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Les syndicats au gouvernement : "Augmentez les salaires de 25% !"

Publié le mercredi 11 février 2004 à 09h57min

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Les négociations entre le gouvernement et les syndicats,
initialement prévue pour demain, 12 février , n’auront pas lieu. La
rencontre a été reportée à une date ultérieure, le gouvernement
ayant évoqué, selon les syndicats, des "raisons de force
majeure". Face à cette situation, les leaders syndicaux ont tiré la
sonnette d’alarme en organisant hier, une conférence de presse
à la Bourse du travail, à Ouagadougou.

Le tableau est loin d’être reluisant, si l’on en croit les centrales
syndicales et syndicats autonomes du Burkina. Tolé Sagnon et
ses "camarades" sont formels : "Sur les 30 doléances
présentées au gouvernement en 2003, 24 ont reçu des
réponses entièrement négatives". Le point relatif à la publication
des résultats des enquêtes de l’Inspection générale d’Etat, lui,
"a été occulté".

Mais il y a une lueur d’espoir : deux doléances
ont reçu des promesses de satisfaction. Il s’agit de celles
relatives à la prise en charge des risques professionnels
concernant les agents publics de l’Etat et la "relecture positive"
du Code du travail. Les syndicats se réjouissent par ailleurs
d’avoir engrangé certaines victoires. Ils ont obtenu la satisfaction
de trois doléances : " la révision à la baisse de l’impôt sur le
secteur informel, le déplafonnement de l’assiette de cotisation et
le relèvement du taux de cotisation à la Caisse nationale de
sécurité sociale".

A cela s’ajoute la réinstauration du transport
en commun. Même si, sur ce point, "nous avons de réels motifs
d’inquiétude au regard de la faible part des pouvoirs publics,
notamment la commune de Ouaga, dans le capital de la
SOTRACO", note Tolé Sagnon.
Malgré ces signes prometteurs, les centrales syndicales et
syndicats autonomes du Burkina estiment que la situation est
préoccupante. Des preuves ? "Depuis le début des années 80,
le pouvoir d’achat des travailleurs et des retraités baisse
continuellement", explique M. Sagnon.

Pire, "les travailleurs ne
sont pas dans les conditions physiques et mentales pour
produire ; ils sont aussi en passe d’être exclus du marché de la
consommation comme les personnes licenciées", ajoute-t-il. Le
problème est davantage complexe, surtout que le ministre des
Finances et du Budget affirme "qu’une augmentation des
salaires n’est pas envisageable pour le moment". Jusqu’à
quand les travailleurs devront-ils alors attendre l’ultime geste
élégant qui crée l’espoir ? Question à multiples inconnues.

"Besoins fondamentaux"

Face à cette situation, les leaders syndicaux ont désapprouvé
l’arrêté relatif aux prêts de 15 millions sans intérêt accordés aux
membres du gouvernement, présidents d’institutions et députés
non siégeants. "Cela constitue un véritable mépris des
préoccupations des populations en général et des travailleurs
en particulier", ont-ils déclaré. Et ils ajoutent que "si l’Etat a les
moyens d’octroyer ces prêts, de surcroît sans intérêt, il ne peut
demander aux travailleurs de toujours patienter".

En tout cas,
Tolé Sagnon et "ses camarades" n’en sont pas contents. Ils ont
d’ailleurs demandé à l’exécutif "une augmentation de salaire de
25%". Ils ont aussi prôné l’arrêt des privatisations et porté un
regard critique sur l’exécution des jugements et arrêts de
juridictions relatifs à des conflits de travail et au respect des
libertés syndicales.

Et que dire du relèvement de l’âge de la retraite entrepris par le
gouvernement ? "Cette question ne figure pas dans nos cahiers
de doléances unitaires", note Tolé Sagnon. Pour les centrales
syndicales et syndicats autonomes, le problème a été mal posé.

Il faut plutôt "augmenter les salaires, permettant ainsi aux
travailleurs en activité de travailler et vivre dans de bonnes
conditions". Et ce n’est pas tout : "Il faut relever les taux de
pensions afin de permettre aux travailleurs à la retraite de se
reposer, en vivant décemment leur retraite".

