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<I>Une lettre pour Laye</I> (20/05/05) : La lutte policière/Mouvement du 17 février

Publié le vendredi 20 mai 2005 à 08h00min

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Cher Wambi,

Hier, alors que l’astre du jour disparaissait lentement, mais sûrement à l’Ouest, le sorcier du village, Tiim-Kuilga, battait le rappel des anciens. Sous l’arbre à palabres, assis face à celui qui passait pour être le doyen, il leur tint à peu près ce langage : il est un phénomène qui prend de l’ampleur dans la cité et qui risque à l’avenir de créer un malaise profond si l’on n’y prend garde.

A l’exemple des pays côtiers, le Burkina Faso est, ces dernières années, envahi par de nombreuses sectes. Ouagadougou, Bobo-Dioulasso et Koudougou en sont l’illustration parfaite, où, chaque jour que Dieu fait, des maisons d’habitation sont transformées en lieu de culte, au mépris des textes et en dépit des désagréments que cela suscite pour le voisinage.

Est-il rare en effet, d’entendre des tam-tams au-delà de 22 h 00 ou quelqu’un entonner son "ditanyé" en solo sans le moindre égard pour les autres ?

A ces propos, seul le vieux "Taankobi", après avoir raclé bruyamment la gorge, répondit mais que veux-tu que nous fassions, si les autorités municipales feignent de ne rien voir ou entendre ? Il appartient à ceux-là qui clament batailler jour et nuit pour le bonheur de tous les Burkinabè de mettre de l’ordre dans la maison afin de prévenir les dérapages qui pourraient survenir si jamais... Mais ces messieurs d’en haut se soucient-ils seulement des résidants des bas quartiers !

A ces mots, "Tim-Kuilga" proposa à l’assemblée des anciens de s’en ouvrir au ministre de l’Administration territoriale et aux maires des différentes communes. Mais sera-t-il seulement entendu, cher cousin, en cette veille des consultations électorales ? Demain nous le dira si Dieu nous prête longue vie.


En entendant, il est un autre dossier qui fait grand bruit dans la cité ces jours-ci.

Tu me demandes en effet, cher cousin, si j’ai eu vent du plénum du comité central de l’Union de lutte policière, Mouvement du 17-février, dont les conclusions sont distribuées sous les manteaux.

Eh oui ! Même que j’ai reçu sa Déclaration n°3, qui rend compte de ses réunions des 19 et 25 avril 2005. Dans l’impossibilité de t’en livrer la teneur dans la présente, je me contenterai de relever que les 209 membres titulaires du comité central, à l’unanimité, ont réaffirmé leur reconnaissance au Président du Faso pour la très haute attention qu’il manifeste à l’endroit des policiers, leur loyauté envers les institutions républicaines et leurs remerciements à tous ceux qui ont concouru à la reprise des 500 policiers chassés de l’Ecole nationale de police en février dernier.

En revanche, cher Wambi, ils n’ont pas été du tout tendre vis-à-vis de leur ministre de tutelle et de la hiérarchie de la police nationale, qu’ils ont d’ailleurs descendu en flammes. Est-ce à dire que la crise au sein du corps de la police, qu’on croyait résolue une fois pour toutes, n’est qu’un volcan qui dort ? Difficile d’y répondre pour l’instant, cher cousin.


A quelques jours des examens scolaires, Rakiswuiligri Mathieu Ouédraogo, le ministre de l’Enseignement de base et de l’Alphabétisation (MEBA), doit avoir le sommeil troublé, et pour cause :

comment gérer la situation du personnel du Bureau des projets éducation (BPE) après sa suppression ? Cette question était, cher cousin, à l’ordre du jour de l’assemblée générale extraordinaire dudit personnel qui s’est tenue le 17 mai 2005.

Et les vingt-sept participants, au cours des travaux, ont fait les observations suivantes à leur ministre de tutelle : "On ne supprime pas un projet, on clôture un projet. Monsieur le ministre pourra parcourir tous les documents de référence relatifs à la mise en œuvre du PDDEB ; il n’a jamais été question de supprimer le BPE, mais de transférer ses compétences. Le personnel comprend mal tout cet acharnement à supprimer le BPE.

Supprimer une structure alors que celle qui doit prendre le relais n’est pas prête, en l’occurrence la DAF, qui, d’ailleurs, éprouve d’énormes difficultés à remplir les tâches multiples qui lui incombent.

Les conséquences de la suppression du BPE sont très dramatiques et plongent le PDDEB dans une situation confuse, de blocage et d’hypothèque de ses activités :
- arrêt de la quasi totalité des chantiers dans les provinces, alors que la saison hivernale s’installe ;
- non-démarrage des activités inscrites dans le plan d’action 2005 adopté depuis janvier 2005 ;
- non-achèvement des plans d’action 2003 et 2004 ;
- arrêt de la procédure des commandes de manuels et de fournitures scolaires pour la rentrée scolaire en octobre 2005 ;
- près de deux mois sans aucune activité et sans salaires pour 110 travailleurs ;
- non-réalisation des audits manuels, etc.

Monsieur le ministre Rakiswiligri Mathieu Ouédraogo, à qui cela profite ? Voilà entre autres, cher cousin, ce qui préoccupe le personnel du Bureau Projet Education. Certainement que dans les prochains jours, tu pourras lire dans les colonnes de l’Observateur paalga l’intégralité des conclusions de l’assemblée générale du 17 mai.


J’aborde la page politique maintenant pour te dire, cher cousin, que j’ai reçu le 18 mai 2005 de la Coalition Me Hermann Yaméogo une littérature en prélude à la présidentielle du 13 novembre 2005.

Ce document volumineux, daté du 10 mai 2005 que je ne puis malheureusement pas te proposer en intégralité, traite des thèmes suivants :
- préalables pour les élections à venir ;
- préalables relatifs aux atteintes à la Constitution et aux lois ;
- réhabilitation totale de la limitation du mandat présidentiel à deux termes ;
- retour au consensus électoral d’avant les élections de 2002 ;
- retour au calendrier électoral initial ;
- plafonnement des budgets de campagne des candidats et des partis ;
- vote des Burkinabè de l’étranger ;
- préalables liés aux réajustements et à l’approfondissement du processus électoral ;
- mesures relatives aux structures électorales et aux intervenants dans le processus électoral, etc.

Mais qu’est-ce que ces préalables annoncent ? J’avoue n’être pas plus avancé que toi là-dessus, cher cousin.

Alors que j’étais plongé dans la lecture de cette "Bible" politique du chantre du "tekré", voici que je reçois une lettre de démission de Mme Martine Yabré, datée du 17 mai 2005. Mme Yabré était précédemment trésorière adjointe du Bureau exécutif national de l’UNDD, dont le président n’est autre que Me Hermann Yaméogo.

Dans ladite lettre, Dame Martine Yabré ne dit point où elle parachute, mais justifie sa décision par la seule raison qu’elle serait désormais engagée corps et âme dans la société civile. Comme vous le savez, dit-elle au président de l’UNDD, le statut d’acteur de la société civile requiert neutralité et impartialité dans le discours et les actes. Toutes choses qui ne sauraient s’accommoder avec le statut de membre d’une instance décisionnelle au sein d’un parti politique.

Voulant savoir, cher cousin, quelle est la destination finale de Mme Martine Yabré, je me suis laissé dire qu’elle préside depuis le 5 mai 2005 aux destinées du CDEC, en d’autres termes le Collectif "devenons citoyens", dont le géniteur ne serait autre que Maurice Salvador Yaméogo, le patron du Rassemblement des démocrates pour le Faso (RDF) et ... frère cadet de l’autre.

Une réplique du collectif pour la défense de la Constitution (CODECO) ? Comme tu peux le constater, cher cousin, le duel politique que les héritiers de feu le président Maurice Yaméogo ont engagé s’invite sur tous les terrains. N’est-ce pas ceux d’en face qui rient sous cape ?


Comme toi, cher cousin, j’ai ouï-dire que l’Observateur paalga a été lauréat du Gambré d’or à l’occasion de la Semaine de l’Internet qui s’est tenue dans notre capitale du 09 au 14 mai 2005. Qu’est-ce que le Gambré d’or ?

Eh bien, c’est une distinction décernée par la Délégation générale à l’informatique (DELGI) aux sites les plus visités.

C’est ainsi que dans le domaine de la presse, cette distinction est revenue à l’Observateur paalga. Maintenant, que veut dire Gambré ?

