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Epidémie de choléra : Le Bam désormais touché

Publié le lundi 12 septembre 2005 à 07h21min

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Après le Kadiogo, le Boulkiemdé et le Boulgou, le Bam vient d’être touché par le choléra. L’épidémie s’est déclenchée à Momené, village du département de Zimtenga situé à 38 km au Nord de Kongoussi. A la date du 08 septembre 2005, sept (07) cas ont été notifiés dont quatre (04) confirmés par le laboratoire du Centre hospitalier universitaire Yalgado Ouédraogo (CHUYO).

C’est dans la semaine du 24 au 31 août que l’alerte a été donnée. Selon nos investigations, le premier cas est survenu dans une famille qui a accueilli un parent venu du quartier Nonsin (secteur n°19) de Ouagadougou. C’était un bébé de deux (02) ans. Ce cas a failli échapper à l’agent de santé du CSPS de Momené compte tenu du fait que les diarrhées et les vomissements sont fréquents chez les bébés. C’est quand la mère a commencé à présenter les mêmes signes cliniques que la "machine" de détection a été très vite mise en place.


Des cas confirmés au laboratoire

Informé, le médecin-chef du district sanitaire de Kongoussi, le Docteur Cyriac Da a, à son tour, saisi la direction régionale de la Santé du Centre- Nord. Très vite, des prélèvements ont été effectués chez la patiente et transmis au laboratoire du Centre hospitalier universitaire Yalgado Ouédraogo (CHUYO) de Ouagadougou. Ce cas sera confirmé par ledit laboratoire le 1er septembre. A la date du 08 septembre 2005, sept (07) cas, tous enregistrés à Momené, ont été officiellement notifiés dont quatre (04) confirmés après analyses de prélèvements au laboratoire du CHUYO.

Les mesures prises

Avant même que les cas ne soient signalés et confirmés, eu égard à la situation nationale, le District sanitaire de Kongoussi était sur le "pied de guerre ". Il y a eu des sorties de supervision et de renforcement des connaissances des agents de Santé opérant dans les différentes formations sanitaires du Bam et la sensibilisation des populations. Avec la confirmation, les mesures ont été renforcées. Les 7 malades de choléra, tous du village de Momené et provenant de trois familles, ont été pris en charge gratuitement.

Pour circonscrire l’épidémie, les patients ont été isolés et les lieux fréquentés, désinfectés. Les infirmiers traitants et les accompagnateurs des malades se sont vu administrer des comprimés préventifs et prier de respecter de façon stricte, les conditions d’hygiène et les consignes de sécurité. La sensibilisation a été intensifiée. Surtout à Momené et dans les villages environnants. Un plan d’actions d’urgences a été élaboré par le district sanitaire de Kongoussi et transmis au niveau supérieur. Face à la situation, les autorités provinciales du Bam ne sont pas restées les bras croisés. Chaque sortie est une occasion de sensibilisation, d’appel à la mobilisation.

Le mercredi 07 septembre 2005, le haut-commissaire, M. Siaka Ouattara a convié les préfets, les directeurs provinciaux et les représentants des services techniques à une rencontre qui s’est tenue à la salle de réunions du CMA de Kongoussi. Les échanges avec la trentaine de participants ont porté sur les mesures idoines à prendre pour faire face à la situation. A l’issue des échanges, un comité provincial de gestion de l’épidémie a été mis en place. Présidé par le haut-commissaire lui-même, il a comme vice-président le médecin-chef du district sanitaire de Kongoussi.

Les difficultés

Mais il ne faut pas se leurrer, le choléra une fois déclenché, a la vie dure dans les pays en voie de développement. Pauvreté engendrant un manque d’hygiène appropriée oblige. L’inaccessibilité à l’information juste ou la désinformation ne font que compliquer davantage la situation et la tâche des agents de santé. C’est le cas au Bam où malgré la sensibilisation, les mesures d’hygiène individuelle et collective ne sont pas satisfaisantes. Exemple, sur 22 vendeurs(ses) d’aliments que nous avons rencontrés à Kongoussi, 17 affirment être au courant de l’épidémie de choléra et seulement 3 disent utiliser le savon et l’eau de Javel pour désinfecter les aliments. C’est pourquoi à la rencontre du 07 septembre, il a été suggéré une large campagne de proximité pour bouter "la maladie des mains sales" hors du Bam.

