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<I>Une lettre pour Laye</I> : Les commerçants et les 50 briques de Blaise

Publié le vendredi 2 septembre 2005 à 08h14min

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Cher Wambi,

C’est la tradition, depuis maintenant deux semaines, avant de faire un tour d’horizon socio-politique national, je te donne les relevés pluviométriques de la semaine, en l’occurrence ceux du jeudi 25 au mercredi 31 août, que m’ont communiqués la représentation de l’ASECNA au Burkina Faso.

Comme tu le constateras, il est encore tombé des cordes sur notre cher pays. Ainsi à Dori il est tombé 53,6 mm d’eau ; à Ouahigouya 41,1 mm ; à Ouagadougou-aéro 56,6 mm ; à Dédougou 64,0 mm ; à Fada N’Gourma 43,7 mm ; à Bobo-Dioulasso 57,2 mm ; à Boromo 89,2 mm ; à Pô 74,1 mm ; à Gaoua 34,9 mm ; à Bogandé 59,2 mm.

Je ne le dirai jamais assez, si la tendance se poursuit, d’ici la fin octobre, nous chanterons en chœur notre victoire sur la crise agro-alimentaire, qui a fait des siennes cette année. Mais en attendant, les victimes se comptent par centaines à travers les villages. C’est toute honte bue que certains responsables administratifs ont achevé d’assassiner la morale en prélevant le peu que les rares âmes généreuses nous offrent pour les plus démunis.

Tu en as certainement entendu parler déjà, de Gorom-Gorom à Kayao en passant par Saponé, haut-commissaire, préfets radins et autres agents de bureau se sont fait du pognon. Dans la dernière ville cité, Saponé, il me revient qu’en plus des vivres, un triste individu, dont je tairai pour l’instant l’identité, a "dealé" cinq brouettes dans le village de Koagma.

N’est-ce pas là le comble cher cousin ? Et ce n’est pas tout. Sais-tu à quel prix les nouveaux admis au Certificat d’études primaires (CEP) obtiennent leur attestation ? Eh bien, un directeur d’école de la circonscription d’éducation de base de la cité du chapeau aurait eu l’ingénieuse idée de fixer le taux à .... 2 250 FCFA. Mais avant, pour connaître les résultats de l’examen, chaque candidat se doit de cultiver une certaine superficie du champ du directeur prédateur.

En ces temps de vaches maigres, chacun développe ses initiatives, mais avoue que là, cher cousin, c’en est trop. Il y a lieu de mettre de l’ordre dans la maison avant la rentrée des classes, afin de ne pas ôter aux élèves toute envie d’emprunter le chemin de l’école.


Cela dit, cher cousin, s’il est une affaire qui défraie la chronique ces jours-ci, c’est bien celle dite des 50 millions de FCFA offerts par El hadj Oumarou Kanazoé et Alizèt Gando aux associations des commerçants du Burkina.

Qu’en est-il exactement ? Tu te rappelles que courant 2003, Ouagadougou a été secouée par des manifestations qui ont opposé les commerçants burkinabè à leurs homologues syro-libanais. A l’époque, on avait parlé de concurrence déloyale, de fraude massive et j’en oublie. Imagine un peu où pouvait nous conduire une telle situation.

Ainsi, afin de calmer les esprits, ça, je le tiens de sources bien informées, le président du Faso, Blaise Compaoré, aurait remis au président de la Chambre de commerce, d’industrie et d’artisanat du Burkina (CCIA-B), El hadj Oumarou Kanazoé, la somme de 50 millions de FCFA destinée à soutenir toutes les associations des commerçants.

Ne voulant pas manœuvrer seul, le vieil El hadj s’en est ouvert à Aliz Gando et à Ilboudo Tintin que tu connais déjà. Et à trois, ils ont transmis le précieux colis aux deux premiers responsables du Collectif des associations des commerçants du Burkina Faso, que sont Noaga Ousmane Tapsoba et Moussa Dabo. Mais je dois te préciser, cher cousin, que ces deux auraient hésité avant d’accepter le cadeau. C’est une affaire qui date donc de deux ans.

Et si elle est d’actualité aujourd’hui, c’est parce que El hadj Oumarou Kanazoé, voulant que le Collectif aille remercier le généreux donateur, s’est rendu compte que les autres membres du Collectif n’avaient rien reçu.

