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Procès miare de Bobo-femmes de Lafiabougou : Jusqu’où ira Koussoubé ?

Publié le mercredi 7 septembre 2005 à 08h02min

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Le marché de légumes de Lafiabougou, au secteur 20 dans l’arrondissement de Konsa à Bobo Dioulasso est depuis quelques mois, l’objet d’un duel ouvert entre le maire de la commune, Célestin Kousssoubé et les commerçantes dudit marché.

La goutte d’eau qui a fait déborder le vase est venue d’une lettre que les commerçantes du marché ont adressée au gouverneur de la Région des Hauts-Bassins, lui demandant d’intervenir auprès du maire Koussoubé afin qu’il soit un peu plus compréhensif à leur égard. Le contenu de cette lettre qui n’a malheureusement pas été rendu public a été jugé "diffamatoire" par le maire.

Et cette affaire a donné prise à un procès que Célestin Koussoubé a intenté à quatre femmes pour "propos diffamatoires" à l’encontre de sa personne. Initialement prévu le 23 août dernier, le jugement a été ramené à la date du 6 septembre, à la demande de l’avocat du maire. A cette date, à 9h, les quatre femmes accusées sont appelées à la barre. A l’appel de la partie civile, c’est le silence radio dans la salle d’audience. Après une brève consultation entre des représentants du maire et le juge, ce dernier a prononcé le report et ce "à la demande de la partie civile".

Murmures dans la salle. Puis, en moins d’une minute, la moitié des occupants de la salle d’audience s’étaient retrouvés dehors. il s’agissait majoritairement de femmes, mais on notait la présence de quelques hommes, jeunes et vieux, venus pour soutenir les femmes dans cette affaire qui, selon eux, les concerne tous. Selon des propos recueillis sur place, ces reports répétés du procès présagent l’intention du maire Koussoubé de retirer sa plainte.

Mais, disent certains, même s’il venait à la retirer, une nouvelle plainte va être introduite contre lui, histoire d’en découdre définitivement avec cette affaire. Asseta Zongo, une des quatre femmes inculpées par le maire, relate ici les tenants et les aboutissants de cette affaire du marché. Nous l’avons rencontrée, quelques minutes seulement après le report du procès. C’est une dame visiblement très indignée qui a accepté de répondre à nos questions.

La version de Asseta Zongo

"Tout est parti de l’intention des autorités municipales de déplacer le marché de Lafiabougou vers un nouveau site. Nous, les femmes de ce marché (NDLR : le marché est presqu’exclusivement occupé par des femmes), nous n’avons pas, a priori, condamné le principe du déplacement. Il nous a été demandé de payer chacune 27 500 F CFA, ce qui devrait servir à l’aménagement d’un nouveau site. Certaines ont versé cette somme mais ce projet est resté lettre morte.

Et puis, ça fait environ six sites différents qui ont déjà momentanément accueilli ce même marché. Comment peut-on comprendre qu’un marché tourne à la manière d’une aiguille de montre. Dernièrement, on nous a demandé d’aménager sur une nouvelle place qui se trouve être à proximité d’une maison des jeunes et d’un dispensaire. Ayant estimé que le marché et le dispensaire ne peuvent pas faire bon ménage, nous avons unanimement refusé de nous y rendre.

Actuellement, l’heure est à l’accalmie, mais nous considérons toujours que nous sommes assises sur des chaises éjectables. C’est au regard de cet état des faits que les femmes du marché de Lafiabougou ont adressé une lettre au gouverneur, lui demandant de discipliner le maire. C’est à la suite de cette lettre que nous avons été accusées de diffamation. La lettre avait peut-être une connotation diffamatoire, mais que voulez-vous ! Nous estimons que nous avons été suffisamment offensées par celui qui aujourd’hui , intente un procès contre nous. C’est la première fois que nous voyons un homme ouvrir une guerre contre des femmes.

Par ailleurs, nous avons appris que le maire Koussoubé nous a traitées de rebelles, de récalcitrantes. Mais , nous ne sommes aucunement des rebelles. Nous ne sommes pas venues de Bouaké ! Et ce sont ces commérages qui irritent le marché tout entier, d’autant plus que nous avons toujours payé nos taxes quotidiennes. Nous avons un collecteur de taxes particulièrement virulent, qui, une fois, a fait verser les larmes à une de nos consoeurs dont il avait confisqué les marchandises, du fait qu’elle avait refusé de lui donner 50 des 75 FCFA de recettes qu’elle avait faites pour toute la journée. Vraiment, rien ne va ici. Nous avons l’impression que le maire nous considère comme des étrangères. Alors, qu’il nous octroie une autre nationalité et nous allons lui laisser son pays !"

Par Paul-Miki ROUAMBA

Le Pays

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