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Bobo : Le chef de gang est un militaire retraité

Publié le mardi 16 août 2005 à 09h21min

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C’est tout simplement inquiétant, ce qu’il nous a été donné de constater ce vendredi 12 août dernier au Groupement mobile de gendarmerie de Bobo-Dioulasso. Un groupe de jeunes bien robustes et à la fleur de l’âge, mais qui ont choisi comme métier les attaques à main armée. C’est un redoutable réseau de bandits, avec à leur tête un ancien militaire, que la gendarmerie vient de démanteler. Ces redoutables malfrats qui disposent d’un impressionnant arsenal ont été présentés à la presse.

L’opération de ratissage menée dans la nuit du 11 au 12 août dernier à travers les zones dites criminogènes de la ville de Sya a été très fructueuse.

Et le moins que l’on puisse dire est que le travail abattu cette nuit par les pandores du Groupement mobile de gendarmerie de Bobo et qui a permis de mettre le grappin sur des personnes suspectes et même d’appréhender des malfrats déjà fichés au niveau des services de sécurité a été très salutaire. Cette sortie musclée, au dire du commandant Alain Serge Ouédraogo du Groupement départemental, visait surtout à donner une réplique appropriée à ces nombreux cas d’agression survenus ces derniers jours dans la région de Bobo.

Nous avons mené cette opération, a-t-il déclaré, pour répondre à une préoccupation majeure de la population : celle de l’insécurité qui est en train de faire des ravages partout au Burkina. Et c’est donc tout naturellement avec un réel soulagement que la nouvelle du démantèlement de la bande à Sambo Aliou a été accueillie partout dans la région et principalement sur les axes routiers Bobo-Banfora et Bobo-Orodara, où ce groupe de malfrats a longtemps dicté sa loi.

Doté d’un impressionnant arsenal dont deux kalachnikovs, ces coupeurs de route avaient toujours agi avec un certain professionnalisme qui suscitait quelques interrogations. Cet excellent coup de filet des hommes du commandant Alain Serge Ouédraogo nous a alors permis de comprendre que ce groupe de malfrats était aux ordres d’un professionnel rompu au maniement des armes. Sambo Aliou, qu’il s’appelle, est en effet un ancien militaire de la classe 1968 et qui est à la retraite depuis 8 ans.

C’est lui le chef des bandits et le cerveau de toutes les opérations qui ont été menées jusque-là et qui ont fait de nombreuses victimes. Outre le démantèlement de ce redoutable réseau, la sortie des pandores a également donné lieu à des contrôles de routine. C’est ainsi que 143 personnes au total ont été interpellées, dont 39 femmes, 18 mineurs et 45 personnes à la moralité douteuse, habitant pour la plupart dans des zones déclarées dangereuses par les forces de l’ordre.

Forces de l’ordre, ça fait pitié

Avec ce coup de filet réussi, disons tout simplement bravo à la gendarmerie qui vient de démontrer qu’elle reste toujours disposée à accomplir l’une de ses principales missions, à savoir la sécurité des personnes et des biens. Mais pour cela, nos pandores qui évoluent désormais dans un environnement dangereux ont eux aussi besoin d’être sécurisés afin de mener à bien leur mission.

Cette sécurisation de ces hommes en treillis consiste simplement à les doter du strict minimum (armes, véhicules, carburant, gilet par balles, etc.) pour leur permettre d’affronter ces hors-la-loi qui ont la gâchette facile et qui disposent d’armes sophistiquées à faire pâlir de jalousie nos forces de l’ordre. Et tout semble indiquer que les différentes brigades n’ont plus d’autre choix que de miser sur le courage et l’abnégation de leurs hommes pour accomplir des missions suicidaires.

C’est alors l’occasion d’interpeller les plus hautes autorités du pays afin qu’elles se penchent sérieusement sur ce dénuement matériel de nos services de sécurité. Et l’on ne peut qu’être sidéré en apprenant que cette brigade dite de recherches, à Bobo, ne dispose pas même du moindre véhicule pour effectuer de sorties de terrain. Et là où il y a des moyens de déplacement, c’est le carburant ou les éléments qui font souvent défaut.

Comment dans ces conditions, peut-on attendre de bons résultats des hommes du colonel Madou Traoré, qui assistent souvent impuissants à certaines situations ? Il est temps alors de faire quelque chose et vite, avant que le découragement ne gagne les rangs. Car pour l’instant, les populations ne jurent que par des actions de terrain comme la récente opération menée par le Groupement mobile et qui a permis de mettre hors d’état de nuire des groupes de malfrats.

Jonas Appolinaire Kaboré
Observateur Paalga

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