Ce ne sont pas Boutros-Boutros Ghali et Abdou Diouf qui diront le contraire, eux qui ont été chargés, l’un après l’autre, de représenter le visage de la francophonie dans le concert des Nations.

C’est vrai que de ce côté-là, la mayonnaise n’a pas encore bien pris, mais il y a des orientations qui ne trompent pas. De la communauté de langue, on est passé rapidement à la communauté de destin dans un monde anglophone (il ne faut pas avoir peur de l’indexer), qui envahit même notre intimité, ne serait-ce que par les ’’ON’’ et ’’OFF’’ de notre matériel électroménager que nous tripotons au quotidien. Entre la francophonie plurielle et l’idée de faire ’’avancer’’ le français, le yoyo persiste encore, car, bien que symbole de cette diversité, le mooré par exemple n’a pas encore voix au chapitre dans les amphis français, pas plus que cette langue des Mossé n’a de chance d’être enseignée en RDC ou au bord du Djoliba.

Le partage reste dans le domaine de la pensée et il subsiste quelques brèches à l’Académie, où les Immortels du Sud se comptent sur le bout des doigts. Et pourtant, tout le monde s’accorde à penser que l’avenir du français se jouera hors des frontières de l’Hexagone. Le commonwealth ne se portant pas mieux, la francophonie peut se réjouir de ses petits pas sûrs dans les domaines des sciences, de l’éducation et du développement. On ne construit pas une maison en un seul jour of course ! Oh pardon ! bien sûr !

A.Kallo
Journal du Jeudi (du 20 au 26 mars 2003)