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Accusations contre le maire de Banfora : Yacouba Sagnon dit ses vérités

Publié le lundi 18 avril 2005 à 07h25min

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"Ce n’est pas un interrogatoire, mais un entretien". Ainsi avons-nous tout de suite prévenu Yacouba Sagnon, le maire de Banfora qui fait l’objet de nombreuses accusations par le biais de tracts qui sont tombés dans nos mains.

"Off record" (hors micro), le bourgmestre de Banfora nous a dit qu’il ne se sent pas concerné par ces allégations faites dans un dessein qu’il ignore. Seulement, il a son idée sur la personne qui se cache derrière ces documents anonymes et aurait préféré des débats ouverts et publics. En attendant, le maire de Banfora nous parle de sa ville et des griefs portés contre lui.

" Le Pays" : Vous êtes à la tête de la commune de Banfora depuis 1997, en remplacement d’un de vos camarades de parti, qui a rejoint l’hémicycle. En 2000, vous avez été réélu maire de Banfora. Depuis votre arrivée à ce jour, comment se porte la commune ?

Yacouba C. Sagnon : C’est effectivement en 1997 que mon prédécesseur Mamadou Koné avait été élu député à la faveur des législatives de cette année-là. En son temps, le parti (Congrès pour la démocratie et le progrès, parti au pouvoir ; ndlr) interdisait le cumul des postes au niveau des responsables. C’est ainsi que je suis venu à la tête de la commune de Banfora. A la faveur des élections municipales de 2000, j’ai été reconduit comme maire de Banfora. Pour le moment, j’avoue que tout se passe bien dans ma commune, en dehors des répercussions de la crise ivoirienne sur l’économie de la ville. Nous ressentons cela à travers les difficultés que rencontrent nos unités industrielles notamment avec la fermeture des Grands moulins du Burkina ( GMB) et le fait que depuis sa privatisation, la SN-SOSUCO n’ait pas pu verser quelque chose au budget communal.
A l’époque, le budget de la commune était alimenté par environ 50% des patentes que payaient ces usines. Aujourd’hui, ces unités traversent des périodes un peu difficiles, ce qui se répercute sur le budget communal. Du reste, cela nous empêche de réaliser un certain nombre de projets inscrits à notre agenda. Nous gardons tout de même l’espoir que la situation évoluera positivement et que dans les mois à venir la SN-SOSUCO par exemple pourra nous payer nos arriérés qui tournent autour de 300 millions de francs CFA.

Avez-vous, développé des initiatives palliatives face à ces coups du destin ?

Nous pouvons déjà remercier au niveau du ministère chargé de l’Agriculture, la SOFITEX qui a implanté une deuxième usine à Banfora ( SOFITEX II, ndlr). Ce n’est pas du tout facile pour les populations, elles qui étaient peu habituées à être en face des services de perception et de trésorerie sur le terrain. Mais les réalités sont là et nous sommes contraints de mettre l’accent sur les recouvrements.

En 2006, les Burkinabè vivront des élections municipales qui s’annoncent rudes. Dans quel état d’âme attendez-vous ce scrutin ?

C’est en fin septembre de cette année que notre mandat devait arriver à terme. Mais une décision du Conseil des ministres renvoie les prochaines municipales à février 2006. Comme je suis issu d’une formation politique, la conduite à tenir dépend de celle-ci. Par rapport à la population, je pense que c’est elle qui va nous juger en fonction du bilan que nous allons lui présenter.

Que rencontrez-vous comme difficultés dans la gestion d’une commune comme Banfora ?

Banfora est qualifiée de ville industrielle. Pour ceux qui sont hors de Banfora, les patentes versées par les unités industrielles au profit du budget communal permettent à notre ville de vivre sans problème. Or les réalités sont tout autres. Il y a les GMB qui sont, je l’espère, provisoirement fermés. Nous avons la SN-SOSUCO qui bat de l’aile. Si toutes ces unités reprennaient de la vie et rayonnaient au point de vue rendement, cela contribuerait énormément au développement de Banfora. Il faut noter qu’après l’Etat, c’est la SN-SOSUCO qui est la plus grande usine qui emploie le plus de monde à Banfora.

" En voyant ce maire, on a l’impression qu’il est un honnête homme avec son air jovial de sage apparent... ça c’est le masque et derrière ce masque il y a l’homme cynique". Que répondez-vous à cette description que fait de votre personnage un tract ?

