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Rétrospective du numérique en 2022 : Entre sevrage d’internet et crise persistante à Moov Africa Burkina

Publié le mercredi 4 janvier 2023 à 22h25min

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Rétrospective du numérique en 2022 : Entre sevrage d’internet et crise persistante à Moov Africa Burkina

Au Burkina Faso, l’année 2022 a été marquée, dans le domaine du numérique, par la coupure d’internet au mois de janvier et la crise au sein de Moov Africa Burkina (ex-ONATEL) qui n’a pas encore connu de dénouement heureux.

Lundi 10 janvier 2022, en début d’après-midi, les autorités procèdent à la coupure de l’internet mobile. C’est la deuxième du genre en l’espace de deux mois. Nous sommes au lendemain de la prise des sanctions de la CEDEAO contre le Mali et à quelques heures avant l’interpellation de huit militaires burkinabè soupçonnés de tentative de déstabilisation des institutions de la République.

Même si l’internet a été rétabli dès le lendemain, Facebook était toujours bloqué sur le territoire national. Interrogé sur la question le 11 janvier 2022, le ministre en charge de la sécurité d’alors, Maxime Koné, avait réagi en ces termes : « Nous n’avons pas de commentaire à faire ».

Un smartphone sans connexion internet (crédit-photo - Deutsche Welle)

Sécurité oblige

C’est un cauchemar que les internautes revivaient après l’épisode de novembre 2021 où après un long silence, les autorités avaient fini par évoquer des « raisons de sécurité ». Le gouvernement de Roch Kaboré avait brandi le chapitre IX de la loi 061-2008 portant réglementation générale des réseaux et services de communications électroniques au Burkina, intitulé « Qualité et sécurité des réseaux et des services et respect des obligations de défense nationale et de sécurité publique ».

L’on se rappelle que cette suspension de l’internet mobile en novembre 2021 est intervenue après l’attaque d’Inata qui avait fait officiellement 57 morts dont 53 gendarmes et quatre civils. Cette suspension a été jugée arbitraire par les organisations de la société civile, des partis politiques et la ligue des acteurs du e-commerce.

Le 23 janvier, alors que les Burkinabè pensaient ne plus vivre l’expérience amère de la coupure d’internet, les autorités décident de couper à nouveau « le jus » pour la troisième fois. À ce moment-là, les rumeurs de détention du président Roch Kaboré étaient sur toutes les lèvres, car des coups de feu avaient été entendus dans la nuit dans des casernes à Ouagadougou. La suite, on la connaît. Le lieutenant-colonel Paul Sandaogo Damiba prend le pouvoir. Fini le sevrage de l’internet.

Dans l’enceinte de Moov Africa Burkina lors d’un arrêt de travail

Les griefs

Outre l’épisode de la connexion internet, l’actualité du numérique, surtout des télécommunications a été marquée par la crise au sein de Moov Africa Burkina (ex-Onatel). Les travailleurs dénoncent depuis quelques mois le non-respect des engagements pris par Maroc Télécom avec l’État burkinabè, au moment de la privatisation de l’entreprise.

Parmi les manquements soulevés par les travailleurs, il y a entre autres le mauvais management de l’entreprise, la discrimination envers les fournisseurs nationaux de la société, les transferts de capitaux en faveur de Maroc Télécom. Les travailleurs dénoncent également le non-respect du recrutement d’au moins 200 personnes durant les cinq premières années de privatisation. Pour les agents de l’ex ONATEL SA, l’effectif pléthorique avancé par la direction ne tient pas la route alors que l’entreprise aurait besoin de sang neuf.

La crise qui a éclaté le 17 novembre 2022, a pris une nouvelle tournure avec des échauffourées, le 30 décembre 2022. En effet, les forces de l’ordre ont fait usage de gaz lacrymogène pour disperser les travailleurs, empêchant ainsi certains d’avoir accès à leurs bureaux.

Les travailleurs de Moov Africa Burkina lors de leur conférence de presse, le vendredi 9 décembre 2022

Sauvegarder la souveraineté numérique

Jusque-là, les autorités de la transition n’ont fait aucune sortie officielle pour se prononcer sur la situation au sein de la société qui, selon l’observatoire de l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (ARCEP), a perdu sa place de leader, au troisième trimestre de l’année 2022.

Selon les travailleurs, leur combat vise d’une part « à empêcher Maroc Télécom de sucer la société et de ne laisser qu’un squelette et d’autre part à restaurer la dignité des travailleurs burkinabè, des sous-traitants et fournisseurs burkinabè ».

2023 s’annonce agité et cette crise sociale n’a fait que trop durer. Espérons que le pays ne sombrera pas dans une pénurie d’internet ou de la qualité des communications, à l’image du carburant en fin 2022. Il y va de notre souveraineté numérique.

HFB
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Vos commentaires

  • Le 5 janvier 2023 à 13:00, par HUG En réponse à : Rétrospective du numérique en 2022 : Entre sevrage d’internet et crise persistante à Moov Africa Burkina

    Cela a ete planifié par le pouvoir mouta mouta et moribond du mpp et acolytes pour conserver leur pouvoir et profiter des privileges mais helas.

  • Le 6 janvier 2023 à 12:45, par toumba En réponse à : Rétrospective du numérique en 2022 : Entre sevrage d’internet et crise persistante à Moov Africa Burkina

    Bon courage, mais à mon avis ce n’est pas un bras de fer des employés qui peut résoudre ces situations communes à toutes les entreprises multinationales installés au Burkina et ailleurs.

    Si vous vous renseignez, c’est très probablement pareille dans toutes les filiales du groupe Maroc télécoms et aussi dans plusieurs filiales de groupes au Faso.

    Ces problèmes relèvent de la stratégie nationale. Tant que ces opérations sont jugées conformes aux conventions, contrats conclus avec Maroc télécoms par les autorités locales et tant que ces opérations sont conformes à la règlementation fiscale sociale du Faso, vous (salariés) n y pourrez rien. ça devient des actes de gestion auxquels vous ne pouvez imposer vos avis au même titre que l’actionnaire majoritaire. Actions et pouvoir que votre pays à dû céder pour diverses raisons et je crois en connaissance de cause.

    Conclusion : revenez dans le syndicale et laissez le politique aux politiciens que vous avez choisis.

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