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Marigot Houet : Les silures sacrés, décimés par de l’eau souillée

Publié le jeudi 23 juin 2005 à 07h19min

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Sale temps pour les silures sacrés du marigot Houet que ce 21 juin 2005.

En effet, une eau noirâtre, moussante par endroits a envahi le lit de ce cours d’eau qui traverse du sud au nord la ville de Sya, mettant en péril leur existence.

Lorsque l’équipe de reportage de Sidwaya est arrivée au marigot Houet, c’est à une course contre la montre qu’elle a assistée. De nombreux jeunes bobo ont investi le cours d’eau sur toute sa longueur, en train de plonger leurs mains dans l’eau souillée pour en retirer les silures et les remettre dans de petites retenues d’eau plus propres. « Si nous ne faisons pas comme cela, tous les silures vont mourir », nous confie Lacina Sanou.

Arrosoir à la main (c’est un jardinier au bord du marigot), il lance des ordres un peu partout et recueille de l’eau propre qu’il déverse dans les petites retenues en question. Il y place quelques silures qui ont été sortis de l’eau. Certains sont presque mourants lors qu’ils sont retirés de l’eau et d’autres bavent.

Les jeunes ont passé toute leur matinée à vouloir tirer les silures de leur infortune. Ces poissons, il faut le souligner, sont sacrés chez les Bobo qui les considèrent comme des divinités.

En dépit de leurs efforts, un nombre important de silures n’a pas survécu. C’était donc le deuil chez les Bobo, notamment à Dioulassobà où une rencontre a été convoquée afin de parler de l’enterrement de ces silures et de leurs funérailles. Il faut rappeler qu’il y a un peu plus de deux (02) ans, une eau du même genre avait décimé des centaines de silures sacrés dans le même marigot. Pour leur enterrement, les Bobo avaient alors utilisé des linceuls dans lesquels ils avaient auparavant enveloppé ces poissons. Pour ce cas-ci, ce sera certainement la même chose.

La SN-CITEC coupable ?

Au marigot, c’est la SN-CITEC qui était montrée du doigt par les jeunes Bobo. « Tenez, ce sont les rejets de SN-CITEC. Pour preuve, l’eau mousse par endroits. C’est le rejet des résidus de savon », précise un autre jeune. Approchée, la SN-CITEC, la main sur le cœur affirme ne pas être à l’origine de cette eau noirâtre qui a pollué le marigot Houet. « Il y a quelques années, la SN-CITEC rejetait effectivement ses déchets liquides dans le marigot Houet, mais maintenant, c’est fini avec la station d’épuration et de traitement des déchets que nous avons à l’usine » confie Bertrand Noël, le directeur d’exploitation.

Son adjoint, Adama Barro, est encore plus précis : « l’usine est arrêtée actuellement et depuis janvier 1998, nous avons une chaîne de neutralisation en phase miscella, c’est-à-dire que nos déchets sont dilués dans des solvants », affirme-t-il. Il fait visiter par l’équipe de reportage, la station d’épuration, fonctionnelle depuis février 1999. Cela ferait de l’usine, la seule unité de la zone industrielle, une pionnière en la matière. La station aurait coûté la somme de 400 millions de francs CFA pour son installation et serait entretenue à hauteur de 150 millions par an. La SN-CITEC a donc rejeté en bloc cette accusation. D’où est venue alors cette eau souillée ? Sidwaya n’a pu remonter le cours du marigot, mais la police était sur les lieux pour un constat. Affaire donc à suivre.

Sidwaya

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