LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Immigration clandestine : ces Burkinabè qui ont succombé aux sirènes de l’Europe

Publié le mercredi 22 mars 2006 à 08h09min

PARTAGER :                          

Des Burkinabè arrêtés au Cameroun l’année dernière

Les drames liés à l’immigration clandestine sont monnaie courante. Et pourtant, ils sont toujours aussi nombreux, ces africains qui rêvent de rejoindre l’Europe, quoi qu’il advienne. Parmi eux, il y a des Burkinabè.

Z. est blanchisseur dans un quartier populaire de Ouagadougou. Il n’a pas eu la chance d’aller à l’école. Son temps, il le partage entre ses tâches quotidiennes et l’éduction de ses deux garçons. Sa femme tient un petit commerce, question de l’appuyer à sa façon.

Mais Z a surtout un projet qui lui tient à cœur depuis longtemps : celui de quitter le Burkina, pour mieux gagner sa vie. Il espère pour cela, réunir assez de fonds et entamer ainsi son voyage. Il compte dit-il, rejoindre d’abord le Gabon. Première escale, avant d’entamer la grande traversée vers l’Europe. Un voyage qui lui ouvrira pourquoi pas, les portes du bien-être et de l’aisance. Surtout que dans le quartier de Z, tout le monde cite en exemple, ce jeune homme qui fait aujourd’hui la fierté de sa famille, alors qu’il y a quelques temps encore il rasait les murs. Ses réalisations se comptent par dizaines, et ambrassent de nombreux domaines dont ceux du bâtiment et de l’automobile.

Du côté de la Dassasgho, autre quartier de Ouagadougou, se trouve un autre sanctuaire de l’immigration réussie. De grandes villas se succèdent, toutes appartenant à ceux que l’on appelle les « italiens » ou encore les « bissa d’Italie. » Au Burkina, un certain humour attribue à l’ethnie bissa, une seconde patrie : le pays des spaghettis. Leur expérience s’avère être une réussite. Elle incite par conséquent, de nombreux candidats au départ, à croire en leurs chances et à faire leurs valises. Z. appartient d’ailleurs à cette ethnie, et ce n’est pas sans une légère pointe d’amertume, qu’il évoque son projet de voyage maintes fois repoussé.

Les images de clandestins rapatriés de force, Z. et ses camarades en ont eu vent. Mais pas de quoi les décourager. Certains seraient prêts pour cela, à vendre tout ce qu’ils possèdent. On raconte d’ailleurs l’histoire d’un jeune étudiant, qui aurait tout simplement vendu dans le plus grand secret, les biens de son paternel, avant de disparaître dans la nature. Il enverra plus tard, du pays de l’oncle Sam où il a atterrit, un chèque correspondant au double de la valeur des biens qu’il a subtilisés à son père.

Cette histoire qui n’a rien d’une légende, les mamans la racontent à certains de leurs fils. Surtout à ceux qui ont pris « la brousse » (le décor.) Les jeunes eux-mêmes se la racontent les uns aux autres...

Juvénal Somé
Lefaso.net

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 22 mars 2006 à 10:01, par emmanuel marie DJORI En réponse à : > Immigration clandestine : ces Burkinabè qui ont succombé aux sirènes de l’Europe

    c’est emmanuel marie de cote d’ivoire.je n’arrive pas à comprendre pourquoi aujourd’hui les jeunes africains veulent forcément se tourner vers l’Europe pour realiser leur ambition.nous avons tous les moyens pour rélever notre Afrique malgré notre pauvreté.il ya beaucoup de secteurs d’activités comme peut bien exploiter.on peut créer des emplois pour la reinsertion des jeunes.tout est possible et ce que je déplore le plus c’est que quand nos jeunes vont à l’étranger en vue de leur formation, ils n’ont plus ce projet de revenir servir leur pays je veux dire mettre à profit leur connaissance pour developper notre Afrique qui a besoin de ses jeunes capable de relever le défi.tout dépend de l’objectif fixé.en tout cas je souhaite que mes frères africains prennent conscience de la situation qui prévaut.on peut aller se former ou se chercher mais il va falloir revenir un jour aussi que ça ne soit pas de façon clandestine.regarder tous ce qui meurent dans cette tentative de fuite ,simple et triste constat.relevons le défi merci de bien vouloir diffuser ma lettre.salut à toute l’Equipe de lefaso.net

    • Le 22 mars 2006 à 19:20 En réponse à : > Immigration clandestine : ces Burkinabè qui ont succombé aux sirènes de l’Europe

      Je m’appelle Franck. Je suis burkinabè. La question de l’insertion des jeunes dans le monde de l’emploi est un vieux débat mais il est toujours d’actualité surtout dans les nations jeunes à plus de 50%. A mon avis, l’Afrique est de loin sur le chemin du développement. On a même démissionné depuis longtemps. Je vais vous dire que les jeunes africains qui se forment à l’étranger ont bien l’ambition de servir leur pays respectifs à leur fin de leur cursus.Mais, ce qui est grave, c’est que rien n’est fait pour encourager leur retour et faciliter leur insertion. Je suis désolé, car tout est une affaire de "parents-amis-et connaissance", et la compétence est relayée au dernier plan, même pas au second. Ceci dit, on ne se soucie point de la perennité de nos institutions, ce qui explique leur fragilité. Je crois que lorsque des actions concrêtes en faveur de la jeunesse au délà des discours politiques stérils de type "la jeunesse, c’est l’avenir d’une nation",seraient engagée, vous verrez les résultats. Ne me demandez pas de proposer quelques choses, car je sais que nos éminents dirigeants sont suffisamment intelligents et mieux outillés. Sinon, il y’a des exemples réussis ailleurs qu’il suffit simplement d’adapter à notre contexte. J’en ai fini.

      • Le 23 mars 2006 à 01:37, par ozean En réponse à : > Immigration clandestine : ces Burkinabè qui ont succombé aux sirènes de l’Europe

        Bonjour.
        Intéressant débat que celui de l’immigration clandestine en ces temps qui courent !
        Dans l’article, il est question de "success stories" de certains clandestins qui auraient fait fortune en occident.
        Le burkinabé est de par sa nature un homme qui aime voyager, pas pour le plaisir, mais par nécessité. Faso Kombat a chanté ’mpana ki , mpana zoéy" ( je ne mourrai pas, je ne m’enfuirai pas) pour dire que malgré la situation de pauvreté qui prévaut dans notre pays, le salut ne se trouve pas toujours au delà de nos frontières.
        Je suis pour l’immigration constructive. La diaspora Burkinabé contribue énormement à l’effort de développement de notre pays.
        Nos intellectuels se rendent en europe pour travailler parce que les structures de réinsertion sont inexistantes.
        Ténez bien, Sarkozi parle de "immigration choisie, pas subie".
        Tout le monde aime son pays, mais le pays n’aime pas tout le monde. Le pays aime les bras longs ou enchufes, les connaissances-parents-ami(e)s. Alors après un long séjour silencieux à l’étranger, on est coupé de la réalité quand on revient à "mostenga".
        immigration d’accord, pas de mal en cela, mais orientons-la vers le développement de notre chère Faso.

        • Le 23 mars 2006 à 10:37, par Manou En réponse à : > Immigration clandestine : ces Burkinabè qui ont succombé aux sirènes de l’Europe

          c’est à croire que notre chère Afrique ne sortiras jamais de sa misère et de son sous developpement et celà non pas parce que on est péssimiste mais vu l’allure que prennent les évènements ça fait peur ,vraiment peur ;je me permets de paraphraser le professeur Ky Zerbo : A quand l’Afrique...

          • Le 12 avril 2006 à 07:05 En réponse à : > Immigration clandestine : ces Burkinabè qui ont succombé aux sirènes de l’Europe

            "Immigration"(IMGT) Voici un mot a la une de nos jours dans les medias de l’Europe aux USA en passant par L’Afrique.
            Les drames qui y sont lies ne feront que croitre si le mal n’est pas attaque a la racine.C’est triste helas.
            J’aimerais souligner que "L’IMGT Clandestine" est la consequence d’un systeme socio-economique et politique imposer par les dirigeants occidentaux avec la complicite tantot volontaire ou contrainte de nos dirigeants du Sud.Et noter que ce flux migratoire est en general du Sud vers le Nord et meme s’il existait dans le sens oppose il serait purement volontaire contrairement au premier .Le Sud et le Nord en beneficent et en sont victimes a la fois.
            Ces candidats a l’IMGT (Burkinabe ou pas)s’adonnent a cet acte pour mettre fin a un quotidien qu’il meprise (ras le bol)en vu d’un lendemain meilleur (ce qui n’est tres souvent pas le cas helas).Considerons ce phenomene sur le plan africain avant de conclure sur notre cher faso :
            Comment expliquer que les africains habitants du continent le plus riche de la planete(ressources naturelles parlant) fuient l’Afrique pour L’Occident(pris en bloc) qui n’est point nanti sur ce plan mais est cependant le poumon economique mondial ?Quelqu’un me disait en guise de reponse "certes nous sommes africains et vivont en Afrique pour certains mais l’Afrique ne nous appartient plus".Une reponse qui en dit beaucoup.Certains trouveront ridicule mais c’est la triste realite mes cher(e)s freres et soeurs africain(e)s.Il faut une prise de conscience des africains qui doivent prendre leur destinee en main et oeuvrer pour leur bien etre.
            Mais ce Reveil Collectif ne peut se faire sans le soutien de nos dirigeants
            .Ainsi je lance un appel a nos dirigeants africains a qui j’invite de laisser leurs egoismes personnels et d’oeuvrer pour l’interet du peuple
            .L’occident est ce qu’il est parce leur dirigeant ont mit a l’ecart leurs interets personnel au profit de la cause et de l’interet du peuple. Le developement de l’Afrique ne peut se faire sans votre concours chers dirigeants et doit passer par l’education de la population,l’autosuffisance alimentaire,l’acces a la sante pour tous...et j’en passe .Cela ne peut se faire que si nous sommes tous unis pour la meme cause ;de ce fait nous devons nous accepter mutuellement avec nos qualites et defauts .Il n’est jamais trop tard pour mieux faire.
            Bref je n’encouragerai pas ou ne decouragerai pas les candidats a l’immigration (burkinabe ou pas).Cependant le paradis tant reve ne se trouve pas en occident pour bon nombre d’africains qui s’y trouvent deja et regrettent tres souvent les jours passes en Afrique ;ceux qui s’y trouvent n’accepteront pas totalement ce que je viens de dire ou n’oseront pas le dire haut et fort mais se sentiront concerner d’une maniere ou d’une autre.Pour ceux qui s’y trouvent ou qui y seront songez a revenir a vos racines pour apprendre ceux qui sont restes ce que vous avez appris .Pour ceux qui n’y parviendront pas sachez que le paradis tant reve peut etre vecu totalement en Afrique et par consequent au Burkina Faso .Il faut la volonte , travailler pour creer ce paradis puis on le savoure .Seul le travail paie ,il faut travailler et savoir travailler."Where there is a will there a way"JJ.

            "Vive l’Afrique et Vive le Burkina Faso"
            Un Africain et Burkinabe fier de l’etre qui croit aux lendemains

            meilleurs pour l’Afrique et pour le Burkina Faso.

  • Le 23 mars 2006 à 00:10 En réponse à : > Immigration clandestine : ces Burkinabè qui ont succombé aux sirènes de l’Europe

    C’est Krin Kalifa de Montréal. Je crois qu’une erreur est juste de parler des risques de l’immigration clandestine. Les gens connaissent les dangers mais ils acceptent ce risque parce que convainçus que si on franchit cette étape on est sauvé. Ce qui est carrément faux. On ne fait que citer le cas des immigrants qui ont réussi. Ils sont combien à avoir réussi à atteindre le pays de destination et qui vivent dans des conditions inaceptables ? Malheureusement on ne parle jamais de ces cas là qui sont de loin les plus nombreux. Ils sont combien aujourd’hui à vouloir regagner le Faso et ils ne le peuvent pas par orgueil ou par même le manque de transport ? Je pense qu’il est important de signaler que beaucoup de gens qui ont vendus des biens familiaux pour se rendre en Europe ou en Amérique (USA ou Canada) qui regrettent aujourd’hui amèrement mais qui ne le disent pas à leurs parents restés au Faso. On fait croire qu’on est dans le paradis. Il y a combien d’intellectuels qui vivent de la manufacture (ouvrier) ici ?
    Je suis à Montréal depuis 4 ans et je rentrerai au Faso après mon programme parce que je pense que je suis plus utile au Faso et surtout plus heureux. Quand je donne ces informations à des amis et parents du pays, il y en beaucoup qui me traitent de fou surtout qu’ils savent que j’ai un travail stable. C’est normal puisque c’est l’image de paradis qu’on a toujours donné de l’occident. Commençons à parler de l’immigration non réussie (la grande majorité des immigrants sont dans cette situation). Le Faso est dur mais il peut avoir de plus dur. Merci à Lefaso.net

  • Le 23 mars 2006 à 14:12, par leila En réponse à : > Immigration clandestine : ces Burkinabè qui ont succombé aux sirènes de l’Europe

    Franchement mes frères, ce que je viens de lire m’a effarée. Burkina Faso, pays des hommes intègres !?
    En ce moment en France, sur toutes les chaînes télévisées il est question de l’immigration. L’Immigration sous toutes ses formes. Depuis les émeutes de novembre dans les banlieus de France, l’immigration est devenue à en croire les Français, l’origine de tous les maux de la France. Je pense que les politiques devrait faire des campagnes de sensibilisation auprès des jeunes Burkinabè pour enrayer cette tendance. Penser que l’occident c est l’eldorado, c est se tromper sérieusement. Combien de nos frères africains sont morts et continuent de mourir dans cette longue quête infructueuse pour la plupart du temps. Les Noirs ici sont des sous hommes, contraints à dormir à 10 souvent plus dans une chambre de 10m2. En plus quand on est un sans-papiers, comment voulez-vous un instant soit peu réussir et amasser une fortune ? Redescendez sur terre, la vie du Noir en Occident est loin d’être enviable. La vie de tous les jours est un combat ; combat pour trouver un logement descent, combat pour prétendre à un job... du fait de la couleur de notre peau. Pas plus tard qu’hier au JT, un sondage révélait que 38% des Français avouaient être raciste. Que voulez-vous venir chercher dans un tel pays ?
    La vie est certainement dure au pays, mais ne pensez-vous pas que le bonheur supprême c’est d’être chez soi et de n’avoir aucun compte à rendre à personne ? Il faut que les politiques se bougent et fassent quelque chose pour éradiquer ce fléau.

  • Le 26 mars 2006 à 17:12, par Sigry En réponse à : > Immigration clandestine : ces Burkinabè qui ont succombé aux sirènes de l’Europe

    Bonjour,

    Il n’est pas question d’encourager l’immigration mais il faut le dire ceux qui risquent quotidiennement leur vie ne le souhaitent pas. Il faudra être à leur place pour savoir qu’il vaut mieux aller mourir ailleur que de mourir chez soit par la misère.
    Vous les Burkinabés de la diaspora pour la plus part méconnaissent les réalités du Faso. Il vaut mieux d’enttendre parler que d’assister. On ne pourra rien contre l’immigration tant qu’il y aura pas de démocratie véritable au Faso.

  • Le 27 mars 2006 à 02:29, par Poko Sana En réponse à : > Immigration clandestine : ces Burkinabè qui ont succombé aux sirènes de l’Europe

    Le probleme de l’emigration est un probleme serieux. Il ne s’agit pas a mon avis de savoir s’il faut encourager ou decourager qui que ce soit. Il faut plutot eclairer les uns et les autres sur les dangers reels ils s’exposent souvent sans le savoir. Quand on se laisse aller au desespoir, on devient une proie facile pour des individus sans srupules, prets a prouver le contraire en vous depouillant soigneusement du peu que vous avez. Ces charlatans des temps modernes vous abandonnent ensuite en plein desert, ou vous aurez le loisir de faire l’experience du vrai desespoir. En effet, les plus pauvres du Burkina ne sont nullement en cause ici, car ils ne pourront jamais reunir les sommes necessaires a verser aux soi-disant passeurs. Il faut bien que quelqu’un dise a ces jeunes qui aspirent a partir qu’on peut tenter aussi de creer un peitit business qu permet de vivre, avec les montants consentis pour faire des faux-papiers et acheter la bienveillance d’escrocs internatiionaux qui n’aspirent surtout pas forcement a la bienfaisance. Partir peut etre une solution, si certaines conditions sont reunies. Il existe aussi des voies licites pour se rendre dans les pays amis du Burkina. Si l’on ne remplit pas les conditions pour en beneficier, il faut savoir parfois s’abstenir. L’apre verite est que les plus pauvres n’ont pa ou aller et sont condamnes a rester au Burkina, quoi qu’il arrive. Dire que le phenomenede de l’emigration ne tarira pas tant qu’une vraie democratie ne sera pas instauree au Burkina n’a aucun sens ou le phenomene constitute en lui-meme l’expression de la liberte constitutionnelle d’aller et de venir. Il n’y a pa si longtemps, ne l’oublions pas, il falait requerir l’avis de son CDR de quartier avant de pouvoir voyager a l’exterieur. Je demande donc aux pouvoirs publics d’engager une lutte sans merci contre les marchands d’illusions, les pretendus passeurs, qui n’hesitent pas a spolier de pauvres innonents, avant de les envoyer souvent a la mendicite et a la mort. J’espere que la section Interpol du Burkina ouvrira desormais l’oeil et le bon..

    Poko Sana

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique