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<I>Une lettre pour Laye</I> : Les militaires braqueurs de Pô

Publié le vendredi 8 juillet 2005 à 08h21min

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Cher Wambi,

La semaine qui s’est écoulée depuis ma dernière lettre aura été riche en événements politiques qui déterminent déjà l’issue des joutes électorales à venir. Commençons par l’Alliance pour la démocratie et la fédération/Rassemblement démocratique africain (ADF-RDA) qui a tenu les samedi 2 et dimanche 3 juillet son premier congrès ordinaire.

Congrès de tous les dangers ? A cette interrogation, les congressistes ont répondu par l’affirmative car, comme tu l’as certainement déjà appris, l’ADF-RDA de Me Gilbert Ouédraogo, chef de file de l’opposition, a refusé de combattre, préférant s’aligner derrière le candidat du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), le président sortant Blaise Compaoré.

Et pour ne pas rester au portillon de la forfaiture, l’héritier politique du duc du Yatenga s’est en même temps débarrassé de sa tunique, si pesante, de chef de file de l’opposition, pour revêtir celle de chef de file de la mouvance présidentielle. Qui l’aurait cru, cher cousin ?

Bien des surprises, en tout cas, vont paver le boulevard menant à la présidentielle du 13 novembre, tant les appétits sont gargantuesques. Tu t’en doutes, le microcosme politique burkinabè est, depuis, secoué par cette pirouette historique qui n’en finit pas d’alimenter la chronique.

Même dans les chancelleries, on se gausse de ce jet d’éponge de Gilbert Noël Ouédraogo. Confidence d’un ambassadeur occidental, et pas des moindres : "Ce ralliement du chef de file de l’opposition à la cause de Blaise Compaoré décrédibilise la démocratie burkinabè". Bien sûr, au sein de l’ADF-RDA, on sent la grogne monter tant la déception est grande.

Qui a bien pu monter et perpétrer ce coup fumant au parti de l’Eléphant ? Pour ne pas te le cacher, cher cousin, tout le monde est devenu suspect. Et à ce qu’il paraît, Gilbert a convoqué le mercredi 6 juillet une réunion des députés et vice-présidents de son parti, une réunion au cours de laquelle le député Cyril Goungounga, lui-même vice-président, a été mis en accusation.

Motif ? On l’accuse, en effet, et entre autres d’être une torpille du CDP envoyée en mission de déstabilisation de l’ADF-RDA. Plus concrètement, on lui impute des tracts qu’il aurait écrits contre sa propre personne, et parus dans la presse ; des tracts qui tantôt le présentent comme celui qui animerait l’aile favorable au soutien de la candidature de Blaise Compaoré ; tantôt comme leader de l’aile favorable à une candidature de l’ADF-RDA. Va-t-on vers un divorce entre Cyril et Gilbert ?

Quelle que soit la réponse, cher Wambi, cela montre l’inconfort qui règne aujourd’hui au sein de ce parti ; Un proverbe moaga dit : "Wobg la biungu". En d’autres termes, "Quand l’éléphant décide de déféquer, il le fait en conséquence, de façon himalayesque". Mais cette fois-ci, cher cousin, c’est à se demander si notre pachyderme ancestral a encore quelque chose dans la panse.


"Le 3 juillet, je vais tout dire et mourir tranquille" ! Eh bien, cher cousin, le grand déballage promis par Laurent Bado, candidat de l’Opposition burkinabè unie (OBU) à la présidentielle 2005, et fait effectivement le jour de son investiture, fait aujourd’hui l’effet d’une bombe.

Sur la crise au sein de l’OBU et la corruption de la classe politique burkinabè, principalement de l’opposition, le président du Parti de la renaissance nationale (PAREN) a tout dit.

Principaux acteurs : Blaise Compaoré, Emile Paré (le président de l’OBU), Laurent Bado (vice-président de l’OBU) et un "mystérieux envoyé" qui a mis les trois hommes en contact ; celui-là même qui a convoyé les 30 millions de FCFA du PF, en deux tranches de 15 briques chacune, aux deux "intraitables" de la scène politique nationale, question de donner un coup de fouet à notre opposition.

A ce qu’il paraît, cher cousin, nombre de nos opposants ont bénéficié clandestinement de ce soutien financier de Blaise Compaoré. Il y aurait aussi bien des noms que des chiffres, connus du "mystérieux envoyé" de Laurent Bado et d’Emile Paré.

Tu voudrais savoir quels sont ceux de nos opposants qui sont passés à la soupe présidentielle, mais moi je formulerai la question autrement, la liste des bénéficiaires étant longue : que celui des opposants qui n’a rien de Blaise Compaoré reçu lève le doigt.

Vois-tu, cher cousin, le silence de tombe qu’observe la classe politique depuis le déballage de Laurent Bado m’intrigue. Emile Paré, "le Chat noir du Nayala", qui passe à l’offensive ce matin même à partir de 10 h 00 à la Maison de la presse Mohamed Maïga, aura-t-il de solides arguments pour contredire le professeur ? En attendant, si Blaise, lui, se frotte bien les mains en ce sens que le match est déjà plié, plus d’un voudraient savoir qui est le "mystérieux envoyé".

