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Forum de la société civile : Partenariat et dialogue continue dans l’espace francophone

Publié le lundi 25 octobre 2004 à 07h32min

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Sous l’égide de l’OIF et de l’AIF, le gouvernement du Burkina Faso a organisé du 20 au 22 octobre 2004, le premier forum de la société civile sur le thème : "La Francophonie, espace solidaire pour un développement durable : rôle et contribution de la société civile". La rencontre s’est terminée sur des notes de satisfaction au regard du rapport de synthèse des travaux qui fera office d’appel à l’endroit des chefs d’Etat et de gouvernement lors du 10e sommet.

"Ce que nous avons voulu, c’était de vérifier que les deux pôles de concentration (Société civile et le pouvoir d’Etat) peuvent développer des capacités communes et que vous pouvez à travers vos réflexions exercer une véritable additionnalité à l’amélioration de la réflexion des chefs d’Etat les 26 et 27 novembre prochain". C’est en ces termes que s’est exprimé le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération régionale en présidant la cérémonie de clôture du forum. Très satisfait du rapport général de synthèse et de la profondeur des analyses, il a indiqué qu’un tel travail est le fruit de ce que "la Société civile dans sa diversité et sa pluralité peut apporter à la réussite du 10e Sommet mais également de ce qu’elle peut faire pour se perpétuer comme institution et continuer d’apporter aux cinq cent (500) millions de Francophones de notre espace". A son humble avis, partenariat et dialogue continus et soutenus doivent être les maîtres-mots de la démarche entre structures gouvernementales et intergouvernementales au service des populations qui ne demandent que du développement durable ; "un développement qui s’appelle santé primaire, eau potable, habitat, nourriture".

Ce qu’il faut retenir

Des onze (11) communications livrées en plénière et des travaux en ateliers autour des quatre thématiques (société civile dans l’espace francophone ; lutte contre la pauvreté ; genre, droits de l’Homme et démocratie, enfin paix et bonne gouvernance) les réflexions ont dans leur ensemble porté sur la nécessité du renforcement des capacités des organisations de la société civile, leur indépendance, la nécessité d’une solidarité plus active entre les organisations de la Société civile dans l’espace francophone.

Les participants espèrent ainsi pouvoir lutter contre les effets pervers de la mondialisation, contre l’accroissement des inégalités spécifiquement au niveau des femmes, des enfants, contre le phénomène de la corruption à tous les niveaux, enfin contre le surarmement accru et la prolifération des armes légères surtout en Afrique de l’Ouest et l’exploitation abusive des ressources naturelles.

Le droit d’ingérence humanitaire pour mettre fin aux conflits

Au forum de Ouagadougou, les composantes de la société civile ont tenu à interpeller les décideurs sur le respect des droits et de la dignité des migrants dans l’espace francophone. Elles estiment que la solidarité qu’elles veulent plus active entre elles, suppose le droit d’ingérence humanitaire pour mettre fin aux conflits pour le respect du droit à la vie. Ainsi, tout en rappelant les engagements contenus dans la Charte de l’OIF et la déclaration de Bamako en 2002 en ce qui concerne les droits des femmes, la protection de l’Etat de droit et de la démocratie, la lutte contre l’impunité, les violations des droits de l’Homme, la formation et l’accès à l’information sur les droits de l’Homme, la démocratie et la paix, elles attendent à ce que l’OIF et l’AIF fassent une évaluation de la mise en œuvre de cette déclaration en partenariat avec la société civile.

Parlant de la lutte contre l’appauvrissement des peuples, les propositions de solutions ont surtout porté sur l’annulation de la dette avec rapatriement des fonds des dirigeants véreux et poursuite judiciaire. Tout en déplorant le fait que des secteurs vitaux tels que l’eau, la santé, l’éducation et l’agriculture n’obéissent aujourd’hui qu’aux seuls impératifs financiers et économiques, les participants ont reconnu qu’ils devraient accentuer leur contribution à l’éducation et à la formation des citoyens.

A l’endroit des médias, appel a été fait pour plus de professionnalisme et la culture de la tolérance. L’approche genre n’a pas échappé aux participants qui ont milité en faveur de l’ingérence des femmes dans les mécanismes de gestion et de prévention des conflits. En attendant de trouver les voies et moyens de pérenniser de telles rencontres et n’ayant pas trouvé la formule adéquate devant faire office d’appel à l’endroit des chefs d’Etat et de gouvernement lors du 10e Sommet, c’est le rapport général de synthèse et les conclusions des travaux en ateliers annexées qui seront soumis, comme contribution de la société civile au débat sur le développement durable.

Ismaël BICABA (bicabai@yahoo.fr)


DANS LES COULISSES

Un projet d’appel rejeté, des querelles dans la définition des concepts, des susceptibilités ménagées, des consensus sont les humeurs qui ont marqué le déroulement du premier forum de la société civile francophone de Ouagadougou. L’équipe de Sidwaya rapporte quelques images fortes des concertations et de l’ambiance du déroulement des travaux.

