Le premier de quart de finale joué à Alexandrie le vendredi 3 février 2006 a vu la victoire du Sénégal sur la Guinée (3-2). Un match qui aurait pu pourtant tourner à l’avantage du Syli National si Fodé Mansaré et ses coéquipiers avaient osé davantage. Après avoir ouvert la marque à la 24e minute par Diawara Kaba, les Guinéens se sont endormis sur leurs lauriers alors qu’ils avaient la possibilité de prendre un bon avantage avant la pause surtout que les Sénégalais doutaient.

C’est en seconde période que les Lions de la Teranga vont sortir de leur torpeur. Le Syli ayant perdu de sa vivacité, ils ont attaqué à outrance pour obtenir l’égalisation par Bouba Diop. Remis en confiance, les Lions, qui semblaient avoir mangé un peu de viande dans les vestiaires avant la reprise, multiplièrent les offensives. Et ils seront récompensés de leurs efforts grâce à deux autres buts, signés d’abord par Mamadou Niang et ensuite Henri Camara.

A 3-1, la cause était entendue pour la Guinée, qui réussira tout de même à inscrire un deuxième but dans le temps additionnel, par Pascal Feindouno. Comme en 2004, en Tunisie, la Guinée a été éliminée en quart de finale. Et pourtant, pour cette 25e édition, elle pouvait faire mieux. C’est dommage pour cette équipe qui rentre à la maison avec des regrets. Le Sénégal, lui, continue sa route tranquillement sans pourtant avoir convaincu lors du premier tour. L’autre quart de finale de la soirée, c’était au stade international du Caire, qui était plein comme un œuf.

L’Egypte, le pays organisateur, qui affrontait la RD Congo, l’a emporté par 4 buts à 1. Une victoire qui a coûté cher puisque les pharaons se sont montrés irrésistibles dans cette rencontre. On n’oubliera pas le but d’Hossam Hassam qui a fait preuve d’opportunisme sur l’action. L’Egypte en demi-finale, ce n’est pas du tout surprenant et peut-être que c’est son cinquième sacre qui se dessine.

La nuit a été belle à Abidjan

A Port-Saïd, le combat des Aigles s’est terminé aux tirs au but et c’est le Nigeria qui a arraché sa qualification face à la Tunisie (6-5), la tenante du titre. Après le temps réglementaire suivi des prolongations, les deux formations n’ont pu se départager (1-1). Ce sont les Super Eagles qui ont ouvert le score dès la 6e minute grâce au jeune Obinda Nsofor (18 ans). Menés 1-0 à la mi-temps, les Aigles de Carthage ont rétabli l’équilibre dès le début de la seconde période grâce à Haggui. La rencontre sera par la suite équilibrée avec cependant une légère domination des Nigérians, qui étaient plus mordants dans le jeu. Il a donc fallu attendre les tirs au but pour connaître le vainqueur.

Il y a deux ans, à Radès, les Tunisiens avaient écarté les ex-champions d’Afrique en quarts de finale (1-1, 5 tirs à 3). Une revanche pour les poulains du sélectionneur Augustin Eguavoen. _Au stade militaire du Caire, on attendait un match plein entre le Cameroun et la Côte d’Ivoire, qui étaient, rappelons le, dans le même groupe lors des éliminatoires combinées de la coupe du monde et de la CAN 2006. Mais les téléspectateurs sont restés sur leur faim même si, de part et d’autre, on sentait la rage de vaincre.

L’enjeu a tué le match et on était loin de la prestation que les deux équipes avaient produite au stade Félix-Houphouët-Boingy. Au terme des 90 minutes de leur troisième confrontation, les deux stars que sont Eto’o et Drogba n’ont pas trouvé le chemin des filets. Mais il faut noter que le Camerounais a été plus en vue que l’Ivoirien, qui était souvent esseulé. C’est au cours des 30 minutes supplémentaires que la partie va prendre du relief. Le petit Bakary Koné, d’une frappe à ras de terre, donnera confiance aux Eléphants (92e).

Alors qu’on croyait que c’était fini pour les Lions, ils puiseront dans leurs dernières ressources pour égaliser, grâce à Meyong, quatre minutes plus tard. Il n’y avait plus que les tirs au but pour départager les deux protagonistes. Là aussi, le suspense fut total. Quand Eto’o est revenu pour son deuxième tir (tout était à refaire), ses sympathisants pensaient qu’il tromperait de nouveau Jean Jacques Tizié.

Mais l’attaquant de Barcelone tire au-dessus de la barre transversale. Il s’arrache les cheveux pendant qu’on exulte du côté ivoirien. On était à 11-11. Didier Drogba, l’attaquant de Chelsea, quitte ses camarades pour aller tirer. Arrivé au point de penalty, il prend le ballon et le pose tranquillement. Il recule et prend son élan. Le gardien de but, Hamidou Souleymanou, le fixe comme pour connaître ses intentions. Drogba s’élance et envoie la boule de cuir au fond des filets. Les Eléphants viennent ainsi de traverser en force la forêt.

Coup de tonnerre sur les Lions, qui disparaissent du tournoi après avoir donné l’impression d’aller jusqu’au bout. Si, à Yaoundé, c’était la tristesse, à Abidjan, par contre, la nuit fut belle. La bière a coulé à flots et on a oublié un moment que le pays est déchiré.

Justin Daboné
Observateur Paalga