent à la porte.

Daouda Ouattara, délégué de la région des Savanes de Côte d’Ivoire de cette filière, avoue que les sections marchaient bien jusqu’à ce que la guerre intervienne. Il ne tarit pas d’éloges pour Issaka qui, depuis le début de la guerre, a offert son coeur et sa poche pour sauver des humains.

Pas plus tard que le 16 mars 2006 le Directeur général des Douanes du Mali offrait l’agrément de commissionnaire en douane à Issaka Sawadogo. En effet, le Comité consultatif des commissionnaires agréés en douane a émis un avis favorable à ce sujet auprès des bureaux de Douanes de Zégoua, Hérémakono, Koury, Kourémalé, Nara, Diboli et tous les bureaux de Bamako. Une nouvelle satisfaction qui vient ainsi s’ajouter aux nombreuses activités de Issaka Sawadogo.

Dans le bureau de cet opérateur économique, trônent sur le mur de Ouangolo à sa droite la photo du président ivoirien Laurent Gbagbo, et en face celles du président burkinabè Blaise Compaoré et Dramane Alassane Ouattara, l’opposant ivoirien.

A Bobo où il gère deux stations d’essence, un certificat accroché au mur exprime tout un dynamisme : "... en guise de félicitations pour avoir réalisé 135% de son objectif en lubrifiants au titre de l’année 2005." Le credo de M. Sawadogo est clair : "Dieu ne fait jamais du mal à quelqu’un. Il faut seulement être sincère et honnête."

INFONET et hôtellerie

Si l’homme de Barsalogho s’est beaucoup investi en Côte d’Ivoire, il n’oublie pas de le faire dans son pays. A Bobo Dioulasso, en plus des réalisations immobilières, le groupe SIK a dressé juste en face de l’hôtel SOBA un cyber-café des temps modernes. INFONET, dirigé de main de maître par un des fidèles de Issaka Sawadogo, Mamadou Bamba, est un simple régal pour les internautes. Un Business center, un télécentre, bref un cyber à système wifi et webcam dans un cadre agréable pour des ordinateurs de toute nouveauté. INFONET vend également du matériel consommables informatiques, assure l’entretien, la maintenance et les installations.

A Niangoloko en territoire burkinabè, Issaka Sawadogo est en train d’ériger un hôtel de 42 chambres toutes climatisées et dotées de téléviseurs. L’ouverture de ce joyau est incessante. M. Sawadogo a ainsi décidé de s’investir davantage au Faso. Il aime son pays. Pour son retour au bercail et notamment à Kaya, son fief, il se souvient : "En toute sincérité, je peux dire que c’est grâce à Mme le gouverneur que je suis retourné à Kaya.

C’est Dieu qui l’a voulu ainsi. Quand cette femme (ndlr, Fatimata Legma) a été nommée gouverneur, elle ne connaissait pas les ressortissants de sa région. Elle a pris la route de Bobo pour venir nous parler. On a longtemps échangé et j’ai compris que cette femme est à soutenir parce que depuis son arrivée, les ressortissants, coutumiers, religieux, tous se donnent désormais la main. J’ai donc décidé de revenir aider à développer la région." Ses contributions pour l’Administration du Centre-Nord et pour les Forces de sécurité sont appréciables. Pour tous ces efforts, il a été décoré le 11 décembre 2005.

Abdrahamane Diarra, secrétaire général de la CADO, à l’image de tous les autres membres, s’investit pour que les détracteurs de leur "chef" n’aient pas raison de lui.

Rassembleur et social, Issaka Sawadogo est connu de tous les chefs traditionnels. De Korogho à Boundiali, de Tingrela à Odienné, de Touba à Mankolo, en passant par Bondougou, Bouna et Doropo. Vrai leader et homme de pardon, M. Sawadogo offre au moins 120 moutons aux musulmans de Ouangolodougou à chaque fête de la Tabaski. C’est encore lui qui aide les associations, les infirmiers de Ouangolo. C’est aussi qui, à hauteur de 3 millions de F CFA, aide à acheter les injections à chaque épidémie de méningite dans son fief à Ouangolo.

Mieux, il est tout généreux envers celui qui le prend pour ennemi. Il se justifie :"C’est Dieu qui guide mes pas" avant d’ajouter : "Si ce n’est pas parce qu’on fait exprès, il ne devrait pas y avoir de problèmes entre les humains. On doit rendre service." A Ouangolodougou, Issaka Sawadogo a pu trouver 1 080 emplois pour des jeunes. Il construit des mosquées, des écoles, un hôpital, des collèges. En somme, l’homme de Barsalogho construit l’humanisme à travers les vertus de la générosité, du pardon et de la foi.

Par Alexandre Le Grand ROUAMBA


Carte d’identité d’un homme généreux

Il a eu 45 ans le 6 avril dernier. Lorsque Sommanégré mettait au monde Issaka le 6 avril 1961, elle était certainement loin d’imaginer, tout comme le papa Tongdo, que son ascension allait être des plus fulgurantes. Le petit Komyaba de Barsalogho va d’abord travailler avec des Chinois dans les rizières de la vallée du Kou à Bobo Dioulasso une année durant. Sa famille décide depuis 35 ans d’aller déposer ses valises à Ouangolodougou en Côte d’Ivoire. Issaka y vendra de l’eau.

Cette activité durera 3 ans. Les douaniers de Ouangolodougou le récupèrent afin qu’il lave leurs voitures et assure le nettoyage de leurs bureaux. L’enfant de Barsalogho s’y donne à coeur joie pour un salaire mensuel de 6 000 F CFA puis de 10 000 F CFA. C’est là que certains commençants à qui il a rendu beaucoup de services le conseillèrent d’ériger devant le poste de douane une petite table pour vendre de petits articles. Ce qui fut fait. Puis vint une boutique.

Issaka, en compagnie de son ami Madi Ouédraogo, se rend à Djigolo pour charger, deux ans durant, le cacao. Ce qui lui permit de payer un vélo pour un de ses frères. Les affaires commencent à aller cahin caha. Ce qui lui permet de revenir chercher une femme à Ouangolodougou qui va le suivre à Djigolo. Là, c’est le commerce (marchandises diverses, pièces détachées, vente de véhicules) qui devient son activité principale.

Avec sérieux et abnégation, Issaka Sawadogo commence à récolter les fruits de son labeur. Et tout s’est déclenché à partir de la vente d’un véhicule. Et Issaka de dire : "Quand Dieu veut vous aider, vous oubliez votre souffrance de cent ans en une minute." Et le voilà dans des activités diversifiées : le transit, le bétail, le coton, etc. Il crée son groupe : le groupe SIK (Sawadogo Issaka Komyaba).

PDG de ce prestigieux groupe, il assure également la présidence de la Confédération viande et bétail de l’Afrique de l’ouest (espace UEMOA). Débordant de dynamisme, de générosité et d’humanisme, Issaka Sawadogo est très populaire à Ouangolodougou. C’est à la limite si on ne le vénère pas puisque un ressortissant de cette région nous a lancé au visage : "Issaka Sawadogo est un don de Dieu pour nous".

Il a été décoré lé 11 décembre 2005 pour toutes ses actions. Rassembleur et solidaire, il est le mari de 4 femmes (2 Ivoiriennes, 1 Guinéenne et 1 Burkinabè) et le père de ... 21 enfants. Il a 45 ans. "Chaque enfant vient avec sa chance", se justifie-t-il.

Alexandre Le Grand ROUAMBA


Avis de gouverneur

Le gouverneur de la Région du Centre-Nord, Fatimata Legma, témoigne de l’action de Issaka Sawadogo dans le Centre-Nord.

"Après l’installation des gouverneurs en décembre 2004, nous avons entrepris un programme avec l’ensemble de nos collaborateurs. C’est ainsi que nous nous sommes rendus à Ouagadougou où nous avons rencontré l’ensemble des ressortissants de la région du Centre-Nord. Après Ouagadougou, nous sommes allés à Bobo Dioulasso. C’est là-bas que nous avons rencontré Issaka Sawadogo parmi les nombreux ressortissants venus nous rencontrer ce jour-là. Nous avons à l’occasion livré le message de la région.