Nous sommes dans un Etat de droit qui reconnaît pleinement la liberté d’expression et chacun est libre de dire ce qu’il pense. Cette description que vous avez citée n’engage que celui qui a écrit ce document. Ceux qui m’ont approché et me connaissent véritablement peuvent dire quel genre de personne je suis réellement. Je ne peux pas moi-même me jeter des fleurs et je laisse le soin à la vaillante population de Banfora d’apprécier.

Toujours à travers le même document, et à l’instar des autres communes et arrondissements dans le pays, il vous est reproché une mauvaise gestion des parcelles de Banfora.

Quand je suis arrivé en 1997 à la tête de la commune de Banfora, mon prédécesseur avait laissé 1471 parcelles de disponibles. A l’époque, on parlait déjà d’un lotissement. Il y avait 25 000 demandes déposées pour les 1471 parcelles. Imaginez les résultats si ce lotissement avait été fait. Au conseil municipal, nous avions alors décidé d’augmenter le nombre des parcelles pour satisfaire le maximum de personnes. C’est ce que nous avions fait en 1997, ce qui est vérifiable auprès des services domaniaux et ceux de l’habitat. Nous n’avons pas eu de problèmes avec qui que ce soit. En 2000, nous avons fait des corrections parce que le lotissement comporte souvent des erreurs au niveau des numéros de cartes d’identité ou des noms, ou alors deux personnes peuvent se retrouver sur la même parcelle. Et quand la crise ivoirienne a éclaté, nombre de nos compatriotes nous ont approchés pour exprimer leur volonté de revenir au pays pour y investir. C’est ainsi que nous avons décidé au niveau du Conseil municipal de demander l’autorisation de faire ce lotissement, autorisation qui nous a été accordée, et c’est ce que nous sommes en train de faire actuellement. Je ne sais pas comment ça se passe ailleurs, mais nous, au niveau de la commune de Banfora, l’inscription fait 50 000 F CFA et tout ce que nous récoltons était reversé au budget communal. Pour qui connaît la procédure classique de sortie d’argent du budget communal, ce n’est pas de la complaisance. Il y a des services techniques qui s’occupent des décaissements. Nous n’avons donc pas ouvert un compte à part pour les lotissements. L’argent est versé au budget communal.

Il semble qu’avec l’appui de quelques complices, vous vous réserviez de nombreuses parcelles que vous vendiez en fin de compte pour votre propre poche.

Ces dires n’engagent que leurs auteurs. Tout est vérifiable sur le terrain et à tout moment, nous avons notre département de tutelle qui peut nous approcher pour procéder à des vérifications.

John Son, Yaya Tou, Mathias Traoré, respectivement premier et deuxième responsables de l’Habitat et secrétaire général communal seraient entre autres vos hommes de main dans les basses besognes et auraient trempé leur barbichette dans cette soupe à forte odeur de parcelle.

Toutes ces personnes sont encore heureusement vivantes et sont en mesure de vous donner leur version quand vous les rencontrerez. Le secrétaire général est quant à lui arrivé il y a à peine une année et est toujours en location. Une chose est certaine, les auteurs de ce document savent dans quel but ils l’ont fait. C’est depuis 2001-2002 qu’on parle d’opération de lotissement et les gens attendent 2005, pratiquement à la veille des élections pour évoquer cela. C’est un fait qui nous étonne énormément. Pour mieux vous aider à comprendre notre étonnement, sachez que nous avons placé notre mandat sous le signe de la communication au service d’un développement patriotique. Dans cette logique, chaque trimestre, avant d’aller à une session, nous rencontrons toutes les couches de la population de Banfora et nous apportons des réponses claires à toutes les questions qui nous sont posées. Nous sommes donc étonnés de constater que des gens utilisent des tracts à des fins inavouées. Malheureusement, ces gens n’ont pas le courage d’évoluer à visage découvert, or, si ces gens venaient aux rencontres que nous organisons, nous sommes prêts à répondre à toutes leurs préoccupations.Surtout que lors de ces réunions, nous faisons venir tous nos chefs de services pour que ceux-ci donnent des justifications, s’ils sont interpellés. Dans cette optique, je ne peux que féliciter la presse burkinabè qui fait preuve de responsabilité dans ses analyses et nous accompagne efficacement selon ses principes d’éthique et de déontologie.

Les faits évoqués à travers les tracts qui vous chargent, est-ce de la pure calomnie ?

