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Burkina/santé : « Plus personne ne devrait mourir de rage », Pr Apolline K. Sondo, médecin infectiologue

Publié le mercredi 2 août 2023 à 12h00min

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Burkina/santé : « Plus personne ne devrait mourir de rage », Pr Apolline K. Sondo, médecin infectiologue

L’association de lutte contre la rage, Rabies Free Burkina Faso a organisé un atelier de renforcement des capacités des professionnels de la santé, de la santé animale et de la communication sur la rage. C’était le mercredi 26 juillet 2023 à Ouagadougou.

Lorsqu’elle est déclarée, la rage est une maladie dont l’issue est inéluctable : la mort. Si elle est 100% mortelle, la rage est aussi 100% évitable pour peu qu’on prenne des précautions. La rage, selon Pr Apolline K. Sondo, infectiologue au CHU Yalgado Ouédraogo, est une atteinte au cerveau due à un virus qui est transmis accidentellement à l’homme par morsure, griffures ou léchage d’une plaie ou d’une muqueuse. Le chien est le principal animal qui transmet la rage. Mais on note aussi que d’autres animaux sauvages ou domestiques sont susceptibles de la transmettre : le chat, le singe, le cheval, l’âne, le dromadaire, le chacal, la panthère, le rat, les chèvres, etc. Chaque année dans le monde, la rage cause près de 60 000 décès et touche principalement les enfants (40%).

Au Burkina Faso, au moins 5 000 morsures par animaux suspects de rage sont enregistrées chaque année et selon l’annuaire statistique 2021, une soixantaine de cas de rage a été notifié par les services de santé. Mais selon Pr Sondo, ce chiffre est en deçà de la réalité, parce qu’il y a une sous notification des cas. De nombreuses personnes décèdent à la maison, parce que la population ignore la maladie et par ricochet les mesures de prévention. Il convient donc de renforcer la lutte contre cette la rage pour que plus personne ne meurt de cette maladie. Et c’est ce à quoi s’attelle Rabies Free Burkina Faso en collaboration avec les autorités en charge de la santé humaine et animale.

Les participants à la formation ont suivi d’une oreille attentive les mesures préventives contre la rage

Conscient que les journalistes peuvent jouer un rôle important dans la lutte contre cette maladie, l’association a initié cette formation à leur endroit, à laquelle ont aussi été conviés les professionnels de la santé humaine et animale. Au cours de la formation, les participants ont pris connaissance de la situation épidémiologique de la rage animale et humaine dans le monde et au Burkina Faso. Cette formation a aussi été l’occasion de décrire et discuter des moyens de prévention de la rage animale et humaine, ainsi que des stratégies de communication et de sensibilisation.

« L’idée de cette activité c’est de permettre à ce que les acteurs des médias puissent avoir un cadre d’interaction avec les professionnels de la santé animale et de la santé humaine pour discuter ensemble des moyens de prévention contre la rage et envisager comment les messages-clés peuvent être diffusés auprès des populations. La conduite à tenir en cas de morsure est extrêmement importante, malheureusement, nous sommes dans un contexte où les populations ne connaissent pas toujours ce qu’il faut faire quand quelqu’un est mordu. C’est une maladie qu’on peut éviter lorsque les mesures sont prises très tôt en cas de morsure. Malheureusement, quand cela n’est pas fait et que la maladie se déclenche, il n’y a pas de traitement. C’est pourquoi nous avons initié cette activité pour discuter ensemble dans l’esprit de la collaboration One Health qui nécessite que tous les acteurs de quel que bord que ce soit puissent contribuer à la lutte contre cette maladie. », a laissé entendre Dr Madi Savadogo, vétérinaire et coordonnateur général de l’association Rabies Free Burkina Faso.

Pr Apolline K. Sondo, infectiologue souligne que la rage est évitable à 100% pour peu que l’on respecte les mesures de prévention

Conduite à tenir en cas de morsure

Dr Lalé Nébié, vétérinaire l’un des formateurs, a indiqué qu’en cas de morsure de chien, il faut conduire l’animal mordeur chez le vétérinaire qui fera une mise en observation pendant 15 jours avec trois visites. Cela permettra de voir si le chien n’était pas contagieux au moment de la morsure et donc de parvenir à des conclusions d’importance capitale pour orienter la décision que prendra le médecin de commencer ou non le traitement post-exposition.

Dr Madi Savadogo, vétérinaire et coordonnateur général de l’association Rabies Free Burkina Faso.

Mais avant de conduire l’animal chez le vétérinaire, la victime de morsure doit laver abondamment la plaie avec de l’eau et du savon pour réduire le risque, conseille Pr Sondo. « Lorsqu’on est agressé à domicile, il faut assurer les soins d’urgence. On lave abondamment la plaie avec de l’eau et du savon. Uniquement ça, permet de réduire de façon drastique le risque rabique. Et ensuite, on va dans un centre de santé pour la prise en charge. C’est une maladie qui est évitable à 100% par la vaccination. Les vaccins doivent être administrés dans les plus brefs délais, sinon le virus aura le temps d’arriver au cerveau et lorsqu’il arrive au cerveau, il n’y a plus de traitement. Mais avant que ça n’arrive, lorsque les mesures de prévention sont effectuées, elle est évitable à 100%, donc normalement plus personne ne devrait mourir de rage parce qu’il y a des vaccins efficaces et disponibles », a laissé entendre Pr Sondo.

Eliminer la rage au Burkina Faso, c’est possible

De l’avis des deux formateurs, Pr Sondo et Dr Lalé Nébié, il est tout à fait possible d’éliminer la rage au Burkina Faso. Cela passe par la vaccination des animaux domestiques. Il est à noter que la loi fait obligation à tout propriétaire de faire vacciner son animal à partir de l’âge de trois mois contre la rage. Pour donc éliminer la rage au Burkina, les formateurs suggèrent d’organiser des campagnes de vaccination de masse, de connaître l’effectif des chiens, d’identifier les chiens vaccinés, d’immuniser 70% des effectifs, de sensibiliser les populations et de faire participer les communautés (ONG, associations, municipalités) à la lutte contre la rage et de choisir un vaccin avec une efficacité prouvée ayant fait ses preuves dans les campagnes de vaccination de masse.

Lire aussi : Santé : « Une fois déclarée, la rage conduit inévitablement à la mort », Dr Eric Arnaud Diendéré, médecin infectiologue

Justine Bonkoungou
Lefaso.net

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