Nous venions d’être installée. Nous avons fait l’état des lieux et nous avons constaté que beaucoup restait à faire au Centre-Nord. Nous y étions donc allés pour lancer l’appel pour que les fils et filles de ladite région hors de la localité puissent se mobiliser pour participer efficacement au développement de la région.

C’est cet appel qui a été entendu car les ressortissants du Centre-Nord dans les Hauts-Bassins se sont engagés à revenir au bercail (si je peux m’exprimer ainsi), à apporter leur contribution. Je me souviens qu’à cette rencontre à laquelle ont pris part les hauts-commissaires et les directeurs régionaux, les gens se sont décidés à s’organiser pour apporter leur appui. C’est ainsi que pour aider le gouvernement à lutter contre l’insécurité qui sévit, Issaka Sawadogo a apporté un appui à hauteur de 14 mobylettes. Son geste nous a permis de desservir les postes et les commissariats de police.

Tout récemment lors du 8 mars 2006, il a encore bien voulu remettre dix (10) motos à Chantal Compaoré pour les Forces de sécurité et de défense de la région. Au niveau des activités que nous menons ici, Issaka Sawadogo a toujours été présent et ne cesse d’apporter sa contribution. C’est quelqu’un qui s’est en tout cas engagé pour accompagner la région du Centre-Nord. Egalement par son intermédiaire, beaucoup de gens commencent à revenir à la maison-mère et c’est cela que nous louons.

Il est en train d’organiser des activités économiques avec les autorités ghanéennes. Cela aura des retombées très bénéfiques pour le Burkina en général et pour la région du Centre-Nord en particulier. Tous ces actes nous réconfortent et le souvenir du 8 mars célébré à Kaya est encore vivace en ce sens que plus de 200 filles et femmes sont venues de Ouaga défiler. Cela fait plaisir de voir des filles et des fils comme Issaka Sawadogo agir ainsi. Chacun se sent aujourd’hui concerné par le développement de sa région. Du reste, il ne peut en être autrement avec la décentralisation.

Nous ne pouvons souhaiter que les personnes éprises de bonne volonté regardent toujours dans le sens du développement. Nous avons toujours prêché l’unité, l’engagement et la paix de chacun pour la construction de la région. Nous ne faisons que les accompagner."

Propos recueillis par A.L.G

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 4 mai 2006 à 16:18, par ADJIBADE En réponse à : > Burkinabè de la diaspora : Issaka Sawadogo, l’exemple d’une réussite

    Une photo de Issaka SAWADOGO aurait parfait ce beau portrait. Alors, auteur de l’article, pensez-y.

  • Le 18 mars 2009 à 19:03, par gilbert Lossouarn En réponse à : Burkinabè de la diaspora : Issaka Sawadogo, l’exemple d’une réussite

    Je souhaite aller à Niangoloko en fin d’année 2009. J’y ai
    vécu 2 ans de 1971 à 1973.
    L’hotel Samanagré a t-il un site internet ? Comment connaitre les tarifs et réserver ?
    Si pas de site internet, téléphone ou adresse, SVP.
    Merci de m’aider.

  • Le 20 juillet 2009 à 18:06, par cousou En réponse à : Burkinabè de la diaspora : Issaka Sawadogo, l’exemple d’une réussite

    Je suis un fils de la sous prefecture de ouangolo
    J’apprecie beaucoup ce qui’il fait pour la jeunesse de ceete sous-prefecture qui est devenue aujourd’hui une prefecture avec l’investiture en avril dernier de son premier Prefet du Nom de Tibouet.
    Parcontre je deplore le fait que des gens agissent de maniere nuisible(des actions de banditisme et j’en passe) en son nom et rien n’est fait en ce sens
    Je souhaiterais qu’il essaie de s’entendre avec tous les elus de Ouangolo
    Je loue beaucoup son courage
    Merci

    • Le 22 janvier 2010 à 11:29, par Tiberus En réponse à : Burkinabè de la diaspora : Issaka Sawadogo, l’exemple d’une réussite

      Un digne fils du Burkiba que ce Issaka sawadogo dont la renommée fait la fierté de notre chère patrie.J’aimerais avoir son Email pour lui envoyer mes encouragements et mon soutien. Vivement que tous les Burkinabè de l’étranger suivent son exemple.

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