Serait-ce par hasard Roch Marc Christian Kaboré, Maurice Dieudonné Bonané, Salif Diallo ou encore un obscure garçon de courses présidentielles ? On le saura certainement si jamais Laurent Bado et Emile Paré venaient à être poussés à bout.

En attendant, au sein même du CDP, c’est la frustration ; les maîtres penseurs et autres gourous se demandent toujours comment une telle stratégie a pu être montée sans qu’ils soient consultés ou informés.

C’est te dire, cher cousin, que de nos jours, au sein de la classe politique burkinabè, chacun voit la tête du diable sur les épaules d’autrui. Quelle ambiance avant les élections !


Tipoko l’Intrigante, quant à elle, nous invite sur une autre scène à travers son carnet secret :

- Depuis bientôt deux semaines, les forces de sécurité dictent leur loi sur la nationale 3, l’axe Ouaga-Pô, contraignant ainsi les impénitents braqueurs à battre en retraite. Si ce n’est pas trop tard venu, s’exclament les usagers qui en ont fait les frais pendant bien des mois.

Mais si le calme est quelque peu revenu, on se demande toujours qui sont ces coupeurs de route qui ont toujours opéré en toute quiétude, de jour comme de nuit, en terrain hostile en principe, puisque le Nahouri et ses environs sont et demeurent le foyer incandescent de la Révolution d’août, le domaine réservé des militaires !

De sources concordantes, il ne faudrait pas aller loin pour chercher les chefs de gang, car ils se la couleraient douce à Pô même au vu et au su de tous. Seraient-ce des corps habillés comme Dame Rumeur le soutient ?

Il revient en tout cas que si les braconniers sont toujours pris dans la nasse des forestiers dans la même zone d’opérations, les braqueurs, eux, semblent avoir un visa de sortie de la forêt, où chaque vendredi ils sacrifieraient un taureau, tel que recommandé par leur protecteur occultiste niché non loin de là dans le Zoundwéogo. Mais qui oserait seulement s’attaquer à de tels demi-dieux ?

- Sâaba accueille ce samedi 9 juillet une marche du Collectif pour la défense de la Constitution (CODECO) à partir de 9 h 00, contre la faim et la cherté de la vie. Lieu de départ : Centre médical.

- L’Association des femmes juristes du Burkina Faso (AFJ/BF) se félicite du fait que, dans le cadre des activités de la Fédération des juristes africaines, réseau dont elle fait partie, des distinctions aient été décernées à des pionnières de la défense des Droits des femmes et des enfants dans les pays de chaque association membre. Ainsi, chez nous, mesdames Kaboré née Traoré Lucie et Ky-Zerbo Jacqueline, toutes deux enseignantes et combattantes de la liberté et pour le bien-être des femmes et des enfants au Burkina Faso furent honorées.

Ces prix leur ont été décernés lors du Ve congrès de la Fédération des juristes africaines, qui s’est tenu du 22 au 25 mars 2005 à Dakar, sur le thème "Droit des femmes en Afrique : bilan et perspectives au regard des stratégies prospectives de Nairobi et du programme d’action de Beijing".

Pour fêter cela, et à l’occasion de la nomination de leur Vice-présidente, Mme Ouédraogo Amina, au poste de Médiateur du Faso, les Femmes juristes du Burkina offrent un cocktail le vendredi 8 juillet 2005 à 18 h dans la salle de conférences de l’Eau Vive à Ouagadougou.

- En vue de développer la solidarité entre eux et d’œuvrer au plein épanouissement des populations de l’ex-canton de Ouéguédo dans le département de Tenkodogo, province du Boulgou, les anciens élèves des écoles (ex-école rurale et école primaire) dudit village se sont constitués, en juillet 2004, en Association dénommée Beog Yinga (ABY).

La sensibilisation et l’appui des populations à l’autoprise en charge et la promotion de l’éducation de base figurent dans les priorités de l’Association. Dans cette perspective et en guise de lancement officiel de ses activités, l’ABY célébrera le 09 juillet 2005 à partir de 10 heures les 42 ans d’existence de l’école primaire sous le parrainage de Madame Odile Bonkoungou, Secrétaire générale du Gouvernement et du Conseil des ministres.

Cet anniversaire, qui est placé sous le thème « Solidarité et progrès », sera marqué par les manifestations ci-après :
- un défilé des différentes promotions ;
- des remises de prix d’un tournoi de football organisé avec la collaboration de six (6) écoles des villages environnants, y compris des dons de fournitures et de tables-bancs à l’école ;
- une remise de certificats de reconnaissance et de cadeaux aux enseignants ;
- une plantation d’arbres.

Tipoko l’Intrigante n’apprend rien d’elle-même, elle n’invente jamais rien. Tipoko l’Intrigante est un non-être. Elle n’est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l’intuition c’est la faculté qu’a une femme d’être sûre d’une chose sans en avoir la certitude..."

Ainsi va la vie.

Au revoir.

Ton cousin

Passek Taalé.

L’Observateur

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