L’accès à l’énergie moderne reste une préoccupation principale dans plusieurs localités du Burkina Faso. Les données du tableau de bord 2018 du ministère en charge de l’Energie montrent que le taux d’électrification national rural était de 3,16%. Ce qui montre que l’électricité n’est utilisée que par une minorité de la population rurale. Or les apports d’énergie sont indispensables à la survie, au développement humain et ont un rôle important dans l’ensemble des activités de développement.

Ainsi, avant les travaux d’électrification du centre de santé et de promotion sociale (CSPS) de Bissandérou par le projet ECED-Mouhoun, les agents de santé y travaillaient dans des conditions pénibles, surtout la nuit, pour offrir les soins aux patients. Les accouchements et les consultations médicales nocturnes se faisaient avec les torches ou à l’aide des téléphones portables, et même l’accès au dispensaire et à la maternité dans l’obscurité ne se faisait pas sans danger. « Les femmes risquaient ainsi leur vie en voulant donner la vie », a déploré Albertine Zangré, infirmière cheffe de poste de la formation sanitaire de Bissandérou.

Les autorités présentes à la cérémonie de mise en service du système solaire

C’est face à cette « situation déplorable » que Affaires mondiales Canada (AMC), principal bailleur de fonds du projet ECED-Mouhoun, a entrepris l’électrification de 30 CSPS de la région de la Boucle du Mouhoun par systèmes solaires photovoltaïques, afin de contribuer à l’amélioration de la santé.

L’objectif du projet est de permettre ainsi aux populations, particulièrement aux femmes, d’être en bonne santé et de participer à la croissance économique. « L’équipement de ces CSPS par systèmes solaires photovoltaïques contribuera à l’offre de meilleures conditions de soins et impactera la santé des communautés », a dit l’ambassadrice du Canada au Burkina Faso, Carol Vivian Mc Queen. Selon elle, avoir accès à l’énergie est absolument nécessaire à la croissance économique durable et inclusive et « le Canada est très honoré de pouvoir participer à ce projet en collaboration avec le gouvernement du Burkina Faso ».

L’ambassadrice du Canada au Burkina Faso, Carol Vivian Mc Queen

La mise en service officielle des équipements solaires installés dans le CSPS de Bissandérou marque le début d’une « nouvelle ère » dans les 30 CSPS équipés par le projet ECED-Mouhoun. Le projet a permis l’éclairage, la ventilation et des prises de courant pour l’alimentation des appareils biomédicaux de faible puissance. Les investissements des équipements solaires apportés par le projet sont installés sur les différents bâtiments que comptent les CSPS à savoir le dispensaire, la maternité, le dépôt Meg (pharmaceutique) et les logements des agents de santé. Le coût global de réalisation du projet est de 510 588 550FCFA.

Une initiative saluée par les bénéficiaires

La secrétaire générale de la région de la Boucle du Mouhoun, Fatoumata Dabal, a indiqué que ce financement d’Affaires mondiales Canada vient, une fois de plus, confirmer l’engagement du Canada à soutenir le Burkina dans ses efforts pour rehausser la situation d’accès à l’énergie surtout en milieu rural. « L’accès des centres de santé à des systèmes solaires de cette envergure va permettre de créer de meilleures conditions d’accueil et de confort dans l’offres de soins. Ce qui contribuera sans doute à réduire certaines causes de mortalité », s’est-elle réjouie.

La secrétaire générale de la région de la Boucle du Mouhoun, Fatoumata Dabal

Avant d’affirmer que ce projet vient enlever une épine du pied du gouvernement. Par ailleurs, elle a souhaité que ces systèmes solaires soient gérés dans les règles de l’art, afin que les services offerts s’inscrivent dans la durabilité. Elle invite ainsi l’ensemble des acteurs au développement et surtout les collectivités territoriales à apporter leur appui dans ce sens.

Le maire de la commune de Tchériba, Michel Bako, est l’un des bénéficiaires du projet à travers l’électrification des centres de santé de sa commune. Il a exprimé ses sentiments de joie et de satisfaction. Pour lui, une telle installation reste avant tout le signe d’une meilleure offre de soins aux populations. « Gérer un CSPS est une compétence municipale, sans doute l’une des plus importantes qui lui incombe. Cet enjeu est crucial car la première richesse d’une commune c’est sa main d’œuvre de qualité et en bonne santé. Mais malheureusement nos ressources budgétaires ne nous permettent pas de couvrir tous les besoins surtout en lien avec l’accès à des services énergétiques modernes », a-t-il fait savoir. C’est pourquoi, il sollicite toujours l’appui des partenaires pour l’électrification des CSPS qui n’ont pas encore bénéficié du projet.

Le maire de la commune de Tchériba, Michel Bako

Avant d’adresser ses remerciements aux acteurs qui ont contribué à l’installation des systèmes solaires, le maire de Michel Bako a pris l’engagement, au nom du conseil municipal, de veiller à l’entretien des installations pour que des générations puissent en bénéficier.

Résultats satisfaisants

L’installation du système solaire dans ces CSPS a permis d’améliorer la prise en charge des patients. Ainsi, les accouchements et les consultations se font les nuits sans difficultés. Cela a permis également d’augmenter la fréquentation des patients dans ces différents centres qui ont bénéficié du projet. Toute chose qui réjouit Dr Christian Bernard Compaoré, directeur régional de la santé de la Boucle du Mouhoun, qui a saisi l’occasion pour saluer le projet ainsi que le gouvernement canadien pour cet accompagnement.

Dr Christian Compaoré, directeur régional de la santé de la Boucle du Mouhoun

Embouchant la même trompette, le directeur général des énergies renouvelables, Kibsa Issaka Nong-Nogo, a salué l’initiative de « cet ambitieux projet qui a été développé avec le concours du ministère en charge de l’énergie ». Pour lui, ce projet vise à garantir et à élargir l’accès au service énergétique moderne et à moindre coût. Il vise, dit-il, à accroitre les capacités de résilience vis-à-vis de la santé.

Le directeur général des énergies renouvelables, Kibsa Issaka Nong-Nogo

Les 30 CSPS équipés sont répartis dans 16 communes situées dans cinq provinces de la région de la Boucle du Mouhoun. Une stratégie pour la pérennisation a été mise en place. Les agents de santé et les populations bénéficiaires ainsi que les techniciens ont reçu des formations, afin d’assurer les maintenances de base des installations. Cette stratégie à terme permettra une durabilité des installations.

Romuald Dofini
Lefaso.net