C’est un mot mooré qui signifie filet, ou toile, mais son orthographe diffère d’une région à l’autre. Si dans la région du Nord ça s’appelle "Gambré", dans les régions du Centre-Sud, ça s’appelle Gambo. Donc Gambré ou Gambo d’or signifie Filet ou Toile d’or.

Je ne t’en dirai pas plus puisque l’Observateur paalga reviendra très prochainement sur l’événement à travers une interview réalisée avec le patron de la DELGI, M. Joachim Tankoano.


En attendant, cher cousin, voyons ce que contient cette semaine le carnet secret de Tipoko l’Intrigante :

- C’est enfin décidé, le Congrès extraordinaire du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) se tiendra les 17 et 18 juin 2005 à la maison du Peuple à Ouagadougou. L’événement qui en résultera sera certainement l’officialisation de la candidature de Blaise Compaoré à la présidentielle du 13 novembre 2005.

Imaginons déjà un tant soit peu l’émotion qui sera celle de l’enfant terrible de Ziniaré face à ses papys, tanties, amis, cousin et voisins au soir du 18 juin.

- L’Union nationale pour la démocratie et le développement (UNDD) tiendra son premier congrès ordinaire le 26 mai 2005 à Nouna, la capitale de la Kossi :
A l’ordre du jour :
- échanges sur la vie du parti ;
- mise en place des structures décentralisées du parti ;
- renouvellement et élargissement du Bureau exécutif national (BEN) ;
- prise de position par rapport à la présidentielle de 2005.

- Le général Ibrahim Traoré, nommé ambassadeur du Burkina Faso auprès du Royaume du Maroc, a embarqué le soir du 17 mai dernier pour rejoindre son nouveau poste à Rabbat. Notons que ce poste était vacant depuis la nomination de son ancien titulaire, Assimi Koanda, comme directeur de cabinet du Président du Faso.

- Heureux bénéficiaire de la grâce présidentielle à la faveur de la commémoration de la Journée nationale de pardon le 30 mars, le capitaine Boulédié Bayoulou, un des coaccusés du célèbre putsch d’octobre 2003, est désormais libre comme un poisson dans l’eau. Ainsi, le dimanche 15 mai dernier, il a tenu à aller dire merci à ses parents qui ont été à ses côtés pendant sa traversée du désert. A Tierkou dans le Mouhoun, c’est un monde des grands jours qui est sorti accueillir le revenant.

- A peine le général Gnassingbé Eyadéma a-t-il entamé sa marche vers le royaume des ancêtres que déjà des rapaces ont entrepris de se faire du beurre sur son dos. Cela est un avertissement gratuit à tous les amateurs de gain facile qui courent le risque de se faire plumer.

A travers le Net (lauriane@latinmail.com) sont envoyés ces temps-ci des messages d’un individu se disant Marc Eyadéma, fils de feu le président togolais. Il dit en tout cas résider actuellement au Bénin, où il aurait pu stocker une grosse fortune après le décès du père, et rechercherait maintenant des partenaires pour monter une société. Il aurait en liquidité plus de 17 millions d’euros.

Vraiment de quoi attirer même un éléphant dans un piège. Mais faites gaffe bonnes gens, car de telles propositions d’affaires, on en a déjà reçu après le décès de Chief Abiola et de Sanni Abacha du Nigeria, de Samuel K. Doe du Liberia. C’est simplement de la poudre à vos yeux. Restez donc sur vos gardes.

- Ce vendredi 20 mai 2005, de 21 h 00 à l’aube, le stade municipal de Ouagadougou abritera la cérémonie du Mouloud organisée par l’Association des ligues des femmes musulmanes du Burkina Faso, sous le patronage d’El hadj Oumarou Kanazoé, le président de la Communauté musulmane du Burkina Faso (CMB).

Cette veillée religieuse, qui sera suivie de bénédictions, commémore la naissance du prophète Mohamed S. A.W. Aussi, le guide El Hadj Mahamoudou Bandé, 1er secrétaire adjoint chargé des Affaires islamiques de la CMB, fondateur et guide général de la Ligue des femmes musulmanes, guide de la Ligue nationale des jeunes musulmans du Burkina, souhaite à tous la bienvenue.

