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Vindicte populaire à Ouarégou : Noufou Bancé accusé de sorcellerie, battu à "mort"

Publié le lundi 5 septembre 2005 à 07h16min

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Un septuagénaire, Noufou Bancé, accusé de sorcellerie, a été battu à mort, sa concession entièrement détruite, vendredi 02 septembre 2005, par la population de Ouarégou, petite localité située à 3 km de Béguédo dans le Boulgou. Scandalisé par ce qui est arrivé, le préfet de Garango, Christophe Ouédraogo, accompagné par les chefs coutumiers et les responsables de la sécurité est allé au chevet de la victime sur son lit d’hôpital.

La vindicte populaire a fait une victime à Ouarégou, petite localité de quelques centaines d’âmes proche de Béguédo dans le Boulgou. Bilan : un vieillard de 67 ans, Noufou Bancé, a été passé à tabac, sa concession entièrement mise à sac par un groupe de vandales qui l’accuseraient d’avoir tué par la magie de la sorcellerie un des leurs. Les faits se seraient produits, selon des témoins, vendredi 2 septembre dernier tôt, dans la matinée. Le vieux Noufou qui souffrirait de traumatisme grave et de blessures a été admis en soin au Centre de santé de Ouarégou. Un blessé agité, traumatisé, une famille prise par la panique, c’est ce qu’ont constaté le préfet Ouédraogo et sa délégation le samedi 3 septembre dernier.

La concession de 8 cases du vieux Noufou a été totalement brûlée par les casseurs de même que les greniers à mil. Au cours de leurs forfaits, ils n’ont rien épargné. Même les marmites, les sceaux et autres ustensiles de cuisine ont été saccagés par le groupe de pillards. Pis, ils ont récolté le maïs de leur victime avant de prendre la clé des champs. "Ce que j’ai vu est scandaleux et honteux", s’est indigné M. Ouédraogo. Et d’ajouter : "c’est un cas très déplorable. Je ne peux admettre qu’au XXe siècle des gens continuent à vouloir se rendre justice.
Le service de l’Action sociale va évaluer les dégâts matériels, les éventuels meneurs seront traduits en justice". Pour lui, les chefs coutumiers ont pris des mesures pour héberger Noufou Bancé et les autres membres de sa famille. Pour lui, l’essentiel est que la victime M. Bancé recouvre vite sa santé.

Pour sa part, Bancé Yacouba, le fils de la victime s’est dit ne pas comprendre ce qui leur arrive. "Même si c’est à cause d’une supposée sorcellerie de mon père, ils ne devraient pas faire cela" a-t-il martelé. "A cause de nous, ils devraient laisser la maison ; pour moi, ils veulent nous chasser du village".

Selon des témoignages, Noufou Bancé aurait eu un différend avec sa victime présumée du nom de Soumaïla Bancé, âgé de 24 ans à propos d’un lopin de terre. Ils auraient, selon les mêmes sources menacé celui-ci en ces termes : "si tu sèmes sur cette terre, tu ne verras pas la prochaine récolte...". Coïncidence ou réalité ? Soumaïla Bancé est décédé quelques jours plus tard. Alors, la vindicte populaire s’abat sur Noufou Bancé. Il est molesté "à mort" par ses agresseurs puis traîné auprès de la tombe de sa présumée victime.

Interrogé sur l’état de santé de Noufou Bancé, le responsable du CSPS de Ouarégou, Oumar Paré rassure : "son état sanitaire s’est stabilisé. Il y a eu plus de peur que de mal, il a des fortes chances de s’en sortir. La victime est sous traitement et nous suivons l’évolution de la situation". Et d’ajouter qu’il n’y a pas de lésions graves. Selon une source bien informée, l’enquête policière aurait permis d’interpeller une dizaine de personnes, toutes présumées meneurs.

Pour les autorités locales, les éventuels meneurs devraient être une fois identifiés, jugés coupables et punis sévèrement. Ce ne serait que justice rendue.

S. Nadoun COULIBALY
e-mai : coulibalynadoun2002@yahoo.fr


Communiqué de presse

Il est entrepris depuis ce jeudi 1er septembre 2005, une opération de ravitaillement en eau potable dans les zones concernées par l’épidémie de choléra.

La distribution se fera à partir de citernes envoyées sur les lieux. Les premières sorties concernent le district sanitaire de Pissy qui est le plus atteint.

A l’instar de cette opération "eau potable", des efforts se poursuivent dans les domaines de la désinfection des domiciles de malades, des puits et de l’isolement des patients.

DCPM/Santé


Plus jamais ça !

Le forfait de Ouarégou est suffisamment grave. Le vieux Noufou a été victime de comportement moyenâgeux. Ces agresseurs ont tout simplement bafoué les lois de la République. Violation de domicile, agressions physiques, destructions de biens, ils sont passibles de sanctions pénales. Ils doivent être punis à la hauteur de leur forfait. Car à y voir de près, ils ne sont ni moins ni plus que des vandales qui utilisent les traditions à des fins inavouées. Ils se servent ainsi de la coutume pour régler des comptes personnels. Si au-delà des multiples sensibilisations (le film Delwendé de St Pierre Yaméogo en est la preuve) certains continuent d’agir impunément, les services de l’Action sociale et de la Justice ont encore du chemin à parcourir pour venir à bout de ces comportements rétrogrades. Les mesures de répression doivent être à la hauteur du forfait et des préjudices causés. Plus jamais du répit ne doit être laissé à ceux qui se servent des soi-disant croyances pour agir dans l’impunité.

Nadoun S. COULIBALY (e-mail:coulibalynadoun2002@yahoo.fr)

Sidwaya

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