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Balé : Divergence ou incompréhension autour de la Zone commerciale de Fara dans les Balé

Publié le mercredi 3 août 2005 à 08h49min

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A la suite du lotissement de la commune de Fara située à 190 km au Sud de Ouagadougou, les autorités administratives, de concert avec les populations ont initié la parcellisation d’une zone commerciale au sein du marché au profit des commerçants.

L’opération qui devrait permettre l’essor économique de Fara (du fait de l’importance de son marché) n’est pas du goût de tous : si les uns l’approuvent, les autres la rejettent. Sidwaya a rencontré les différents protagonistes de la zone commerciale de Fara avec une population cosmopolite en raison de l’importance du commerce réunit tous les 6 jours, des commerçants de divers horizons du Burkina, mais aussi du Ghana dont la frontière est à environ 80 km.

En 2001 avec les commerçants initiateurs du lotissement de la zone commerciale, les autorités administratives et coutumières, ont décidé de l’attribution d’une partie. A cet effet, une commission a été mise sur pied pour conduire l’opération sous la houlette du préfet-maire de l’époque, Zakaria Paré. Pour Hamidou Ouédraogo, secrétaire administratif de l’Organisation nationale des syndicats libres (ONSL) de Fara, ce sont au total, 75 parcelles qui ont été réservées pour la zone commerciale.

L’engouement des commerçants pour cette zone continue de faire de vives polémiques. "La commission chargée de l’attribution n’a pas respecté les critères, car normalement quand on dit zone commerciale, ce sont les commerçants qui sont les premiers bénéficiaires et ensuite, les autres ", lance Hamidou Ouédraogo. Selon ses explications, les critères fixés au début voulaient que tout demandeur de parcelle dans la zone dispose d’un compte bancaire, d’une adresse et soit enregistré au registre du commerce. En ne respectant pas ces critères, selon M Ouédraogo, cela aurait permis à bon nombre de personnes dont des membres de la commission de déposer des demandes pour seulement 75 parcelles.

L’attribution s’est faite une nuit ?

Parlant de l’attribution, Dominique Zongo, le premier responsable de l’Organisation nationale des syndicats libres (ONSL) à Fara soutient que sur les 75 parcelles à dégager, ce ne sont que 22 qui sont revenues aux commerçants. Selon lui, l’attribution s’est déroulée nuitamment et le lendemain, la liste des attributaires a été affichée à la préfecture. Les bénéficiaires sont entre autres, des fonctionnaires, des femmes de commissaires ou de gendarmes, d’élèves et de certaines personnes n’ayant jamais postulé. On nous apprend qu’un policier originaire du département résidant à Gaoua a tout simplement rejeté l’offre parce que n’ayant jamais demandé.

Parmi les membres de la commission d’attribution, il y a l’ancien délégué administratif villageois de Fara, Kalfara Zonou qui réfute les propos que tiennent les responsables de l’ONSL : "Pendant le lotissement à usage d’habitation, on avait dit à tous ceux qui avaient des maisons dans la zone commerciale qu’ils vont bénéficier, mais d’autres ont revendu et certains n’ont même pas construit".

A la fin des attributions, poursuit le délégué, on a convoqué les commerçants ainsi que leur bureau pour leur montrer les travaux. Après avoir félicité la commission, ils sont revenus trois jours après pour dire au préfet qu’il y a des mécaniciens qui n’ont pas eu de places et demandent par conséquent, de voir leurs cas. Le préfet a accepté et a précisé que le mécanicien en principe n’avait pas besoin de construire une boutique pour exercer ses activités. Un hangar lui suffisait et qu’il allait faire quelque chose à leur endroit. En plus des mécaniciens, explique le délégué, il y a aussi que les vendeurs de mil n’avaient pas bénéficié de terrain.

Le préfet a encore promis de voir cette situation. Quelques temps après, ils sont revenus à la charge : face à la lenteur dans la résolution de leurs doléances, ils avaient envisagé de marcher pour protester contre l’administration. Informé, le chef coutumier du village Fara qui a joué au médiateur, a demandé de surseoir à la marche pour qu’il prenne contact avec le préfet pour une résolution du problème. Pour le préfet, le règlement du problème ne dépendait pas uniquement de lui seul. Il fallait compter avec l’appui de ses supérieurs hiérarchiques.

Selon I’ex-délégué administratif villageois, M. Kalfara Zonou, ceux qui s’opposent à cette attribution ne veulent pas le développement de Fara. Celui qui est au- devant des meneurs veut qu’on lui laisse faire l’attribution à son seul profit. Ce qu’il n’ose pas faire dans son village d’origine, martèle M Zonou. Parmi ceux qui rejettent le lotissement, figure Gilbert Règma Yaméogo qui estime qu’il hérite de la place qu’occupait il y a plus de 40 ans, son défunt frère, Marcel Yaméogo ayant contribué avant sa mort au lotissement.

Il dit avoir déposé une demande pour une place lui permettant de s’occuper de sa famille et surtout des orphelins. A sa grande surprise explique t-il, sa requête n’a pas été favorable et de surcroît, leur place a été attribuée à un autre commerçant du nom de Salif Dianda. "Je ne suis pas du tout d’accord ! C’est pourquoi j’ai commencé à construire ici. . .J’attends celui qui viendra me dire de déguerpir. On va aller où avec ces orphelins ?", proteste Gilbert Régma Yaméogo. Le vieux Kollo Sanogo Sanou, ne veut quant à lui que sa maison implantée sur la parcelle attribuée à une autre personne.

Malgré les mésententes, il y a certains qui investissent dans la zone litigieuse ? Les responsables de l’ONSL souhaitent qu’on reprenne l’attribution avec l’implication de tous les commerçants. L’administration pour sa part, promet de régler cette situation qui n’a que trop duré. Plusieurs rencontres ont été initiées à cet effet entre autorités provinciales et les différents protagonistes. La coordination provinciale des syndicats des Balé que pilote Djibilirou Fofana a été saisie par l’administration provinciale pour trouver le consensus dans la zone commerciale de Fara.

Selon le secrétaire général de la province, Edgar Sié Sou, des dispositions ont été prises pour régler définitivement la question. Le préfet de Fara, Hervé Bazié indique que suite aux malentendus, une zone a été dégagée et répartie, en fonction de chaque secteur d’activité (parking, mécanique, boucherie) pour prendre en compte les préoccupations soulevées. Ce que conteste Hamidou Ouédraogo de l’ONSL.

Rasmané Zongo
AIB-Boromo

Sidwaya

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