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Philippe Ouédraogo : "La CENI a failli, et il faut éviter les raccourcis"

Publié le mercredi 15 février 2006 à 08h28min

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Philippe Ouédraogo

La dernière décision du Conseil constitutionnel, récusant les compétences des démembrements de la CENI à conduire les futures élections municipales suscitent des commentaires divers. A ce propos, nous avons rencontré le dimanche 12 février 2006, le député Philippe Ouédraogo avec qui nous avons échangé sur la question.

Monsieur le député, le Conseil constitutionnel vient de donner raison au RPN d’Arouna Dicko, qui avait déposé une plainte pour récuser les compétences des démembrements de la CENI à conduire les prochaines élections municipales. Faut-il reporter les élections ou pas ?

Effectivement, la dernière décision du Conseil constitutionnel, récusant les démembrements de la CENI pour la conduite des élections municipales du 12 mars 2006 vient poser un problème sérieux, un problème de légalité si on doit continuer avec ces structures. C’est la responsabilité de la CENI qui est engagée dans cette affaire. On ne peut pas en vouloir au Conseil constitutionnel, ni au RPN d’Arouna Dicko.

Force doit rester à la loi. C’est pour vous dire que dans la situation où nous sommes aujourd’hui, il est plus opportun de reporter les élections afin de tout mettre en oeuvre pour respecter les dispositions et les lois que nous nous sommes assignées. Il y va de la crédibilité de notre processus démocratique.

Je dirai que la CENI a failli. On ne comprend pas pourquoi elle a voulu se jouer des autres acteurs politiques, fermant l’oeil sur l’illégalité de ses démembrements.

Il y a eu des problèmes réels qui avaient été posés au sortir de l’élection présidentielle, surtout la non-fiabilité du fichier électoral ; on aurait gagné, en résolvant le problème des démembrements de la CENI, à en profiter pour corriger également les insuffisances constatées lors de l’élection présidentielle.

Pourquoi ne pas refaire un nouveau recensement des gens qui n’avaient pas pu s’inscrire auparavant sur les listes électorales ?

Ce serait vraiment dommage pour notre processus démocratique, si nous voulons forcer pour continuer ces élections avec des structures illégales.

Que cache-t-on derrière cette précipitation ? Je suis par contre réservé face à certaines opinions qui proposent qu’on couple les municipales aux législatives 2007.

Est-ce qu’un report des élections ne va pas poser beaucoup de problèmes aux partis de l’opposition qui, déjà, manquaient visiblement de moyens ? Le problème des moyens ne va-t-il pas se corser davantage ?

- Je ne pense pas que ça pose plus de problème aux partis de l’opposition qu’au parti majoritaire ; chez nous, c’est le problème des moyens, de l’autre côté, c’est le problème de la gestion des militants.

Effectivement, nous nous sommes déjà engagés, nous sommes à une semaine de l’ouverture officielle. Je conviens avec vous qu’on était presqu’à la fin du processus du déroulement de ces élections. Le report créera des dommages graves sur le plan financier. Mais ce n’est pas pour autant qu’il faut accompagner ou encourager l’illégalité.

Une certaine opinion pense que le gouvernement peut avoir recours à l’Assemblée pour trouver un cadre juridique autorisant les démembrements de la CENI à conduire ces élections municipales.

Je ne suis pas un juriste très compétent, pour donner une opinion claire à ce sujet. Il ne faut pas que nous cherchions des raccourcis pour biaiser notre processus démocratique. Je pense que l’apprentissage de la démocratie va avec le respect des dispositions que nous nous sommes imposées. Nous gagnerons tous à nous conformer à la loi. A priori, l’Assemblée nationale peut amender la loi. Mais il fallait que ce soit un peu plus tôt. Convoquer une session extraordinaire à une semaine du lancement officiel de la campagne, c’est brusquer les choses.

La CENI aurait posé le problème dès le mois de novembre, qu’on ne serait pas dans un tel cul de sac aujourd’hui. Il est plus raisonnable de reporter ces élections, que de vouloir amender la loi électorale dans un délai aussi bref.

Propos recueillis par Emery Albert Ouédraogo

L’Observateur Paalga

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