Ceux-ci, selon ce qui nous est parvenu, ne comprendraient pas l’augmentation de leurs frais de scolarité, qui sont désormais de 390 000 F CFA contre 360 000 F CFA depuis la création de cet établissement en 1992. Qu’est-ce qui justifie cette augmentation ? Le directeur général, Isidore G. Kini, que nous avons rencontré le mardi 8 novembre 2005 dit comprendre les plaintes des uns et des autres, et s’explique.

Les cours se déroulaient bien comme d’ordinaire, quand nous avons foulé le sol de cet établissement. Les étudiants qui étaient dehors,attendant leurs enseignants, devisaient tranquillement pour certains, tandis que d’autres se régalaient de morceaux de pain aux brochettes dans un kiosque non loin de là.

Enfin, tout respirait la sérénité. "Vous faites bien de venir nous rencontrer pour entendre notre version et couper court à certaines rumeurs", s’est félicitée la direction générale, qui, pour l’historique, nous a indiqué que depuis 1992, l’ISIG n’a procédé à aucune augmentation des frais de scolarité, même si la dévaluation du franc CFA, intervenue en 1993, aurait pu justifier aisément toute hausse.

"Si nous ne l’avons pas fait en son temps, pourquoi le ferions-nous douze années après ?", se demande le directeur général. En ce qui concerne les 30 000 F CFA qui viennent de s’ajouter, il s’agit plutôt de frais annexes comme on les nomme. Ils couvrent l’assurance des étudiants, les frais de soutenance en fin de cycle, c’est-à-dire la prise en charge des membres des jurys ; une somme qui du reste, ne suffirait pas à faire face à toutes les charges y relatives, de l’avis de la Direction.

Avec un effectif de mille étudiants, la direction générale de l’ISIG dit se soucier, malgré tout, de la bonne formation de ceux-ci, et n’écarte pas une autre augmentation l’année prochaine. "Nous ne recevons aucune subvention de l’Etat. Nous voulons la qualité et je comprends les soucis des parents et des étudiants au regard de leurs revenus limités", a laissé entendre le DG Isidore G. Kini.

Cette année, des tenues sont prévues à 20 000 F CFA pour les garçons qui s’habilleront au moins une fois par semaine, ou lors de grandes cérémonies en costume frappé du label de "leur école dont ils doivent en être fiers". Les filles, quant à elles, devront débourser 18 000 F CFA pour leur tenue ; des prix étudiés en partenariat avec des écoles de couture de la place, souligne-t-on. Les étudiants du second cycle paient désormais 625 000 F CFA contre 560 000 F CFA les années précédentes. Les étudiants en secrétariat tout comme les commerciaux seraient déjà prêts à porter la tenue exigée.

Etant le seul établissement national, et le deuxième en Afrique de l’Ouest à obtenir une reconnaissance du CAMES, en 2004, les étudiants des cinq filières de l’ISIG, relève la Direction, subissent une formation de qualité ; et l’augmentation intervenue vise à renforcer les prestations et les activités académiques dont ils bénéficient.

Déficit d’informations selon des étudiants

Mlle Kambou, FC2 : Nous sommes assez mécontents de l’augmentation des frais annexes. A la fin de l’année dernière, on ne nous a pas laissé entrevoir une possible augmentation. C’est à la rentrée, lorsque nous nous informions sur l’inscription, que la nouvelle de 30 000 F CFA d’augmentation a été donnée. Nous sommes tous des anciens de l’ISIG. Nous avons commencé l’année dernière, il n’est pas intéressant d’aller ailleurs, trouver une place et être sur la même longueur d’onde que les autres étudiants. Aussi, il y a la tenue qui est en train d’être instaurée et qui nous reste en travers de la gorge. La direction, dans cette augmentation, aurait pu nous informer, car la vie est chère, les parents se plaignent. Malgré l’entrée dans le CAMES, même si cela peut constituer une raison, en comparaison avec les autres établissements de la place, l’ISIG est cher.

Mlle Evelyne, FC2 : C’est à la réinscription que nous avons appris l’augmentation des frais de scolarité. En plus de cela, il y a la tenue qui coûte assez cher, c’est-à-dire 18 000 F. Je sais que l’administration a ses raisons, mais il faut tenir les étudiants au courant ou les informer à temps. Je ne sais pas à quoi répond cette augmentation, car les parents souffrent déjà avec 360 000. Maintenant à 390 000 F, on risque bien de ne plus aller à l’école pour la tenue, car nous sommes dans un établissement laïc et chacun peut porter ce qu’il veut dans le respect de la vertu. On n’a pas à imposer la tenue, on n’a pas besoin de label et se différencier forcément des autres.

Mlle Assita, GC2 : Je trouve que pour une tenue à 18 000 F, c’est cher, surtout qu’on ne va pas la porter régulièrement. Pour la scolarité, on ne comprend rien. Avant on payait 17 500 F pour les copies. L’administration a supprimé cela, maintenant on paie 30 000 et on n’a plus droit à rien. Alors qu’on y a droit. On n’a pas besoin de marque ISIG, car la qualité se défend d’elle-même.

C’est surtout le coût qui est trop élevé, et le revoir à la baisse pourrait nous aider. On peut, si on tient à instaurer la tenue, nous vendre le tissu et les étudiants se débrouilleront pour la couture. Mais il faut une réduction des prix, car si les parents doivent payer presque 400 000 F et un rajout des prix annexes, où irons-nous ? Je sais que c’est une école privée. L’Etat n’a pas trop son mot à dire, cependant il faudra rendre les choses à la limite du raisonnable.

Jean, Informatique industrielle : A la réinscription, sur la brochure remise par l’administration, on a vu l’augmentation sans véritable explication. On nous a parlé de problème de terminologie. Maintenant qu’on nous dit que c’est des frais d’inscription, on comprend difficilement. Nous sommes en 2e année, d’autres ont débuté par l’année préparatoire (AP), et après 3 ans on nous dit que ce sont les frais d’inscription. Il faudra que l’administration revoie sa copie.

L’année dernière, on a payé par exemple 17 500 F pour les photocopies, cette année on n’a plus les 17 500 à payer, mais plutôt les 30 000 sans les photocopies qui restent à nos frais. Pour la tenue, je pense que l’école cherche un positionnement sur le marché. Il faudra aussi qu’on revoie le contrat de scolarité, car il peut être résilié et cela place les étudiants dans une position souvent délicate, notamment le bureau des étudiants, pour des discussions franches.

Par Philippe BAMA
Le Pays