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Arrestation d’un agent de la sécurité pénitentiaure à Bobo-Dioulasso : Le SYNAJ accuse... Le maire Koussoubé se défend

Publié le mercredi 25 mai 2005 à 07h42min

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Le maire de la commune de Bobo-Dioulasso, Célestin Koussoubé a animé une conférence de presse en fin de matinée, le 24 mai 2005, dans son cabinet. Cette rencontre avec les hommes de médias avait pour objectif de réagir à une déclaration du Syndicat national des agents de la justice (SYNAJ) parue dans le quotidien « Le Pays » du 24 mai.

C’est un maire très en colère qui s’est adressé aux hommes de médias. Il s’est appesanti sur ladite déclaration pour dire que le Garde de sécurité pénitentiaire (GSP) n’a pas été brutalisé encore moins menotté bien qu’il ne fût pas en tenue. Le commissaire de la police municipale qui a pris part aux échanges a corroboré ses propos.

Le GSP aurait simplement été gardé pendant une demi-heure dans les locaux de la police municipale puisqu’un coup de fil du procureur a permis de le libérer. Le maire a martelé qu’il ne laissera plus jamais les détenus, même s’ils sont accompagnés de GSP couper les arbres dans la ville de Bobo-Dioulasso. Il affirme avoir suffisamment parlé, écrit et sensibilisé (documents à l’appui) sur cette coupe anarchique de bois dans le périmètre municipal.

Il se dit indigné d’autant plus qu’il donne souvent du carburant et un camion de la voirie à la maison d’arrêt pour la coupe du bois, mais précise-t-il, hors de la ville. « Et lorsque la mairie fait élaguer des arbres, elle donne du bois à la maison d’arrêt », poursuit-il. Il affirme être le garant du patrimoine communal. « A ce rythme, dit-il, il n’y aura plus d’arbre à Bobo-Dioulasso puisque même les arbres frais sont abattus ».

Et de brandir des photos d’arbres frais qui auraient été abattus par des détenus. Le maire affirme enfin qu’il est d’accord qu’il faille nourrir les détenus, mais pas en coupant les arbres en ville. Il a ajouté en martelant qu’ « ils ne couperont plus un seul arbre à Bobo-Dioulasso » tant que lui sera maire. Pour ce point de presse, le maire Célestin Koussoubé était entouré du commissaire de la police municipale, du directeur de cabinet et du conseiller juridique de la commune.

Urbain KABORE
Sidwaya


Syndicat national des agents de la justice (SYNAJ)

Suite à l’arrestation d’un de ses membres, Assane Koné sur recommandation du maire de Bobo-Dioulasso, Célestin Koussoubé, le SYNAJ à travers cette déclaration, dénonce "la violation" des règles élémentaires de la gestion de la ville de Bobo-Dioulasso.

Déclaration du Syndicat national des agents de la justice (SYNAJ)

La bonne gouvernance est un fait capital dans le processus démocratique en cours dans notre pays. Son renforcement requiert des personnes chargées de sa mise en œuvre, une hauteur de vue. Le SYNAJ à travers cette déclaration, est amené à porter à la connaissance des populations de Bobo et d’ailleurs son constat que les règles élémentaires de la gestion de la cité sont bafouées avec bonheur dans la cité de Bobo-Dioulasso.

En effet, le Syndicat national des agents de la justice prend l’opinion nationale à témoin et tient à affirmer ici, toute son indignation et sa désapprobation quant aux comportements peu orthodoxes et peu recommandables de M. Célestin Koussoubé, maire de Bobo-Dioulasso et de sa police municipale à l’égard de notre camarade Assane Koné , agent de la Garde de sécurité pénitentiaire en service à la Maison d’arrêt et de correction de Bobo-Dioulasso. Nous choisissons volontairement de taire tous les propos indécents tenus à l’encontre des autorités judiciaires. Que s’est-il passé ?

Le 27 avril 2005, notre camarade désigné pour une corvée bois, accompagnait cinq détenus à cet effet.

La corvée bois, ici consiste à aller chercher du bois de chauffe pour les besoins de la cuisine des populations carcérales et cela ne se passe guère à l’insu des techniciens des Eaux et forêts. Tout cela se passait dans le quartier Koko de ladite ville où il y avait trois troncs d’arbres morts. Pendant que les détenus s’affairaient à fendre ces bois, à côté, se trouvait un manguier sous lequel étaient assis des gens. Ceux-ci ont approché l’agent qui accompagnait les détenus pour lui demander s’il pouvait débarrasser le manguier de ses branches mortes qui, souvent, leur tombent sur la tête. Etant à la recherche de bois, notre camarade n’a trouvé, légitimement, aucun inconvénient à cela.

Le moment donc où les détenus débarrassaient l’arbre de ses branches inutiles, coïncidait avec le passage de M. le Maire qui s’arrêta et interpella Assane Koné, notre camarade. Celui-ci connaissant la qualité de celui qui l’interpellait, déféra à son appel ; en bon militaire, il se présenta et lui expliqua l’objet de sa mission.

Pour toute réplique, « il avança qu’il ne voulait plus voir couper ses arbres aux motifs de nourrir nos prisonniers et que d’ailleurs, il procédait à son arrestation. » Il fit venir ses policiers qui, manu militari ont empoigné, brutalisé, menotté et jeté dans leur bâchée pour être conduite à leur base, une personne qu’ils savaient eux-mêmes être en mission. Heureusement que les détenus se sont bien conduits et ont conduit la mobylette P50 de leur « surveillant » à la maison d’arrêt. Ces policiers, péniblement intelligents et cultivés ont obéi à un ordre manifestement illégal et en outre, ils n’avaient ni la qualité ni la compétence pour ainsi agir.

Certes, nous respectons la volonté de M. le Maire qui s’échine par tous moyens, même illégaux, à protéger les arbres de sa commune, y compris ceux qui sont morts, mais nous nous élevons contre ce type de comportement et n’admettrons plus jamais une telle bavure à l’égard d’un de nos militants. Car la réplique sera désormais à la hauteur de la provocation. Il faut l’avouer, cela relève purement et simplement d’un défi à notre endroit. Sinon, est-ce à M. Assane Koné qu’il faut réellement s’en prendre ? Etait-il à Koko avec les cinq détenus de son propre chef ? La prison de Bobo-Dioulasso n’est-elle pas située au sein de la commune de monsieur le maire ? Ne sommes-nous pas tous des prisonniers potentiels ? Et si les détenus, dont Assane Koné avait la surveillance, s’évadaient ? Et si la moto, de l’infortuné agent restée sur les lieux, disparaissait ? Et si enfin les éléments de la Garde de sécurité pénitentiaire de Bobo-Dioulasso ripostaient ? Voilà autant d’interrogations qui nous amènent à conclure avec véhémence, que le Chérif de la commune de Bobo-Dioulasso n’a pas agi avec intelligence et discernement. Et très humblement, nous pensons et souhaitons que M. le Maire et ses policiers daigneront présenter leurs excuses à notre camarade.

En tout état de cause, le syndicat ne saurait s’engager à contenir indéfiniment ses militants. Et monsieur le maire sera entièrement responsable de ce qui pourrait advenir.

A bon entendeur, salut !

Fait à Ouagadougou, le 23 mai 2005

P/ Le Bureau National
Le Secrétaire Général
Ibrahima Sory ZERBO
Tel : 70247799

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