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Burkina / Rétrospective 2023 : Entre tensions et positionnement sur le plan diplomatique

Publié le mercredi 3 janvier 2024 à 22h20min

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Burkina / Rétrospective 2023 : Entre tensions et positionnement sur le plan diplomatique

Ouverture de l’ambassade de Russie au Burkina, création de l’Alliance des États du Sahel, retrait du Burkina du G5 Sahel… l’année 2023 a été marquée par des tensions diplomatiques notamment avec la France et la CEDEAO, mais aussi par un rapprochement avec la Russie et d’autres pays comme l’Iran. Retour sur quelques dates marquantes de la vie diplomatique du pays des hommes intègres au cours de l’année écoulée.

28 décembre : Réouverture de l’ambassade de Russie, 31 ans après sa fermeture à Ouagadougou. Les choses sont allées très vite depuis le rapprochement avec Moscou. Depuis son avènement, le MPSR 2 a multiplié les opérations de rapprochement avec le Kremlin. L’ambassade sera gérée pour l’instant par l’ambassadeur de Russie en Côte d’Ivoire, Alexeï Saltykov, en attendant la nomination d’un ambassadeur.

Poignée de mains entre le ministre Karamoko Jean-Marie Traoré et l’ambassadeur de Russie en Côte d’Ivoire et au Burkina Faso

17 décembre : Le président de la transition, le capitaine Ibrahim Traoré, procède à un léger remaniement ministériel. La ministre des Affaires étrangères, Olivia Rouamba, en poste depuis mars 2022 sous le MPSR 1 de Paul Henri Damiba, est éjectée du gouvernement. La lauréate de la 3e diction du prix Ubuntu dans la catégorie Femmes leaders et Entrepreneurs, cède sa place à Karamoko Jean-Marie Traoré, précédemment en charge de la Coopération régionale. Pourquoi ? Les interrogations taraudent les esprits. Au sein de l’opinion, son départ est perçu par certains comme une rupture de confiance avec le chef de l’Etat, et par d’autres, comme le signe d’un nouveau départ, pour occuper de plus grandes responsabilités au sein probablement de l’AES. Wait and see !

Passation de charges entre la ministre des affaires étrangères, Olivia Rouamba et et son remplaçant Karamoko Jean Marie Traoré

2 décembre : Le Burkina et le Niger annoncent dans un communiqué conjoint, qu’ils quittent, « en toute souveraineté » l’ensemble des instances et organes du G5 Sahel, y compris la Force conjointe. Le Mali s’était déjà retiré en mai 2022, en invoquant une organisation « instrumentalisée par l’extérieur ». Il ne reste plus que la Mauritanie et le Tchad au sein du G5 Sahel, créé, rappelons-le, en 2014.

Le Burkina Faso et le Niger ont annoncé leur retrait du G5 Sahel, un an après le départ du Mali

1er décembre : Réunis en conclave à Bamako, les ministres des Affaires étrangères des États membres de l’AES, recommandent la création d’une confédération des trois pays. Les ministres de l’Economie et des Finances ont également recommandé la création d’un fonds de stabilisation et d’une banque d’investissement de l’alliance.

23 novembre : Le président du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) du Niger, le général de brigade Abdourahamane Tiani est reçu par son homologue burkinabè pour une visite d’amitié et de travail. C’est une première depuis la chute du président Mohamed Bazoum.

8 novembre : Entrée en vigueur de la dénonciation de la convention fiscale de non double imposition avec la France, signée le 11 août 1965 et entrée en vigueur le 15 février 1967. Dans un communiqué signé du 7 novembre, le directeur général des impôts, Daouda Kiraoya a invité « les personnes physiques et les personnes morales publiques et privées contractantes avec des personnes résidantes en France, de bien vouloir procéder à compter du 8 novembre 2023, à une application stricte des dispositions du Code général des impôts notamment en matière de revenus perçus ou de sommes versées en contrepartie de prestations quelconques ». Notons que cette dénonciation a été faite le 7 août 2023 par les autorités de la transition, qui estiment que cette convention fiscale faisait perdre au Burkina 40 à 50 milliards de FCFA par an.

30 octobre : La ministre Olivia Rouamba est reçue en audience par Son Eminence le Cardinal Pietro Parolin, Secrétaire d’Etat du Saint-Siège. Elle plaide pour une visite du Souverain pontife, François 1er au Burkina. Si cette visite venait à avoir lieu, ce ne serait pas une première. Le Pape Jean-Paul II a déjà effectué une visite pastorale en Haute-Volta en mai 1980 et au Burkina Faso fin janvier 1990.

5 octobre : La première session de la commission mixte de coopération entre le Burkina Faso et la république islamique d’Iran accouche, après trois jours de travaux, de la signature de huit accords de partenariat. Ces accords concernent les domaines de la protection de l’environnement, des mines et de l’énergie, de l’urbanisme et de la construction, du travail et de la protection sociale, de l’enseignement supérieur, de l’industrie pharmaceutique, de la formation professionnelle, de l’enseignement et de la formation technique et professionnelle.

23 septembre : À la tribune des Nations-Unis, le ministre de la fonction publique, du travail et de la protection sociale, Bassolma Bazié, dénonce « l’hypocrisie diplomatique et les mensonges d’État » faisant courir l’ONU à sa perte. Il critique aussi la communauté internationale pour avoir imposé des sanctions au Burkina Faso à la suite du coup d’État du 30 septembre 2022.