Je ne vous le fait pas dire. Quand dans ce document on dit que le maire de Banfora a un immeuble à Ouaga 2000, je peux vous rassurer tout de suite que je n’ai pas encore eu de parcelle dans la ville de Ouagadougou. Peut-être que je vais en demander, mais je n’en ai pas pour le moment, tout comme je n’ai pas de parcelle à Bobo Dioulasso. Ma seule maison que je possède, c’est à Banfora. Il se pourrait que ce tract parle d’un autre Sagnon Yacouba autre que celui qui est en face de vous et que moi-même je ne connais pas.

Le tract dit également que vous avez environ 10 villas à Banfora, une voiture 504 bâchée, une voiture Nissan pour Madame, une Mercedès 190 à essence et un tracteur agricole pour votre père. Pourtant, quand vous arriviez à la mairie de Banfora "votre seul bien" serait une vieille mobylette "P 50".

La famille est libre de posséder ses biens quand elle en a les moyens. Cela n’a rien à voir avec Sagnon Yacouba en tant que maire. Je peux vous rassurer que le tracteur dont on parle appartient à monsieur Sourabié Jean-Marie qui est conseiller à l’Assemblée nationale. L’histoire de la BMW est également très simple. C’est une voiture qui appartenait à un frère qui vivait en France et qui est revenu pour construire la maison de son père. En repartant en France et comme le bâtiment n’était pas fini et qu’il ne pouvait pas laisser de l’argent liquide pour les achats des matériaux de construction, je lui ai suggéré de me céder la voiture, en contre-partie de quoi j’ai assuré lesdits achats jusqu’à hauteur du coût auquel il voulait vendre son véhicule.

Si vous travaillez, c’est certainement pour évoluer, socialement parlant. Mais votre statut de maire ne vous a-t-il pas permis de vous procurer les "10 villas environs" dont parle le tract ?

Je défie quiconque de prouver que je possède 10 villas à Banfora. Cette ville n’est ni le bout du monde, encore moins un espace où l’on peut cacher cela. En dehors de ma maison d’habitation, je n’ai pas connaissance de tous ces biens qu’on m’ attribue.

Selon vous, la gestion des parcelles à Banfora est donc faite dans les règles de l’art, contrairement au scénario décrit par le tract où "la gestion des parcelles est effectuée par le maire et ses hommes de l’Habitat, sans implication des techniciens, des domaines spécialisés en la matière et la commission d’attribution des parcelles".

C’est très facile à vérifier auprès de ces services. Et ils pourront dire si oui ou non ils sont associés au lotissement que nous faisons à Banfora. Du reste, depuis 1997, c’est la première fois que j’ entends parler de ce problème de parcelle que personne n’a jamais évoqué. Ce qui prouve que les gens ont toujours été satisfaits. Pour le lotissement qui est en cours actuellement, dans un premier temps, nous avons demandé aux gens de souscrire. Quand vous avez la fiche, vous avez obligatoirement votre parcelle et le nombre de parcelles est égal à celui des fiches. Nous nous sommes clairement imposé le schéma de 7 000 fiches = 7 000 parcelles. Je ne m’explique pas cet acharnement sur les personnes de responsables de la mairie. Si les auteurs du document avaient été assez courageux pour le signer de leurs noms, le débat serait plus franc à mener. On pourrait organiser une table-ronde et ensemble se regarder droit dans les yeux pour échanger.

Ne pensez-vous pas honnêtement qu’il y a une sorte de déficit de communication dans la gestion des parcelles, ce qui leur confère une certaine opacité et embarrasse après la plupart des maires sur l’ensemble du territoire ?

Pour ce qui concerne Banfora, chaque trimestre, une semaine avant la session municipale, nous nous entretenons pendant 72 heures avec toutes les couches de la population. Ce qui nous permet de mieux les informer sur les projets en cours dans la commune et de recueillir leurs avis. Il en est ainsi du lotissement. Nous avons même publié la première liste des demandeurs de parcelles, afin que les uns et les autres aient la possibilité de tout vérifier selon le paiement qu’ils ont effectué, vérifier leur numéro de quittance et leurs nom et prénoms pour voir s’il n’y a pas d’erreur. Ça nous permet aussi de vérifier de notre côté s’il n’ y a pas eu de carnets parallèles. Et à partir de ce moment, nous versons cet argent au budget communal. Actuellement, les levées topographiques sont finies puisque nous avons passé correctement le marché à trois cabinets qui se sont associés et cela a été rendu public par le service compétent en la matière. Les techniciens ont donc achevé les levées sur le terrain et s’apprêtent à nous envoyer les documents afin que nous puissions tenir le comité provincial d’aménagement du territoire qui est présidé par le haut-commissaire et concerne l’ensemble des préfets, directeurs et chefs de services de la province. Après le CPAT, le travail va se poursuivre normalement puisque nous avons déjà fait confectionner les bornes.