Le rapport final à défaut de l’appel de Ouagadougou

Les travaux du premier forum de la société civile de l’espace francophone se sont achevés le 22 octobre à Ouagadougou sans pouvoir rédiger un appel à soumettre au Xe sommet des Chefs d’Etat et de gouvernement. Le projet d’appel lu en plénière n’a pas donné satisfaction à l’assistance. Il est reproché à la proposition faite de ne pas être assez explicite sur les actions à soumettre aux gouvernants des pays francophones. Certains intervenants estimant le rapport final mieux reflété les préoccupations de la société civile, ont proposé de soumettre ce document à l’appréciation des décideurs de l’espace francophone plutôt qu’un appel ne contenant pas "des recommandations concrètes et opérationnelles". Il a été demandé au comité d’organisation d’annexer au rapport final les rapports des travaux en atelier afin de mieux faire ressortir les préoccupations évoquées lors des 72 heures de concertation de Ouagadougou.

ONG et société civile

La définition du concept de "société civile" a constitué un vrai casse-tête lors du forum de Ouagadougou. Un consensus a été trouvé par l’adoption de la méthode inclusive pour élargir le concept. Malgré cette largesse de vue, certaines réalités sociales modernes débordent du cadre et ont de la peine à se faire cataloguer dans le registre de la société civile. C’est le cas de certaines institutions sous-régionales et internationales comme l’UIDH, Amnesty international et autres structures dont les tentacules débordent des espaces transnationaux.

Langues locales, langues nationales, langues partenaires

L’usage du terme "langues locales" par le rapporteur de l’atelier "Société civile : genre, droits de l’homme et démocratie" a soulevé la désapprobation de certains participants. Biffez le terme de langues locales, et mettez en place "langues nationales" a ordonné une participante qui n’a pas manqué de justifier que la première formulation était péjorative. Malencontreusement, le rapporteur étant un francophone du Nord, cela a créé un malaise que le président du forum en bon diplomate a atténué. L’expression consacrée aujourd’hui est "langues partenaires", indique l’ambassadeur Jean Baptiste Ilboudo.

Lutte contre la pauvreté ou lutte contre l’appauvrissement

L’ atelier ayant traité le thème "Société civile et lutte contre la pauvreté : équité et solidarité" a dans son rapport amendé l’intitulé du sujet. L’atelier dit préférer la dénomination "Lutte contre l’appauvrissement" plutôt que le terme pauvreté.

L’ argument est que les pays francophones de l’hémisphère sud sont riches sur bien des plans, mais ils s’ appauvrissent du fait de l’ instauration de certains rapports et contraintes inéquitables. Si culturellement, sociologiquement et écologiquement ces pays possèdent des potentialités évidentes, économiquement
ils sont à la traîne. Une des explications en serait les PAS et autres contraintes de la mondialisation qui leur sont dictées.

Clin d’oeil de l’OIF et de Famille solidaire

L’Organisation internationale de la francophonie et Famille solidaire (une association burkinabé) ont investi le hall de la salle de conférence de l’UEMOA pour mener des actions de communication.

Placée bien en vue de la porte d’ entrée, le stand de l’OIF attire le regard par des tableaux d’affichage arborant son logo et ses domaines prioritaires d’intervention : éducation, communication... Le visiteur voit sa curiosité
satisfaite par la possibilité d’ emporter un lot de documents parmi lesquels la déclaration de Bamako.

Occupant un stand voisin à celui de l’OIF , Famille solidaire cible les étrangers dont le regard est vite attiré par la kyrielle d’objets d’artisanat accrochés ou disposés sur des tables : pagnes tissés, sac à main en cuir, chapeau de Saponé.
Un vrai régal des yeux. Interrogée sur sa présence en ces lieux, une tenancière d’un des stands explique que l’objectif est "non pas de vendr,e mais de nouer des contacts". "Nous avons surtout distribué nos cartes d’adresse", a-t-elle expliqué.

Les populations analphabètes sont-elles francophones ?

Les populations de l’espace francophone analphabètes ou alphabétisées en langues nationales, sont-elles à comptabilisées parmi les francophones est la question posée lors d’une des 11 plénières ayant marqué le forum. Pour l’OIF, la population des francophones avoisine le demi-milliard des habitants de la planète. Mais si l’ on considère que le qualificatif francophone ne sied qu’à celui qui maîtrise la langue de Molière, les pays du Sud verront ce nombre amputé de 60% de cette population dans le meilleur des cas.

Désir d’indépendance et réalité économique

Dans une résolution, les participants au premier forum de la société civile de l’espace francophone ont dit leur désir de formaliser ce cadre de rencontre. Des propositions faites, la rencontre sera biennale et se tiendrait à 3 mois avant la rencontre au sommet des Chefs d’Etat et de gouvernement. Les discussions se sont attardées sur comment financer une telle rencontre. Prenant en compte l’indépendance financière comme gage d’autonomie, certains participants ont estimé irréaliste la résolution au regard de la capacité financière de bon nombre de structures. D’autres ont mentionné le risque de voir aliéner leur indépendance en demandant le financement de la rencontre par les Etats ou des institutions comme l’OIF .En guise de solution, le compromis trouvé est la contribution de la société civile et celle d’autres partenaires dont les Etats et les institutions internationales .

Une compilation
de Oumarou Saïdou CAMARA

Sidwaya

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