Le Chef de l’Etat Ibrahim Traoré échange avec une délégation russe le 16 septembre à Ouagadougou

16 septembre : Création de l’Alliance des États du Sahel par le Burkina, le Mali, le Niger par la signature de la charte du Liptako-Gourma. C’est l’aboutissement du rapprochement de ces trois pays après les menaces d’intervention de la CEDEAO contre le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), tombeur de du président nigérien Mohamed Bazoum, en juillet 2023. Cette alliance a pour objectif d’établir une architecture de défense collective et d’assistance mutuelle au profit des populations des trois pays. Cette alliance, annoncée comme le cauchemar des terroristes, a déjà effectué plusieurs opérations conjointes dans le cadre de la lutte contre le terrorisme.

14 septembre : Le Burkina Faso suspend sa coopération militaire avec la France. À travers une note, le ministère des Affaires étrangères annonce que l’agrément de l’attaché de défense près I’ambassade de France au Burkina Faso, Emmmanuel Pasquier, lui a été retiré pour "activités subversives". Le Pays donne deux semaines au personnel du bureau militaire français pour quitter le territoire burkinabè. Par ailleurs, la mission militaire burkinabè à Paris est fermée à compter du 14 septembre 2023.

Le Burkina Faso a obtenu le retrait de la force française Sabre

20 août : Dans un élan de soutien à son voisin du Niger en proie à des sanctions de la CEDEAO, le Burkina Faso fait convoyer plus de 300 camions remplis de marchandises au profit du peuple nigérien.

7 août 2023 : La France suspend la délivrance des visas au Burkina jusqu’à nouvel ordre. Cette décision intervient après que le Burkina a été classé en zone rouge par le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères français. Cette mesure concerne concerne également le Mali et le Niger avec qui la France entretient des relations tendues depuis l’avènement des militaires au pouvoir. Dans la même foulée, Air France suspend ses vols en direction des trois pays.

6 Août : La France annonce avoir suspendu l’aide au développement et l’appui budgétaire au Burkina Faso. Cette aide au développement est estimée à 482 millions d’euros et l’appui budgétaire au titre de l’année 2022 s’élevait à 13 millions d’euros. Cette décision intervient après le soutien apporté par le Burkina Faso et le Mali au Niger après la prise de sanctions par la CEDEAO.

28 juillet : Lors du 2e Sommet « Russie-Afrique », le capitaine Ibrahim Traoré ne mâche pas ses mots. Il invite les chefs d’Etat africains à arrêter de se comporter en marionnettes. Le lendemain, lors d’une séance de travail avec le président russe Vladimir Poutine, le président la transition souhaite le renforcement des échanges commerciaux et le développement d’un partenariat sur le plan énergétique notamment la construction d’une centrale nucléaire. Vladimir Poutine annonce l’octroi d’une aide humanitaire de 10 millions de dollars à plusieurs pays africains à travers le Programme alimentaire mondial (PAM) dont 2,5 millions de dollars seront destinés au Burkina Faso.

19 au 21 juillet : Le Premier ministre, Apollinaire Kyélem de Tambèla, séjourne à Managua, au Nicaragua. Invités pour la célébration du 44e anniversaire du triomphe de la révolution sandiniste, le chef du gouvernement et sa délégation signent plusieurs accords dans les secteurs de l’économie et des finances, du commerce ; de l’industrie, de l’agriculture, de l’élevage, de la recherche scientifique et technologique, de la formation professionnelle, de la santé, du sport, de la culture et du tourisme et des médias.

22 juin : L’ancien chef d’état-major général des armées, le colonel-major David Kabré est nommé ambassadeur du Burkina Faso auprès du Ghana. Il remplace le général Pingrenoma Zagré qui était à ce poste depuis mai 2017.

7 mars : Entrée en vigueur de la suppression de visa pour les passeports ordinaires entre le Burkina Faso et le Royaume du Maroc. Cet accord d’exemption de visas a été signé le 23 octobre 2020 à Dakhla, au Maroc, entre les deux pays et était en application provisoire depuis le 22 décembre 2020.

28 février : Le pays dénonce un "accord d’assistance militaire" signé le 24 avril 1961 avec la France, quelques semaines après avoir obtenu le retrait de la force française Sabre en janvier. Dans un courrier du ministère des Affaires étrangères, un délai d’un mois a été donné pour "le départ définitif de tous les personnels militaires français en service dans les administrations militaires burkinabè".

18 février : Lors du sommet extraordinaire, à Addis-Abeba, la conférence des chefs d’Etat de la CEDEAO s’oppose à la demande de levée de sanctions introduite par le Burkina, la Guinée et le Mali, et prend une nouvelle mesure restrictive : l’interdiction de voyager aux membres du gouvernement et autres hauts fonctionnaires des trois pays.

26 janvier : Le Quai d’Orsay rappelle l’ambassadeur de France au Burkina, Luc Hallade, pour "consultations". Cette annonce intervient au lendemain de l’annonce du retrait des troupes françaises déployées au Burkina Faso. En décembre 2022, les autorités burkinabè avaient également demandé à Paris son remplacement. Jusqu’à ce jour, son remplaçant n’a toujours pas été trouvé. Selon un écrit du Monde, qui cite une source diplomatique, les autorités burkinabè auraient opposé une fin de non-recevoir à la proposition de nomination de Mohamed Bouabdallah [Sous-directeur des affaires politiques au ministère français des Affaires étrangères] pour remplacer Luc Hallade, en poste à Ouagadougou depuis 2019 et qui n’était plus en odeur de sainteté avec les nouvelles autorités de la transition.

Rassemblés par Fredo Bassolé
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