Alors, que faire ? Le richissime Kanazoé débourse 50 autres millions pour sauver son honneur avant de chercher la destination finale des 50 premiers. Aussi, de concert avec Alizèt Gando et Tintin Ilboudo, il saisit un avocat en la personne de Me Emma Félicité Dalla, qui porte plainte devant le commissariat de police de Ouaga 2000 contre Noaga Ousmane Tapsoba et Moussa Dabo pour abus de confiance.

Les tentatives de réglements de cette affaire à l’amiable ayant échoué, les flics se mettent au boulot et découvrent que les deux mis en cause, avec la complicité d’un des leurs, Issaka Zabda, avaient ouvert un compte avec l’argent reçu dans une banque de la place, dont tous les trois sont signataires. Mais à l’heure où tu me lis, cher cousin, il ne resterait dans ledit compte que la somme de 194 306 FCFA.

Où est donc passé le reste ? Mystère et boule de gomme. Inutile de te dire que le commissaire Paul Sondo de Ouaga 2000 et ses hommes s’en sont lavés les mains, en transmettant le dossier à l’instance judiciaire supérieure. Et depuis hier, cher cousin, Noaga Ousmane Tapsoba et Moussa Dabo ont été déférés à la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (MACO) en attendant que toute la lumière soit faite. Ah, Bado et Paré pourront enfin respirer puisque Tapsoba et Dabo ont pris la relève avec ce pactole de 50 briques.


La vie étant belle et les cailloux fleurissant pour certains, je m’en vais t’ouvrir le carnet secret de Tipoko l’Intrigante, qui, j’en suis sûr, se moque éperdument d’un tel deal :

- On ne le dira jamais assez, le développement de notre cher Faso ne se fera pas sans l’utilisation efficiente et rationnelle des fonds que nous allouent les partenaires. Questions : à qui et à quoi est destiné le marché moderne de Tenkodogo, construit à coup de millions de nos francs et toujours occupés par les animaux ?

Les fonds de ce gâchis ne pouvaient- ils pas servir utilement ailleurs ? Autant de questions qui resteront sans réponses tant que la politique politicienne passera avant les intérêts supérieurs des populations.

- La "chaîne du plaisir partagé", la Télévision nationale du Burkina (TNB), se vide de ses cadres. Ainsi apprend-on, entre autres, les célèbres Harouna Kindo et Yemboani Pascal Thiombiano ne seront plus au rendez-vous du journal télévisé et des grands événements.

Si le premier a pris la direction du CILSS, le second ira à Dakar pour acquérir plus de savoir. Ce qui n’est pas mauvais, étant donné que chacun travaille à avoir plus de beurre sur ses épinards. En tout cas, la liste est longue !

- Les entrepreneurs exécutant les marchés du Programme décennal de développement de l’éducation de base (PDDEB) ne sont pas contents, et c’est peu dire. Devant la lenteur inquiétante des responsables dudit programme dans le règlement de leurs factures, ils auraient décidé de frapper plus haut.

Ainsi, des audiences auraient été prévues avec le président de l’Assemblée nationale, président du CDP, Roch Marc Christian Kaboré ; le coordonnateur national de la campagne de Blaise Compaoré, Salif Diallo ; le maire de Ouagadougou, Simon Compaoré. Mais où se trouve vraiment l’os, messieurs du PDDEB ?

- Aux ministres du Commerce, de l’Artisanat et de la Promotion de l’entreprise ; des Arts, de la Culture et du Tourisme, les 71 travailleurs déflatés de l’hôtel Indépendance s’en remettent pour rentrer dans leurs droits. Ils craignent en tout cas d’être les dindons de la farce, pour ne pas dire de l’Indé, si l’Etat refuse de s’assumer.

Leur adresse aux ministres :

"Voici bientôt un mois, nous, personnel déflaté de l’hôtel Indépendance, avons été licenciés sans droits, ni quelques mesures d’accompagnement, que ce soient. Malgré nos négociations depuis la privatisation de l’hôtel en août 2004, jusqu’à notre licenciement en août 2005. Nous avons demandé des droits et des mesures d’accompagnement, en cas de départ ; mais jusque-là, cette requête est restée vaine.

Parmi les 71 personnes déflatées que nous sommes, plus de 60 personnes sont mariées et ont des familles. Nous sommes bientôt à la veille de la rentrée scolaire. Nos enfants, neveux, nièces, cousins, cousines et frères, les futurs bâtisseurs de demain, doivent aller à l’école.

Ainsi, nous personnel déflaté de l’hôtel Indépendance, demandons aux ministres Benoît Ouattara, Mahamoudou Ouédraogo, de peser de leurs poids pour que l’Etat nous paye les droits et mesures d’accompagnement, d’ici la rentrée scolaire, pour que nos enfants puissent aller à l’école, et pour notre survie. Veuillez agréer, messieurs les ministres, l’expression de nos sentiments distingués.

Le personnel déflaté

- Dans la nuit du jeudi 18 au vendredi 19 août dernier, aux environs de 04h , un homme a sans pitié égorgé sa propre femme à Mansila, dans la province du Yagha. Ce drame est survenu suite à une mésentente entre l’homme et sa belle-mère. Selon les dires, sa belle-mère était suspectée d’être à l’origine de son impuissance sexuelle lorsqu’il était avec sa femme, car celle-là ne voulait pas de ce mariage. L’Afrique est remplie de ses mystères (wack).

L’homme tenta en vain de se soigner de ce mal que sa belle-mère aurait jeté sur lui. Mais rien n’y fit. Il décida alors d’assassiner sa belle-mère et sa femme parce qu’il ne pouvait pas supporter de voir sa femme épouser un de ses ennemis dans le département de Mansila. Après son forfait, le meurtrier s’est enfuit dans la brousse, où il a passé quatre jours malgré les recherches de la gendarmerie de Sebba et des villages environnants. Quatre jours sans manger.

La faim l’a poussé à se rendre dans le village de Boliel, dans le département de Mansila pour demander à manger. C’est là qu’on l’a arrêté le 22 août aux environs de 22h et conduit à la gendarmerie de Sebba la même nuit.

- Et voilà Boulsa "polygame" avec Viareggio en Italie et Vendome en France. En effet, une convention de jumelage entre la ville de Boulsa et celle de Viareggio a été signée le 27 août 2005 à Boulsa. La cérémonie a vu la présence d’illustres personnalités comme Mgr Thomas Kaboré, évêque du diocèse de Kaya, et M. Laurent Sédogo, ministre de l’Environnement et du Cadre de vie. Des trois interventions, une petite phrase du 2e adjoint du maire a retenu l’attention de l’assistance : "Le 1er adjoint du maire s’engage à restituer le matériel".

Le 1er adjoint du maire de Boulsa, en mission en Italie en mai 2004 (plus d’un an), détient toujours par-devers lui du matériel et des équipements de sport, remis par les amis italiens pour les jeunes de Boulsa. Et c’est la délégation italienne qui vient de révéler cette affaire compromettante pour le premier adjoint, M. Sawadogo Sambo Jean.

Et dire que le même monsieur est le président du comité de jumelage Boulsa-Vendome. Pour les mêmes causes, les partenaires de Vendome souhaitent le renouvellement du bureau avant toute reprise des relations de coopération avec Boulsa".

- Après sa victoire aux élections du conseil de direction de la Croix rouge burkinabè, le camp de Mme Bana Ouandaogo, présidente réélue de cette institution pour 4 ans, entend mener une bataille juridique. En effet, la plainte pour diffamation, que le directeur national de la Croix rouge a déposée contre l’ancien vice-président débarqué, M. Joseph Tiendrébéogo, agent de la BICIA-B, à l’audience du 29 août, a été renvoyée au 19 septembre prochain.

D’autre part, au sujet du "Centre une vie meilleure", la présidente de la Croix rouge burkinabè voudrait s’opposer à toute reconnaissance de l’ONG "Better life international", qui serait en gestation au ministère de l’Administration territoriale avec pour responsable l’ancien directeur du "Centre une vie meilleure", M. Alexandre Tapsoba.

Pour la nationale de l’humanitaire, il n’est pas indiqué, avant que le différend qui l’oppose à la fondation "A better life" ne se résolve par voie juridique, qu’une telle structure assimilée s’implante au Burkina Faso. Dans cette affaire, la Croix rouge burkinabè se sent doublement abusée par les partenaires. Les représentants des comités provinciaux à l’assemblée générale des 20 et 21 août ont décrié, dans une déclaration, ce double abus en ces termes : "Le Centre une vie meilleure", que beaucoup d’entre nous ont vu naître sous l’égide de la Croix rouge burkinabè, ne peut être considéré comme extérieur à elle et téléguidé de l’extérieur.

Car comment peut-on admettre que ce projet créé sous l’égide de notre société nationale soit dit aujourd’hui projet n’appartenant pas à notre institution ? C’est un double abus de la part du partenaire et de ses valets locaux, qui se sont donc servis de la Croix rouge pour collecter des fonds en Europe et qui ont profité au plan national des avantages liés au statut "d’utilité publique" de la société nationale, pour refuser, après, la signature d’une convention".

A ce qu’on dit, l’ONG "A better life" n’intervient pas seulement sur ses fonds propres, elle organiserait des collectes de fonds en Europe sous le label de la Croix rouge et auprès de certaines sociétés nationales de la Croix rouge en Europe, qui ont construit des bâtiments sur le site, qui ont fait des dons de véhicules, de matériaux divers, et qui ont jusqu’à présent contribué grandement aux frais de fonctionnement du centre "Une vie meilleure". La Croix rouge burkinabè, pour sa part, n’est pas mise au courant du montant des sommes collectées sous son label ni de leur utilisation.

C’est donc un partenariat qui doit être clarifié pour le bien des deux parties et surtout des couches sociales les plus vulnérables de notre pays. Les participants à l’AG ne sont pas passés par plusieurs chemins pour dire que la signature d’une convention est un préalable à toute poursuite de la coopération avec la Fondation "A better life".

Du côté du ministère de l’Administration territoriale, les agents de Moumouni Fabré devraient avoir une lecture prudente de la situation, pour ne plus se retrouver dans la situation du PAI. En effet, dans le cas de la reconnaissance de "A better life international" au Burkina Faso, examiner la demande sous le seul angle de la liberté d’association, sans tenir compte du niveau d’imbrication des faits qui sont l’objet du contentieux avec la Croix rouge burkinabè pourrait s’avérer préjudiciable, non seulement à l’Etat burkinabè, qui exonère tous les équipements et dons, mais également aux personnes vulnérables, aux noms desquels le label de la Croix rouge a toujours été utilisé par la fondation pour collecter les fonds en Europe.

- Initialement prévue pour le samedi 3 septembre 2005 à l’Espace Gambidi, l’investiture du "chat noir du Nayala", Pargui Emile Paré, candidat de l’Alliance socialiste à la présidentielle du 13 novembre, est reportée au dimanche 4 septembre 2005 à 16h au même lieu.

La raison invoquée, c’est le match capital que doivent livrer les Etalons contre les Bafana-Bafana ce samedi au stade du 4-Août, en éliminatoires jumelées CAN-Mondial 2006. Paré et les siens entendent par là inviter la jeunesse à soutenir massivement les Etalons pour la victoire. Question de patriotisme !

- Cette année, la caravane du Tour du Faso empruntera la route nationale n°6. Pour ceux qui l’ignoreraient encore, c’est celle reliant Ouagadougou à la frontière du Ghana, en passant par Saponé, Sapouy et Léo. Une occasion en or pour valoriser le célèbre chapeau qui voyage loin, et visiter les caïmans du Nazinon.

Quand on sait que les maîtres de la petite reine au Faso se recrutent dans le Bazèga, on ne serait pas du tout étonné de revoir de vieux briscards tels Zabré Kouka Désiré "Longman anglais", Maxime Ouédraogo, entre autres, sur le podium. Rien que la semaine dernière, les organisations s’y sont rendus pour une inspection, qui a été concluante.

Tipoko l’Intrigante n’apprend rien d’elle-même, elle n’invente jamais rien. Tipoko l’Intrigante est un non-être. Elle n’est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l’intuition c’est la faculté qu’a une femme d’être sûre d’une chose sans en avoir la certitude..."

Ainsi va la vie.

Au revoir.

Ton cousin

Passek Taalé.

L’Observateur Paalga

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