Parlant des marchés, il semble que vous attribuez souvent "des marchés communaux de gré à gré et ce depuis des années".

Je ne suis pas le président de la commission d’attribution des marchés communaux. Cette responsabilité est assurée par le secrétaire général de la mairie. Il y a des services techniques qui existent et fonctionnent conformément aux textes en vigueur.

Quid de ces engins de terrassement que vous loueriez à coup de plusieurs millions de F CFA à une scierie de la place, au GEPRENAF et au PNGT II, argent qui ne serait jamais perçu par le Trésor public ?

Nous n’avons jamais loué de machine au PNGT II. Ce n’est pas possible. A propos de la scierie Ghoussoub c’est une autre histoire. Nous avions eu à Banfora un cas déplorable de saccage, événement malheureux qui avait même entraîné la mort d’un jeune. Quand nous refaisions le bâtiment avec l’appui de l’ambassade de France, nous avions approché en son temps M. Ghoussoub de la scierie en question qui a bien voulu nous aider à refaire tout le matériel. C’est ainsi qu’aujourd’hui, nous avons toujours la présence de la police nationale à Banfora.

Depuis que je suis à la mairie de Banfora, nous avons eu des remplacements numériques, soit par suite de décès ou de mise en retraite d’un chauffeur par exemple. Nous avons lancé un test de recrutement des agents de police municipale qui malheureusement ne peuvent pas être formés cette année. On nous a conseillé de le reporter pour la rentrée 2005-2006, ce que nous n’avons pas encore fait. Je voudrais qu’on me cite un seul cas concret de recrutement complaisant. Je ne sais même pas quand les recrutements se font. Et je crois savoir qu’ils sont ouverts à tous les Burkinabè répondant au profil demandé. Peut-être qu’il y a une confusion avec le Projet de renforcement des capacités des communes urbaines (PRCCU) qui est en cours actuellement et dans le cadre duquel nous avons fait appel à un sociologue pour remplacer une dame qui après son recrutement est partie parce qu’elle a eu un contrat ailleurs. Yao Issa qui a été recruté était le second sur la liste. Nous avons également fait appel à un monsieur qui avait travaillé au GEPRENAF. C’est lui qui était en contact avec les paysans dans le cadre de l’approche participative, vu qu’on demande l’apport des communautés de base. Nous avons juste signé avec lui un contrat pour la période déterminée, compte tenu de son expérience.

A l’instar des dirigeants de ce monde, vous seriez un adepte du "diviser pour régner". C’est ainsi que vous utiliseriez des "méthodes pour créer la zizanie entre Gouin et Karaboro", deux nationalités différentes.

Je ne voudrais pas rentrer dans ces débats suicidaires pour la bonne marche d’un pays, mais je peux vous rassurer qu’à Banfora, on n’entend jamais parler d’ histoire Gouin-Karaboro, sauf à la veille des élections.

Voulez-vous dire que c’est un argument électoral trop facile, utilisé par certains ?

Je ne vous le fais pas dire, mais c’est un peu cela. Je vous affirme par ailleurs qu’il n’y a pas de Gouin ou de Karaboro purs. Nous appartenons tous à la même grande famille. Notre conseil municipal est l’illustration parfaite de cette symbiose familiale entre Gouin et Karaboro et je suis sincèrement désolé qu’on essaye de nous diviser, tout en m’incriminant.

Ce serait malheureux en tout cas de jouer sur la fibre xénophobe dans un Burkina aussi intégrateur, surtout qu’en semant cette graine de l’exclusion, des politiciens sont en train de tuer un pays qui est très voisin à votre ville.

Ceux qui écrivent cela dans les documents en portent toute la responsabilité. Nous allons, quant à nous continuer à oeuvrer pour l’entente fraternelle entre tous les Burkinabè et même nos frères venus d’autres pays. C’est dans cette logique que pour essuyer les larmes de nos parents qui reviennent de la Côte d’Ivoire, nous avons posé le problème au Conseil municipal qui accepte d’aménager des espaces pour eux. Comme vous le disiez, ce sont les parcelles qui créent le plus de problèmes aux maires.

