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Route Ouaga-Boussé : 5 véhicules dans les filets des braqueurs

Publié le mardi 18 avril 2006 à 08h03min

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Allo ? C’est "Le Pays" ? (...) Au bout du fil, une femme choquée. Elle raconte, avec des phrases hachées, comment elle a été victime d’un braquage. Vendredi 14 avril, 1h du matin. « Nous revenions de Boussé. A quelques kilomètres du poste de police de Tampouy, des individus nous font signe de nous arrêter.

Ils ressemblent à des agents des forces de sécurité. Nous avions cru qu’il s’agissait d’un contrôle de routine, comme on en voit souvent sur nos axes routiers. Notre chauffeur ralentit.

Trop tard ! Les hommes qui se présentent à nous n’entendent pas, visiblement, nous faire de cadeau. Ils ont le visage masqué par des turbans. Ils sont munis d’armes traditionnelles. Des armes à feu. Des armes blanches aussi. L’un d’eux, surnommé "commandant", somme les six occupants de notre véhicule de se coucher par terre. Nous obéissons, animés par un instinct de survie. Conscients que la moindre erreur peut nous envoyer six pieds sous terre". Surtout qu’il fait nuit et qu’il n’y a presque plus de passants. "Nos agresseurs menacent de plus en plus".

Pas de temps à perdre. Ils fouillent les passagers et le véhicule, prennent tout ce qui leur semble avoir de la valeur : argent, téléphones cellulaires, sacs à mains... Tout ou presque tout. "Notre voiture est épargnée. L’un de mes compagnons, croyant le calvaire terminé, lève la tête. Erreur. On lui intime l’ordre de la rabaisser", sous peine d’être expédié... en enfer. "Quelques moments après, un autre véhicule tombe dans le piège des braqueurs. Puis un autre. Encore un autre. Une Mercedes qui roulait à vive allure perçoit le danger. Le chauffeur freine brusquement. Les crissements des pneus déchirent la nuit. Le véhicule fait volte-face et file en trombe.

Soudain, non loin de nous, j’entends du bruit. Une autre voiture est garée dans le noir. Ses passagers sont aussi couchés au sol. Des braqueurs, armes au poing, contrôlent les moindres gestes. Ils scrutent les deux extrémités de la route pour ne pas être surpris par des passants. Craignant sans doute que la Mercedes qui a échappé de justesse au braquage n’alerte les forces de sécurité. L’opération se déroule de plus en plus vite. Une heure dans les griffes de nos agresseurs, tenaillés par l’envie de vivre et la peur de mourir".

Une plaie béante à la tête

Il est 2h du matin. "On nous autorise enfin à déserter les lieux. La peur toujours aux tripes, nous prenons place dans notre 4X4. Le chauffeur appuie sur l’accélérateur. Direction, Ouagadougou. En fait, nous y étions déjà, ou presque".

Une halte de quelques minutes au poste de police de Tampouy. "Juste pour les informer de ce qui nous est arrivé, et qui pourrait arriver à d’autres personnes cette nuit-là. Pour leur demander aussi d’ y déployer des patrouilles. Mais pour cela, on nous exige, au préalable, une déclaration écrite. Nous trouvons la procédure trop longue. Nous sommes tous traumatisés par le braquage que nous venons de vivre. En plus, il se fait tard. Chacun de nous veut regagner sa famille ». Pas de temps à perdre. Le chauffeur démarre. Cette fois, pas d’arrêt.

Une nuit pénible. Ce vendredi-là, à 10h du matin, le téléphone de notre Rédaction sonne. "Allo ? C’est "Le Pays" ? (...) S’il vous plaît, aidez-nous à attirer, une fois de plus, l’attention des autorités sur ce phénomène récurrent ». "Qu’un braquage se produise aux portes de la capitale, à quelques kilomètres d’un poste de police, c’est vraiment inquiétant !", déplore notre interlocutrice.

12h 05 mn : une autre victime du braquage nous appelle. Elle veut témoigner. L’heure, la date et le lieu de la rencontre sont fixés. L’homme, âgé de 38 ans, tient tellement au rendez-vous qu’il ne fait aucune seconde de retard. " C’est grave, très grave", commence-t-il par rouspéter. Puis il égrène les actes de sa mésaventure. Lui aussi a vécu presque les mêmes scènes. Il nous présente une plaie béante à la tête.

Mais ne souhaite pas être photographié pour ne pas, dit-il, " susciter la furie de (ses) agresseurs". "J’ai voulu résister mais le salaud a usé de son couteau. Je croyais même qu’il allait me tuer". Visiblement dépassé par la tournure des évènements, l’homme lance un ultime appel au ministre de la Sécurité : "Il faut que Djibrill Bassolé se réveille ! S’il ne peut pas assurer la sécurité des Burkinabè, qu’il laisse la place à quelqu’un d’autre !". .

Hervé D’AFRICK

Le Pays

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