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Tuy : Les problèmes fonciers, d’eau et du grand banditisme à l’ordre du jour

Publié le lundi 25 avril 2005 à 00h00min

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Après la province du Kénédougou du 14 au 15 avril, les sorties de prise de contact du gouverneur de la région des Hauts-Bassins, M. Bebrigda Mathieu Ouédraogo avec les populations, se sont poursuivies les 19 et 20 avril 2005 dans le Tuy. Dans cette localité le gouverneur a eu des échanges directs avec les acteurs de développement suivis de visites d’unités socioindustrielles.

La province du Tuy a été la deuxième étape de la sortie de terrain du gouverneur des Hauts-Bassins dans les provinces après celle du Kénédougou. A cette étape, Mathieu Bebrigda Ouédraogo était accompagné des hauts-commissaires du Houet et du Kénédougou et d’une forte délégation de directeurs régionaux et de chefs de services déconcentrés de l’Etat.

C’est aux environs de 10 h 30 mn, le 18 avril que le gouverneur et sa suite sont accueillies à l’entrée de la ville par le premier responsable de la province, le haut-commissaire de la province du Tuy, Maxime Koala avec à ses côtés, le député-maire de Houndé, le député Naboho Kanidoua et d’autres responsables administratifs. L’accueil dans la ville légendaire de Houndé était solennel, ponctué de coups de fusils des chasseurs dozo et sous des applaudissements.

A cette occasion la population s’est fortement mobilisée, preuve de son adhésion au processus de décentralisation. La grande place baptisée Mathias Sorgho qui a accueilli un grand meeting a refusé du monde. Toutes les composantes de la société houndéenne (commerçants, producteurs, artisans, associations des femmes de Houndé et des départements) étaient représentées.

En prenant la parole au cours du meeting, le gouverneur a situé l’objet de sa visite. Il s’agit d’une prise de contact avec les services déconcentrés de l’Etat, des entreprises publiques ou privées et de l’ensemble des populations à la base afin de prendre le pouls des réalités de terrain. De cela dépend de l’orientation de l’action stratégique du gouverneur. Restant convaincu que la région des Hauts-Bassins régorge de nombreuses potentialités qui ont besoin d’être capitalisées, d’être organisées.

Des potentialités réelles, mais aussi des difficultés

La province du Tuy forme avec le Houet et le Kénédougou, la région des Hauts-Bassins. Elle fait frontière au Nord et à l’Est avec les provinces du Mouhoun et des Balé, à l’Ouest, la province du Houet et au Sud, la Bougouriba et le Ioba. Parmi les nouvelles provinces créées en 1996, le Tuy compte sept départements étendus sur 5060 kilomètres carrés. Les potentialités humaines (215 403 habitants) et agricoles sont énormes dans cette contrée. De par sa situation géographique, les conditions climatiques y sont généralement favorables aux activités agricoles et à l’élevage. Cela attire de nombreuses populations qui y migrent à des fins agricoles. Et ce n’est pas du tout une exagération lorsque le représentant des producteurs agricoles a déclaré, au cours du meeting, que la province du Tuy est l’un des greniers céréaliers et un bastion de la production cotonnière du Burkina. Dans les campagnes, les champs s’étendent à perte de vue, preuve de l’ardeur au travail des populations. A titre d’exemple, 80 000 tonnes de coton graine ont été récoltées la campagne écoulée dans la région cotonnière du Tuy qui s’étend sur la province des Balé. Pour la campagne 2005-2006, les prévisions vont à plus de 100 000 tonnes. Ces chiffres mirobolants ne sont pas pour occulter les difficultés de cette province. Elles sont bien là et attendent des solutions. Il y a entre autres la pression démographique sur les terres et les forêts classées menacées, l’accès à l’eau potable, l’insuffisance d’infrastructures sanitaires, le problème d’infrastructures routières, l’insuffisance d’établissements scolaires et d’enseignants.

Des problèmes d’insécurité

Le gouverneur de la région des Hauts-Bassins a profité de son séjour dans la capitale du Tuy pour échanger à bâtons rompus avec les différents corps de métier sur leurs préoccupations spécifiques. Les sujets qui ont animé cette rencontre ont été la réinstallation des migrants dans des zones agropastorales, source de nombreuses tensions entre autochtones et allogènes, le problème de manque d’eau, l’absence de retenues d’eau, de barrages et l’insuffisance de forages et enfin, le problème du grand banditisme. Sur ce dernier point, le gouverneur a laissé entendre que "les multiples richesses de cette province font qu’elle est un terreau fertile au grand banditisme". En effet, le phénomène a atteint son summum il y a quelques semaines, avec l’attaque par une horde de bandits lourdement armés d’un car de la compagnie TCV.

Sur toutes ces questions, M. Mathieu Bebrigda Ouédraogo a invité, séance tenante, des directeurs régionaux concernés à intervenir sur les actions menées sur le terrain par leur département dans le sens de la résolution de ces problèmes. Il a invité les populations à mettre la main à la pâte selon l’esprit de régionalisation tout en reconnaissant que des efforts sont déployés qui méritent d’être poursuivis.

Cultiver l’esprit de tolérance

Partout où il est passé, le gouverneur de la région a expliqué ce qu’il entend par l’esprit de la régionalisation. Il s’agit, selon lui, de mieux responsabiliser les populations face à leur bien-être, au développement de leur contrée. Cela passe, a-t-il dit, par une gestion optimale des richesses, une meilleure organisation des populations par la mise en place de structures collégiales depuis le village jusqu’à la région en passant par le département et la province. Ces structures seront des cadres de concertation, de fermentation d’idées, et une passerelle entre l’administration et les communautés à la base. Le gouverneur a par ailleurs, invité les populations à cultiver l’esprit de tolérance et d’acceptation. "Je sais qu’il y a un déficit au niveau des terres, mais dans la concertation, la compréhension mutuelle, on peut trouver des solutions applicables à tous pour que chacun puisse avoir à manger". Dans le même ordre d’idée, il a exhorté les agriculteurs et les éleveurs à se départir des comportements revanchards pour discuter ensemble à la même table. Concernant le problème d’eau, il a relevé que la construction du barrage de Samandéni et la mise en œuvre d’un certain nombre de projets de forages pourraient être un début de solution.

En dehors des entretiens, le gouverneur et la délégation qui l’accompagnait ont visité successivement le 19 avril le stade provincial de Houndé qui vient de bénéficier d’une clôture dans le cadre des Six engagements, les usines d’égrenage de la SOFITEX et une unité de transformation de coton graine en huile alimentaire. Cette unité privée dénommée "Société huilerie savonnerie, Bengali Cissé" a ouvert ses portes en 1999 avec une capacité d’égrenage de 40 tonnes de coton graine. Elle emploie 40 personnes.

Avant de regagner Bobo-Dioulasso, le 20 avril, le gouverneur de la région a achevé son séjour au Tuy dans le village de Bassé à 87 kilomètres au Nord- Ouest de Houndé par la visite du chantier du Centre de santé et de promotion sociale (CSPS). Cette structure sanitaire bénéficie d’une réhabilitation et d’une extension dans le cadre du Projet de renforcement des services de santé (PRSS).

Frédéric OUEDRAOGO
Sidwaya

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