L’appel des autorités

Pour vaincre le choléra, il faudra une grande mobilisation et des moyens appropriés. Une prise en charge efficace des personnes infectées, de leurs accompagnateurs ainsi que la désinfection immédiate du matériel utilisé et des lieux fréquentés par ces derniers s’imposent. Il faut également mener une campagne de sensibilisation de sorte à atteindre toute la province qui compte plus de 255 000 habitants. Le district sanitaire à lui seul ne peut donc le réussir. C’est pourquoi le haut-commissaire Siaka Ouattara et le MCD/Kongoussi, le Docteur Cyriac Da qui ont conduit une mission à Momené le 08 septembre ont lancé un appel à la population et aux partenaires à appuyer les efforts du gouvernement burkinabè. Car avec cette épidémie de choléra, c’est un second front de bataille qui vient de s’ouvrir après celui de la famine.


Les réactions

M. Mahamoudou Sawadogo, responsable du C.I.S.S.E/Kongoussi : "Le C.I.S.S.E, Centre d’Information Sanitaire et de Surveillance Epidémiologique du district sanitaire de Kongoussi centralise les informations et assure la surveillance de toutes les maladies à caractère épidémique. A cet effet, nous signalons tous les cas suspects en vue d’investigations approfondies et de la prise de mesures appropriées. Et c’est ce que nous avons fait et très vite dans le cas de l’épidémie de choléra qui s’est déclenchée à Momené. Pendant que les personnes infectées sont soignées nous luttons pour circonscrire l’épidémie, nous assurons la surveillance des autres localités. Nous lançons un appel à la population pour que tout cas suspect de diarrhée et de vomissement nous soit signalé et le plus tôt possible ".

M. Ali Tarnagda, infirmier, chef de poste du C.S.P.S/Momené : "Nous avons hospitalisé sept (07) malades du choléra depuis le déclenchement de l’épidémie le 25 août 2005. On s’y est pris tôt. C’est pourquoi d’ailleurs on ne déplore aucune perte en vie humaine. Six (06) des sept (07) personnes infectées sont déjà guéries. Avec l’appui du district sanitaire, les mesures de santé ont été renforcées : ravitaillement en médicaments et consommables médicaux, renfort en personnel, sensibilisation, désinfection des lieux à risque et des points d’eau. Avec le soutien du comité de gestion du C.S.P.S et de celui des leaders d’opinion, nous continuons la sensibilisation pour l’adoption de mesures d’hygiène appropriées".

Dr Cyriac Da, MCD/Kongoussi : "A la date du 08 septembre 2005, sept (07) cas de choléra ont été enregistrés dans le village de Momené. Les quatre (04) premiers cas ont été confirmés après des analyses de prélèvements par le laboratoire du Centre hospitalier universitaire Yalgado Ouédraogo. Avant même ces cas, nous avons entamé une campagne de supervision et de renforcement des connaissances des agents de santé depuis le 23 août. Il y a également la sensibilisation à grande échelle que mène le service d’information, d’éducation, de communication et d’assainissement (S.I.E.C.A) du district. Avec la confirmation des cas suspects, les mesures ont été renforcées.

Nous avons pris en charge les personnes infectées. Nous nous battons pour circonscrire l’épidémie. Dans cette lutte, nous avons le soutien de nos supérieurs hiérarchiques : la direction régionale de la Santé, les autorités provinciales du Bam, le ministère de la Santé et l’ensemble du gouvernement de notre pays. Nous lançons un appel à la population pour qu’elle renforce les mesures d’hygiène individuelle et collective car le manque d’hygiène est la principale cause de contamination. Nous invitons la population à rester solidaire et vigilante. Notre souhait le plus ardent est que toute personne qui a connaissance d’un cas suspect le signale systématiquement à la formation sanitaire la plus proche pour que toutes les mesures appropriées soient prises ".

Propos recueillis par Loro Rigobert MALO
Sidwaya

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