- Le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) s’est réuni le 10 mai dernier de 10 h à 14 h sous le magistère de Blaise Compaoré, président du CSM. Il s’est penché sur de nombreux dossiers, dont l’étude qu’il a commanditée en juin dernier, qui devait se pencher sur l’état de la corruption dans la magistrature.

On se rappelle qu’une commission comprenant 5 membres avait été créée en juin 2004, pour enquêter sur ce phénomène. Au finish, cette étude a révélé que bien qu’existante, la corruption est difficile à cerner et que les preuves sont inexistantes.

Plusieurs recommandations ont néanmoins été prises au nombre desquelles il y a celle préconisant la création d’un code de déontologie des magistrats, qui viendra compléter les dispositions du statut de la magistrature. De même, tout cas de corruption soulevé fera l’objet d’une enquête. La commission, qui a effectué ce travail, était dirigée par Mme Dakouré Aridjata, actuelle présidente du Conseil d’Etat.

- Le différend opposant l’opérateur de téléphonique mobile CELTEL à son ex-chef de l’agence de Bobo, Désiré Bationo, a finalement connu son dénouement hier au tribunal de grande instance de Bobo-Dioulasso. Mis en cause et licencié le 17 juin 2004 dans une affaire de détournement de fonds dont le montant est estimé à environ cent millions de francs (100 000 000) CFA, monsieur Désiré Bationo, qui ne cessait de clamer son innocence, avait fini par engager une procédure judiciaire.

Le procès, qui s’est déroulé le 17 avril dernier, n’avait pas permis d’établir la culpabilité de l’ex-chef d’agence, dont le conseil était assuré par le cabinet Karambiri-Niamba. Par conséquent, à travers le verdict rendu hier, le tribunal de grande instance a déclaré abusif le licenciement de monsieur Bationo et ordonné dans le même temps sa réintégration.

En outre, la téléphonie mobile CELTEL a été condamnée à payer environ 4,5 millions de francs CFA pour licenciement abusif, 1,5 million d’indemnité de licenciement et enfin 30 millions de dommages et intérêts. CELTEL s’exécutera-t-elle ou fera-t-elle appel du jugement ? Affaire à suivre.

- Au quartier Saint-Léon à Ouagadougou, les familles Bayala et Komsilga se disputent un lopin de terre depuis les années 80. Au début du mois de mai, la tension était à son paroxysme lorsque Christophe Bayala fit venir la police et des maçons pour détruire une maisonnette des Komsilga qui se trouvait sur sa parcelle. Pour lui, une partie de sa parcelle B1/2 du lot n°1003, d’une superficie de 293 m2, est occupée par son voisin.

"Je veux construire un immeuble et j’ai demandé aux services compétents de procéder au bornage et il a été établi que le lopin de terre m’appartient. La Justice a donné des instructions et je suis dans mon droit de casser la maison". La famille Komsilga conteste les arguments de Christophe Bayala, (le frère du richissime Anatole Bayala) et soutient que c’est parce qu’il a les moyens financiers qu’il veut leur faire la force. "Alors, il fait déplacer des policiers armés qui ont tiré en l’air pour nous dissuader et faire détruire notre maison", affirme un membre de la famille Komsilga.

A l’heure actuelle, des médiations sont en cours et il faut espérer que d’ici là, une solution consensuelle sera trouvée pour mettre fin à ce conflit qui date des années 80. Ce qui est déplorable dans cette affaire, c’est l’attitude de la police. Selon des témoins, les policiers n’avaient aucun mandat, et dans leur zèle, ils n’ont pas hésité à vider leurs chargeurs en l’air pour intimider la famille Komsilga dont la maison était en phase d’être détruite. Il semble que si les policiers avaient persisté, des gens étaient prêts à les affronter. Que serait-t-il advenu ?

- Ce samedi se joue sur le terrain municipal de Kaya la finale de la première coupe de football initiée par le gouverneur du Centre-Nord, madame Fatoumata Legma. Le coup d’envoi de la rencontre est prévu pour 15 h 00 mn.

Tipoko l’Intrigante n’apprend rien d’elle-même, elle n’invente jamais rien. Tipoko l’Intrigante est un non-être. Elle n’est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l’intuition c’est la faculté qu’a une femme d’être sûre d’une chose sans en avoir la certitude..."

Ainsi va la vie.

Au revoir.

Ton cousin

Passek Taalé.

Observateur Paalga

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