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Ressources marines : La part du Burkina, même au forceps

Publié le jeudi 3 novembre 2005 à 09h38min

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Dans son combat pour l’égalité et la paix entre les races, Martin Luther KING, vivant virtuellement une aspiration à laquelle il croyait de toutes ses forces, a immortalisé les vertus de l’engagement par la puissance anticipatrice du rêve perçu comme une aptitude au devenir... I have a dream today...

La virtualité, en effet, annonce en même temps qu’elle justifie la réalité. Toutes les innovations ont d’abord existé en esprit, virtualité c’est-à-dire en rêve. Le rêve est donc le socle de l’inventivité et partant du devenir de l’humanité.

Pays sahélien enclavé, le Burkina peut-il néanmoins s’enrichir grâce aux ressources de la mer ?
Question-défi qui justement peut faire rêver.

Les océans occupent plus de 70% de la surface de la terre. L’occupation des quelque 30% des terres émergées sur lesquelles vivent les hommes a obéi tantôt à des raisons de suivie (migration de terres incultes vers des zones plus favorables) tantôt à des nécessités d’expansion (pour répondre à des besoins d’espace dus à l’accroissement de la population) ou simplement à des visées économiques soutenues le plus souvent par la Force militaire. De ce fait, les espaces occupés par des entités nationales et matérialisées par des limites appelées frontières ne traduisent aucun agencement résultant de la nature elle-même ou de toute autre intelligence qui lui soit supérieure.

Pour cela, leurs superficies ou leurs répartitions ne sont fondées ni en raison ni en vérité. Cependant, alors que les océans occupent plus des deux tiers de la terre, il existe des pays dits continentaux et d’autres dits à façade maritime. Les pays à façade maritime disposent donc grâce à on ne sait quelle manne transcendante d’un littoral représentant plusieurs milliers de km2 d’eaux dites territoriales dans lesquelles ils puisent à satiété poissons, crustacés et autres.

A côté de ces veinards végètent d’autres pays dits continentaux pour la simple et unique raison que justement ils n’ont aucun accès à la mer et ne peuvent de ce fait, se fondant sur leurs propres investissements, bénéficier eux aussi des richesses de cette mer. Leurs rapports avec les océans (donnés en partage à toute l’humanité) consistent à regarder à la tête des documentaires sur les dauphins ou des reportages sur la vie des phoques.

Et pourquoi pas des marines burkinabè à pied d’œuvre en haute mer ?

Cette situation est d’autant plus inadmissible que l’impossibilité d’accès direct aux ressources marines pénalise les pays continentaux en ôtant d’office à leurs efforts de développement plusieurs milliards de francs par an (montant probable de ce qu’ils auraient tiré annuellement de l’océan). La mondialisation actuellement en marche est une occasion non seulement de poser le problème mais surtout de le traduire en termes concrets sur le terrain. En effet, on peut tenir le raisonnement suivant.

Les océans constituent le manteau principal de la terre. Aucun pays, a priori, n’a droit plus qu’un autre à une portion d’océan et aux ressources qui s’y trouvent. Les pays disposant de littoral jouissent, de ce fait, d’un privilège qui devrait être l’apanage de toute entité politique territorialement circonscrite.

Il est dès lors possible de tendre vers un semblant de justice en octroyant aux pays continentaux une portion d’océan correspondant à leur superficie active. Cette portion d’océan sera une propriété exclusive du pays auquel elle aura été attribuée, lequel pays pourra exploiter les ressources qu’elle contient.

Le Burkina par exemple devra disposer selon cette vision, 274 200km2 dans l’océan Atlantique. Ce « territoire » acquis, il pourra alors se doter d’un bateau de pêche dont il négociera le port d’attache dans l’un des pays à littoral où cela lui est le plus favorable en profitant des dispositions spécifiques d’organes telles l’UE, la CEDEAO, l’UEMOA, etc.

Ce bateau sera chargé de ravitailler le Burkina en produit de la mer prélevée sur sa portion d’océan ou alors dans les eaux internationales. Treize camions frigorifiques de grande capacité correspondant aux treize régions seront dépêchés à sa rencontre à chaque fois qu’il quittera la zone de pêche pour son port d’attache. Les camions livreront ensuite leur cargaison dans les différentes régions à des structures expressément créées pour commercialiser ces produits dans un strict esprit de rentabilité (afin que l’activité s’auto finance) et non de spéculation.

De cette manière, il y a fort à parier qu’un poisson de mer coûtant actuellement 300Frs pourra être obtenu à moins de 100Frs. Les mêmes résultats peuvent être atteints en transformant un Burkinabè ayant la nationalité d’un des pays à littoral en armateur dont les bateaux ne pêcheront que pour un seul et unique client : Le Burkina Faso l’heure n’est donc pas à se croiser les bras.

Le Burkina Faso doit prendre la tête d’un mouvement international de revendication rassemblant en son sein les pays continentaux du monde entier et soumettre aux Nations unies des projets de résolution sur légal droit de tous les peuples de la terre aux ressources de la mer et la nécessité d’une redéfinition de l’internationalité des eaux en fonction de cette donne. Une multitude de scénario existent grâce auxquels le Burkina peut toujours aller de l’avant avec l’audace qu’on lui connaît.
Même sans littoral peut-on rêver thon, saule ou dorade ? Pourquoi pas ?

Par Pangassi Bangassi
L’Opinion

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