Sachant cela, pourquoi me jeterai-je dans la gueule du loup ? Cependant, il y a des réalités qui encouragent sur le terrain. Prenant l’exemple des lotissements que nous avons faits en 1997, je peux dire qu’ils ont largement contribué au bonheur des populations. Aujourd’hui, on appelle cet endroit "Belle ville de Banfora", parce que tout est construit. Cela veut dire que les gens ont besoin d’investir chez eux. On a aussi parlé de Bounouna et de Nafonan qui n’auraient pas voulu du lotissement. Non ! ce n’est pas comme cela. Dès lors que nous avions parlé de l’aménagement au niveau du conseil municipal, j’ai eu à dire en son temps que c’est possible que nous atteignions Bounouna dans la mesure où c’est l’entrée de la ville.

J’avais ajouté que nous avions en projet de déplacer l’actuelle autogare qui est dépassée. Si nous devons implanter cette autogare à Bounouna, c’est certain que les gens iront s’installer tout autour. Quand nous voudrions faire l’opération sur le terrain, ceux qui y sont déjà ne seront-ils pas un peu frustrés ?

N’argueront-ils pas qu’ils sont dépossédés de leurs terres au profit d’autres personnes ? Voilà pourquoi je disais déjà en son temps que c’est possible que nous allions vers Bounouna. J’ai aussi dit en son temps que c’est possible que nous allions vers Nafonan du fait que nous avons une briqueterie qui est installée dans cette localité. Dans notre entendement, cette opération devrait amener l’ONEA (Office national de l’eau et de l’assainissement, ndlr) et l’électricité dans cette zone.

Est-ce de la désinformation aussi, quand on parle de coupures intempestives d’eau et de courant à la Mairie, par suite de non paiement de factures ?

L’Administration étant une continuité, ce sont des arriérés de factures que nous sommes venus apurer. Ce n’est pas moi Sagnon Yacouba, en tant que maire, qui ait consommé tout cela. Nous avons été obligés de négocier avec ces sociétés pour payer à tempérament, vu que le budget communal comptait beaucoup sur les patentes que devraient payer les unités industrielles évoquées plus haut, mais qui malheureusement sont dans des difficultés aujourd’hui.

Sinon, nous avons pris plusieurs mesures pour fait faire des économies à la mairie, notamment au niveau des lignes téléphoniques. Il faut aussi noter qu’à l’époque, c’était la commune qui payait les factures d’eau et d’électricité de toutes les écoles primaires se trouvant dans le centre de Banfora. Par contre, les APE (Associations des parents d’élèves, ndlr) ne versaient pas un franc au budget communal.

J’ai fait arrêter tous ces compteurs, dans le but de faire face aux arriérés que je suis venu trouver. Quand on parle de coupures intempestives, je ne sais pas si c’est en référence au délestage qu’il y a eu dernièrement. Mais, si c’est cela, Banfora n’a pas été la seule ville concernée. Le courant était coupé dans toute la ville et aussi à Bobo Dioulasso et pas uniquement à la mairie.

Les populations de Banfora se plaignaient il n’y a pas longtemps, d’être coupées des informations de la RTB (Radio diffusion et télévision du Burkina, ndlr) alors que RFI semble mettre du temps à émettre en FM. 

Effectivement, un journal faisait mention du fait que la radio nationale ne marchait pas à Banfora. La situation est revenue à la normale et aujourd’hui, la RNB fonctionne correctement en 101.5. Pour ce qui concerne RFI, nous attendons toujours. En son temps, nous sommes entrés en contact avec Alpha Barry qui nous a rassurés que tout est en voie de règlement.

Que peuvent attendre de vous les populations de Banfora ?

Nous avons beaucoup de projets mais par manque de moyens, notamment à cause des problèmes de la SN-SOSUCO et des GMB, nous attendons de pouvoir les réaliser. L’hôtel de ville est par exemple un problème qui préoccupe les populations.

Pour cela, nous avons déjà lancé le marché qui a été attibué à l’entreprise Fadoul Technibois qui veut nous aider à faire un peu comme la mairie de Ouagadougou, pour étaler le projet sur trois exercices budgétaires. Il y a une avance qui doit être faite pour commencer les travaux. Dès lors que nous allons percevoir nos arriérés de patente du côté des unités industrielles, nous mettrons cette avance à la disposition de l’entrepreneur pour le début des travaux.

Nous avons également bénéficié de 2,100 km de goudron dans le cadre d’un financement accordé au Burkina par la République de Chine. Il y a un certain nombre de villes qui ont été choisies pour bénéficier de ce goudron. Aujourd’hui, on entend à Banfora que l’argent a été donné au maire et qu’il l’a bouffé.

Or, le marché a été attribué par le gouvernement à l’entreprise Oumarou Kanazoé qui est déjà en chantier dans d’autres villes. L’entrepreneur m’a dit qu’il est en route pour Banfora. