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Forum de la société civile : L’ingérence humanitaire lorsque la sécurité des personnes n’est plus assurée

Publié le vendredi 22 octobre 2004 à 06h29min

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Le forum de la société civile qui s’achève ce soir a été marqué, hier jeudi par les communications sur la bonne gouvernance, la paix et la sécurité. Des exposés introductifs au débat en atelier qui se poursuit cette matinée à la salle de conférences de l’UEMOA à Ouagadougou.

Un constat, les participants montrent un grand intérêt pour les thèmes abordés. En témoignent le grand nombre d’interventions après chaque communication mais aussi et surtout la pertinence et la passion qui se dégagent des contributions. Retour sur les grands moments des exposés mercredi et jeudi.

Abordant la question genre, droits de l’homme et démocratie dans l’espace francophone, les délégués au forum ont dressé un tableau sombre des réalités sur le terrain. Si dans la plupart des pays, ils ont relevé des avancées notamment en ce qui concerne les cadres législatifs, ils dénoncent soit des lenteurs dans l’adoption des textes d’application, soit une faible voire une non application de ceux-ci.

"Tous les Etats de l’espace francophone ont quasiment ratifié les conventions internationales dans le domaine du genre, de l’égalité homme/femme, des droits de l’homme et des enfants. Seulement, à l’exception du Maroc où les avancées sont significatives, dans le reste des Etats, les femmes sont encore victimes d’atteinte à leur intégrité", indique M. Mabassa Fall. Il cite le cas des mariages forcés et précoces au Congo-Brazaville et au Tchad où les codes civils prévoient que la femme est échangée contre une dot à l’occasion du mariage.

Le travail des enfants épinglé...

Il cite aussi le Bénin où plus de 49 000 enfants sont employés dans les ménages et les travaux agricoles. A Haïti, ce sont, selon M. Fall, 300 000 enfants dont 80% de fillettes qui sont soumis à l’esclavage.

M. Fall n’oublie pas ces malades du Sida dont 58% sont des femmes adultes en Afrique surtout dans sa partie Nord.

Il n’oublie pas l’excision qui est encore pratiquée dans nos pays. A ce niveau, il voudrait voir le Xe Sommet de la Francophonie interpeller la Guinée pour qu’elle prenne enfin les textes d’application de la loi contre la pratique de l’excision.

Environ 130 millions de femmes africaines ont déjà subi des mutilations génitales avec les conséquences que l’on connaît.

Il souhaite aussi que le Niger soit interpellé par la Francophonie sur la faible représentation des femmes (une (01) seulement) dans son parlement.

Autre problème abordé par le forum, la mixité des prisons au Congo-Brazzaville et la fixation de l’âge du mariage à 18 ans pour l’homme et la femme en Mauritanie.

Des problèmes similaires...

"Partout, ce sont les mêmes problèmes, à peu de choses près que ce sont les femmes et les enfants qui en pâtissent le plus", indique Mme Clémence Ilboudo du Burkina. Mme Delphine Nana du Cameroun veut bien croire que tout espoir n’est pas perdu. Elle préconise alors un renforcement des capacités de la société civile et surtout une mobilisation de celle-ci aux côtés des autorités pour un mieux-être des populations. Elle y croit d’autant plus que dans son pays, le couple société civile/Etat a remporté des victoires notamment dans le domaine de la promotion de la famille.

Une recette à consommer avec modération estime Dieudonné Yaméogo (REN-LAC/Burkina) car lorsqu’il s’agit de lutte contre la corruption, le partenariat peut déboucher sur une perte d’indépendance de la société civile voire son aliénation au pouvoir politique. Toutefois, reconnaît-il, "toute seule, la société civile ne peut parvenir à une réelle transparence et à une bonne gestion des affaires publiques".

Droit d’ingérence humanitaire ?

Jean-Louis Roy du Canada pense que la communauté internationale doit parfois savoir prendre ses responsabilités et mettre au besoin certains Etats sous tutelle lorsque la sécurité des personnes et des biens n’est plus assurée par les gouvernements en place. Il en appelle donc à une ingérence humanitaire dans les affaires intérieures des nations et s’insurge contre la militarisation du monde.

Trop d’armes circulent dans l’espace francophone alors que les médicaments, la nourriture font défaut.

"Il faut un contrôle de ce commerce en accordant toute la place à l’ONU pour la prévention et la gestion des conflits. Cela éviterait les délicatesses que l’on a vues avec la RDC et le Darfour où il y a eu des milliers de morts", insiste M. Roy. Il pense que la RDC notamment devait être placée sous tutelle onusienne. En attendant, préconise Alioune Tine du Sénégal, il faut une formation pardon une sensibilisation citoyenne des politiques et particulièrement des intellectuels francophones. "Bien souvent, ils sont à l’origine des problèmes de gouvernance, de paix et de sécurité. L’exemple de la Côte d’Ivoire confirme si besoin en était cette constatation" conclut M. Tine.

Victorien A. SAWADOGO (visaw@yahoo. fr)
Sidwaya

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