A cela s’ajoute la
nécessité de "recruter les jeunes pour le bon fonctionnement
des services et d’alimenter les fonds de pensions par des
cotisations". Ce sont en tout cas, des "besoins fondamentaux" et
les syndicats entendent resserrer les rangs pour la satisfaction
de leur plate-forme revendicative.

Par Hervé D’AFRICK


Plate-forme minimale unitaire /B>

"1. Augmentation de 25% des salaires et pensions des
travailleurs des secteurs public, parapublic et privé pour compter
de janvier 2001 ;
2. Exécution des jugements et arrêts de juridiction relatifs à des
conflits de travail (BRAKINA, SOREMIB, FASO FANI, SCFB,
CNEA, SONAR, ex BATA, etc), traitement diligent des dossiers
de conflits de travail (SN-SOSUCO, CEMOB, CIMAT, SONAR,
INB, LONAB, etc), respect des libertés syndicales ;
3. Abrogation de la loi n°13/98/AN du 28 avril 1998 portant
régime juridique applicable aux emplois et aux agents de la
Fonction publique ; déblocage effectif des avancements
d’échelons et de classe ;
4. Baisse de l’IUTS de 15% sur toutes les tranches ;
5. Arrêt des privatisations et paiement immédiat et en une
tranche des droits des travailleurs licenciés suite aux
privatisations et/ou liquidations. Arrêt du désengagement de
l’Etat des secteurs sociaux notamment l’Education et la Santé.

Arrêt du recours facile à la pratique du chômage technique et sa
réglementation effective (en attendant, assurer à tout travailleur
mis en chômage technique, un minimum équivalent au 1/3 de
son salaire). Paiement des arriérés de salaires qui ont cours
dans certaines sociétés (abattoir frigorifique, INB, etc.) ;
6. Une politique cohérente favorable à la promotion du secteur
informel et son organisation efficace et révision à la baisse de
l’impôt et des loyers (hangars, boutiques, etc.) ;
7. Annulation de l’arrêté n°2003-37 du ministre des Finances et
du Budget en date du 31 janvier 2003 et relatif à l’octroi d’un prêt
sans intérêt aux présidents d’institutions, aux membres du
gouvernement et aux députés non siégeant et destinés à
l’acquisition en hors taxe, hors douane d’un véhicule à usage
personnel."


A propos de l’âge de la retraite

Les centrales syndicales et les syndicats autonomes se posent
des questions sur l’initiative du gouvernement d’augmenter l’âge
de la retraite à 60 ans. Voici le produit de leurs réflexions.

"La question qui est souvent posée aux travailleurs est de
savoir s’ils sont pour ou contre le relèvement de l’âge de la
retraite. Pour nous, en posant la question ainsi, on tente
d’amener le travailleur à répondre en fonction de sa propre
situation ; par exemple, est-il prêt pour aller à la retraite
maintenant alors qu’il n’a pu rien mettre de côté ? Or, avec les
salaires actuels, il ne sera jamais prêt. Donc pour cette grande
majorité de travailleurs, la retraite fait peur, elle est synonyme de
misère !

Pour nous, la question se pose autrement. Il s’agit de
voir les arguments avancés par le décideur et quelle solution le
relèvement de l’âge de la retraite apporte-t-il à nos
préoccupations. Le décideur avance des difficultés de
paiements des pensions, la préservation de l’expertise
nationale, la durée de la retraite par rapport au temps de service,
etc.

Face à ces arguments, nous posons les interrogations
suivantes : est-il vrai que la durée de la retraite est plus longue
que le temps de service et devons-nous travailler plus
longtemps pendant que l’espérance de vie est en baisse (52 à
46 ans) ? Si les recrutements de jeunes ne se font pas,
comment pouvons-nous valoriser et transmettre l’expertise
nationale ? Les problèmes de déséquilibre des institutions
chargées des pensions (CNSS et CARFO) vont être
temporairement résolus, mais pour combien de temps ? En tout
cas, pour moins d’une dizaine d’années. Que ferons-nous à
l’issue de cette échéance ?"

Le Pays

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