LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Centre d’élevage piscicole de Bagré : 2021 ou l’année de la relance

Publié le vendredi 28 mai 2021 à 15h10min

PARTAGER :                          
Centre d’élevage piscicole de Bagré : 2021 ou l’année de la relance

Le centre d’élevage piscicole est une référence au pôle de croissance de Bagré. Autrefois placée sous la tutelle du ministère en charge de l’Agriculture, il est depuis 2013 sous la coupe de Bagrépôle. Avec une unité de transformation d’aliment en panne et des infrastructures amortis, le centre veut redorer son blason. La relance en cours devrait produire ses premiers fruits d’ici fin 2021. Focus.

Au centre d’élevage piscicole, on élève des tilapias, abusivement appelés carpes, et des poissons chats ou silures. Il attire plusieurs curieux de passage à Bagré. Situé non loin de l’Institut de formation en développement rural (IFODER) sa descendante, ce centre est bâti sur une superficie de seize hectares. Il a trois composantes : une composante production d’aliments pour poissons, volaille et bétail ; une composante production d’alevins, et une composante production et traitement de poissons marchands.

Jeu de ping pong

Construit avec l’appui de Taiwan, le centre est une victime parmi tant d’autres, des fusions ou scissions des départements ministériels au Burkina Faso. Depuis 2010, il était sous la tutelle du ministère en charge de l’Agriculture. En 2011, il est allé aux mains du ministère de l’Environnement. Placé sous la tutelle du ministère des Ressources animales, en 2012, sa gestion a été confiée à Bagrépôle en 2013. Ce jeu de ping pong a créé une non maîtrise de la maintenance des infrastructures du centre et des difficultés au niveau de l’organisation et de la gestion.

La formule d’acquisition du matériel en question

« Pendant ces nombreux transferts, un processus avait été engagé pour rétrocéder la gestion du centre à un promoteur privé. Les études avaient été finalisées, mais le processus a été interrompu par l’insurrection populaire d’octobre 2014 », se rappelle Dimanche Ouédraogo, le responsable du centre.

A l’en croire, en 2018, il a été décidé d’élaborer un projet de relance du centre. Cette relance consiste à réhabiliter les infrastructures et les équipements et à reprendre les activités. Une étude a été réalisée à cet effet et les appels d’offres devraient être lancés bientôt pour les différentes acquisitions, afin de redonner au centre un nouveau visage, d’ici 2021.

Mais vu la spécificité de l’activité, la formule d’acquisition des intrants et des équipements mérite d’être repensée, selon le directeur, au regard des lourdeurs administratives dans la passation des marchés. Pour lui, l’assouplissement des conditions pourraient permettre d’assurer un fonctionnement continu du centre.

Une ambition de 100 tonnes en 2022

En 2019, le centre a accueilli une souche améliorée de tilapia. Dans l’un des étangs de grossissement de tilapia d’une superficie d’environ 3500 m2, on y trouve 16 000 alevins juvéniles de près de 250g. Au regard de la taille des étangs, il est difficile de nourrir les poissons à la main. Le centre utilise, pour chaque étang, deux alimenteuses qui fonctionnent grâce à un système motorisé.

« En termes de production, nous espérons atteindre 100 tonnes en 2022. Ce n’est pas sorcier. Il suffit d’avoir deux productions par an. C’est la production des alevins mâles qui est le plus difficile mais d’ici fin mars (le reportage a été réalisé le 6 mars 2021) nous allons engager leur production. Ce qui signifie que les difficultés liées à la production en masse de poissons marchands est en train d’être maîtrisés. Si on arrive à le faire, nous pourrons occuper tous les onze étangs de grossissement », a laissé entendre Dimanche Ouédraogo.

Vers la réhabilitation de l’usine de transformation d’aliments

Pour la transformation des aliments, le centre dispose d’une usine d’une capacité de 4000 tonnes par an alors que les besoins, à en croire le directeur, ne dépassent guère les 400 tonnes l’an. Cette usine est malheureusement en panne faute de maintenance. Le centre ne peut produire que les aliments « farine » pour les larves jusqu’à la taille de 2mm. Il ne peut donc pas couvrir les besoins des différents stades de développement des poissons. Des poissons qui, faut-il le rappeler, sont nourris trois fois par jour, six et quatre fois respectivement pour les larves et les alevins de moins de cinq grammes.

La relance prévoit donc la réhabilitation de l’usine d’ici fin 2021 pour reprendre la production de façon régulière et l’acquisition d’une unité moyenne capable de produire des aliments flottants, dans environ quatre mois. Cette nouvelle devrait ravir les producteurs aquacoles de la localité et même de la ferme porcine qui a maintes reprises a eu recours à l’unité transformations.

Les exigences de l’activité

L’activité est chronophage mais rentable pour tous ceux qui désirent se lancer. Mais M. Ouédraogo regrette les erreurs de débutant de certains qui négligent les volets préparation, formation et qualité des infrastructures.

« La première exigence de cette activité est de savoir et comprendre ce qu’on veut, afin de se projeter. Dès qu’on veut entreprendre, il faut d’abord concevoir. Et se poser des questions. Où vais-je trouver les moyens ? Avec qui vais-je vendre ? Quelles quantités vais-je produire ? », interroge le directeur du centre.

Le deuxième volet demeure la formation. « Il y en a qui se contentent de lire sur le net et qui pensent commencer à entreprendre. Ce n’est pas aussi simple », prévient M. Ouédraogo.

Et comme troisième exigence, il rappelle qu’il s’agit de la qualité des infrastructures. « La plupart du temps, les gens se lancent, construisent leurs infrastructures et appellent enfin le technicien de venir constater. Et très souvent les infrastructures ne sont pas adaptées ».

Bientôt des formations à la carte

Le centre forme et accompagne à la formation. Il a déjà formé trois promotions d’aquaculteurs. Il reçoit également des stagiaires de instituts et universités, de l’école nationale des eaux et forêts, de l’école nationale d’élevage et de santé animale. « Bientôt nous allons offrir des formations à la carte pour tous ceux qui veulent se lancer dans cette activité », a laissé entendre le directeur. Avant d’inviter les Burkinabè à faire un tour au centre, convaincu que la pisciculture a de beaux jours au Burkina Faso.

HFB
Lefaso.net

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique