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Afrique : « Le développement passe forcément par le secteur primaire »

Publié le lundi 1er juillet 2019 à 23h30min

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Afrique : « Le développement  passe forcément par le secteur primaire »

Même si le développement est défini comme l’ensemble des dispositions intrinsèques prises dans un pays pour garantir le progrès dans tous les secteurs d’activités, moi je pense que le développement est lié à la culture qui est un facteur contextuel surtout en Afrique. Le pays devrait par conséquent se définir par son territoire, sa population et le système politique qui le gouverne, alors que dans le contexte rural africain, même si les politiques existent, elles présentent toute une grande singularité.

Quand on parle de développement, plusieurs préoccupations s’invitent aux débats, à savoir l’intégrité territoriale, la sécurité, l’éducation, la santé, la croissance économique et sociale, l’emploi des jeunes, les politiques alimentaires, les logements, les infrastructures, etc. La population africaine étant jusqu’à présent représentée en majorité par le monde rural, attardons-nous dans ce domaine afin de mieux nous prémunir face aux nouveaux défis de l’Afrique.

Définition du concept de développement rural

Le développement rural ou développement local, aussi appelé développement à la base, est un processus utilisant les initiatives locales au niveau des petites collectivités comme moteur du développement économique. Le développement à la base est, en fait, un complément aux grandes mesures et grands projets de développement initiés par les États.

Dans les pays comme le Burkina Faso, le développement du monde rural repose principalement sur les initiatives des structures décentralisées et déconcentrées de l’État, des collectivités locales, des organisations non-gouvernementales et des habitants eux-mêmes à travers les PME/PMI, les associations et le secteur informel. Mais que de blocages et de résultats souvent dérisoires et aléatoires. Autrement dit, les problèmes persistent malgré une volonté affichée de l’État de faire du milieu rural un véritable pôle de croissance. Il paraît alors pertinent de jeter un regard critique sur les problèmes que rencontre le développement du monde rural.

Les problèmes du développement rural

En effet, nous vivons dans un monde marqué par une économie globalisée et très concurrentielle qui pourrait être avantageuse pour les pays en voie de développement tels que le Burkina Faso. Le contexte volatile des prix des matières premières de l’Afrique et les aléas climatiques qui influent négativement sur le rendement des cultures vivrières, le manque d’infrastructures socio-culturelles pour un épanouissement des jeunes, l’absence de mesures d’accompagnement aux jeunes entrepreneurs du monde rural telles que le manque de garantie de prêt, sont entre autres les gros problèmes auxquels sont confrontés les populations villageoises. Tous ces facteurs réunis ne permettent pas aux jeunes africains du monde rural d’être productifs et d’apporter leur contribution au développement de leur localité.

La mondialisation dont on parle depuis longtemps reste toujours un grand défi pour le monde rural. La jeunesse évoluant dans les cadres formels et informels souffre du manque de financement, puisque n’ayant pas de « vraies » garanties pour être solvables auprès des institutions financières. L’existence de ces barrières invisibles et infranchissables crée dans tous les autres secteurs ce découragement, entraînant l’exode rural qui est le premier symptôme d’un désir d’immigration clandestine.

L’immigration reste et demeurera la solution inavouée d’un échec après l’exode rural. Les opportunités de financements bancaires des groupements masculins et féminins ruraux pour la réalisation des projets villageois démontrent à quel point le taux de bancarisation est faible, alors qu’il n’y a pas meilleure garantie que la terre pour accéder aux prêts, quand on tient compte du fait que l’Afrique en est le plus grand détenteur.

Au vu de ce qui précède, l’on est en droit de se demander, quelles pourraient être les solutions adéquates.

Les solutions

On dit souvent que les Africains aiment critiquer sans donner de solutions ou de propositions, mais en toute humilité, voici quelques alternatives que je propose :

-  Le système du « crowdfunding en ligne » qui consiste en la levée de fonds individuels auprès de groupes spécifiques désirant faire des placements en ligne.

-  Le système du « crowdfunding physique » qui consiste en la levée de fonds individuels, de porte à porte, à travers les différents villages et communautés.

-  La mutualisation qui consiste en la responsabilité solidaire d’un groupe d’individus qui, chacun à son tour, aura accès à un prêt après le remboursement de l’autre. Ce système a été copié du système de tontine africaine.

-  Prendre des dispositions particulières dans le processus d’obtention des titres fonciers ou de baux agricoles pouvant permettre aux villageois de garantir leurs terres aux niveaux des banques comme l’avait fait le Sénégal pour ses paysans dans le cadre du projet GOANA.

Cela va être d’un apport auquel le Millenieum Challenge Account au Burkina Faso avait initié dans son projet de sécurisation foncière avec sa bonne volonté, et les milliards mis à la disposition du monde rural pour la sécurisation de leurs terres. Cette fois-ci, des dispositions très sérieuses doivent être prises afin que toutes les institutions financières de la place puissent accepter de garantir ces titres émis (Bail, TF ou APFR).

Conclusion

Je lance un appel solennel de solidarité aux citoyens du monde à se soutenir mutuellement, car la mondialisation est une très bonne chose pour l’Afrique : logiquement, avec toute sa jeunesse, ses terres regorgeant de minerais, sa valeur ajoutée, il ne reste qu’un certain degré de formation pour être même plus compétitif que la Chine .Cependant , le revers de la mondialisation est le fait qu’il nous ait fait quitter le monde grégaire et apporté l’individualisme. J’invite beaucoup d’entre nous, Africains, qui ont été bénis, à consacrer un peu de temps et de moyens à la solidarité.

J’ai foi que la « débalkanisation » de l’Afrique va réduire l’exode rural. Quand je vois que se déplacer en avion de Ouagadougou en Occident coûte moins cher que se déplacer de Ouagadougou à Yaoundé ou à Brazzaville, je me pose des questions quant à la volonté réelle de la « mondialisation » et à qui elle profite pour le moment. La libre circulation des biens et des personnes en Afrique n’est pas encore une réalité et reste de nos jours l’un des plus grands gouffres financiers avec ses journées de réflexion, colloques et débats a n’en pas finir. Une chose est sûre, le développement de l’Afrique passera forcement par le développement de son secteur primaire.

Vincent de Paul Kaboré
Homme d’affaires

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Vos commentaires

  • Le 1er juillet 2019 à 22:00, par Sacksida En réponse à : Afrique : « Le développement passe forcément par le secteur primaire »

    D’abord, le developpement suppose une mise en coherence des politiques agricoles, industrielles et des services ; il n’y’a pas de miracle a ce sujet car aucun pays dans le monde ne s’est developpe en negligeant l’une des trois secteurs de l’economie : primaire, secondaire et tertiaire ci-dessus indiques. L’afrique dont le Burkina Faso ne se developpera sans industrie. Il faut donc quitter ou faire la rupture avec l’exportation de nos produits agricoles dans lequel des puissances mondiales veulent nous y confiner et a cet effet en commencant a produire, transformer et surtout consommer notre production naltionale ; avant d’exporter le surplus. Du reste, la Revolution d’Aout 1983 avec le President Thomas Sankara avait vu tres juste. En proclamant et en pratiquant autant que possible Une Economie Nationale Planifiee et Autosuffosante en transformant radicalement les structures de l’economie dans tous les secteurs, il posait les bases fondamentales du decollage de notre pays en l’espace d’une vingtaine d’annees. Avons nous actuellement ou aujourd’hui des dirigeants politiqued capables de remettre en cause les fondements sociaux, economiques et culturelles qui nous sont imposes par la Mondialisation qui toujours existee sous une autre appelation tel le capitalisme international qui ecrase tout sur son passage ? C’est la question essentielle. Salut.

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