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37e sommet de l’Union africaine : Les conflits, le terrorisme, et les influences étrangères mettent à mal l’unité tant voulue

Publié le lundi 19 février 2024 à 08h00min

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37e sommet de l’Union africaine : Les conflits, le terrorisme, et les influences étrangères mettent à mal l’unité tant voulue

Le sommet de l’Union africaine devrait être une messe de l’unité, de la solidarité et du développement de l’Afrique. Mais l’Afrique n’a jamais été aussi désunie et la proie des impérialistes de tous les bords. L’arbre à palabres d’Addis Abeba, où les chefs d’Etat africains se réunissent depuis le 17 février 2024, n’arrive pas à apporter la paix et l’unité au continent. Jetons un coup d’œil sur notre mère Afrique qui pleure ses enfants qui ne s’entendent pas, ne s’aiment pas, ne se parlent pas, se font la guerre, etc.

Le tableau du continent en ce mois de février 2024 est un maquis de guerres, de luttes contre des groupes terroristes, des groupes rebelles, de factions armées, de pays en conflit où l’on se sépare parfois au nom du panafricanisme.

RDC-Rwanda

Un conflit violent oppose la République démocratique du Congo à son voisin du Rwanda qui nie son implication et sa collision derrière le groupe rebelle M23. Le Nord Kivu, la province orientale de la République démocratique du Congo, est depuis longtemps un enfer sur terre pour femmes et enfants sur un sous-sol riche en minerais. Les enfants soldats, les femmes violées, esclaves sexuelles, vivent dans ces forêts tropicales où l’Etat de la RDC ne peut exercer sa puissance publique face aux groupes armés.

Les rebelles du M23 encerclent en ce moment la ville de Goma, chef-lieu de la région du Nord Kivu. Le M23 qui, par le passé, se présentait comme un groupe congolais, a perdu ce statut depuis que l’Organisation des nations unies a reconnu la main de Kigali derrière ces hommes armés qui sèment la désolation dans l’est du Congo. Le président Tshisédeki est à couteaux tirés avec son homologue du Rwanda Paul Kagamé qu’il accuse de vouloir diviser son pays et faire main basse sur ses richesses.

La RDC devrait se réjouir de la condamnation franche cette semaine du Rwanda par les Etats unis qui ont appelé Kigali à retirer ses missiles et ses troupes de la RDC. Le bloc occidental, pendant longtemps, à cause du génocide des Tutsis au Rwanda, a laissé faire Paul Kagamé. Mais avec la montée des tensions et l’Afrique qui est devenue un terrain de confrontation des luttes entres les puissances, les Américains se positionnent de plus en plus contre les violations des droits de l’homme et des libertés, d’autant plus que la France s’est compromise durant le génocide et son soutien actuel à Paul Kagamé.

L’Union africaine va essayer de prôner la réconciliation et voir comment le déploiement de troupes de la Communauté économique régionale d’Afrique australe (SADC) dans l’est de la RDC s’effectue. Deux pays de la SADC que sont l’Afrique du sud et le Burundi, ont déjà envoyé des troupes pour aider la RDC.

Somalie - Ethiopie

La Somalie a demandé au sommet des chefs d’Etat de condamner l’Ethiopie qui voudrait annexer le Somaliland, une région du pays avec laquelle l’Ethiopie a signé un accord pour accéder à la mer. Depuis l’indépendance de l’Erythrée en 1993, l’Ethiopie n’a pas d’accès à la mer, et pour le président somalien, son puissant voisin voudrait profiter de la faiblesse et la division du pays face aux groupes terroristes Shebabs, se frayer une voie vers la mer en annexant une partie de son territoire.

A ce conflit récent, il faut dire que l’Ethiopie qui était une grande fédération, a vu un réveil des nationalités que certains attribuent à la guerre du Nil avec la mise en eaux du barrage sur le Nil qui entraîne un rééquilibrage de la distribution des eaux en faveur de l’Ethiopie où le Nil prend sa source et y a un long parcours. L’Egypte, avec le barrage d’Assouan, a vécu du Nil pendant longtemps et serait mécontente de la nouvelle donne. L’Ethiopie, depuis, est en guerre contre ses propres populations au Tigré et le peuple Oromo aussi.

Le Sahara Occidental

En Afrique du nord, c’est un vieux conflit de leadership mâtiné d’idéologie. Le Maroc et l’Algérie sont des frères ennemis parce que le Maroc revendique le Sahara occidental comme une région du royaume chérifien et l’Algérie est pour son indépendance au nom du droit des peuples à l’autodétermination. C’est une question qui est dans les tiroirs, mais on sent que le Maroc marque des points à l’international et pourrait avoir l’appui d’une confédération qui vient de naître au Sahel avec le refroidissement des relations entre l’Algérie et le Mali.

Afrique de l’Ouest : AES versus CEDEAO

C’est le conflit le plus dangereux pour l’unité de l’Afrique, parce que trois Etats n’ont pas craint de briser le tabou de quitter une organisation unitaire régionale. Ces trois Etats du Sahel, le Burkina Faso, le Mali, le Niger, sont victimes des attaques terroristes depuis une dizaine d’années et cette insécurité est la cause essentielle des coups d’Etat dans ces pays. En filigrane de cette scission, il y a la volonté des chefs d’Etat putschistes de se libérer de la volonté de l’organisation régionale de leur imposer un calendrier de remise du pouvoir aux civils.

Le refus de discuter entre chefs d’Etat et de mettre en avant les arguments de la raison à la place des rapports de force est ici à l’œuvre. Des deux côtés, on a recherché le rapport de forces par les sanctions économiques, de la part de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), qui touchent les populations et par le retrait de l’Association des Etats du Sahel (AES), sans consulter les populations et qui aura aussi des conséquences pour elles.

Le Soudan et la Lybie

Ces deux pays illustrent à merveille l’avenir que les puissances étrangères, toutes confondues, réservent à nos pays. Citons quelques-unes : la Russie, les Etats unis, la Turquie, les monarchies du Golfe persique… Elles sont toutes à l’œuvre, soit au Soudan ou en Lybie, pour le pétrole et l’or et ont fait de ces pays des champs de ruine sur lesquels règnent des seigneurs de guerre qui les laissent exploiter les richesses du pays tranquillement. Alors qu’eux se consacrent le plus sérieusement du monde à tuer, assassiner, violer les populations de leur pays qui sont sur les routes à fuir, se déplacer dans leur pays et en dehors.

Les chefs d’Etat africains vont terminer leur réunion sans trouver une solution à ces conflits. Mais est-ce pour autant qu’il faut exiger la dissolution de l’Union africaine ?

Sana Guy
Lefaso.net

Photo : Xinhua/VNA/CVN

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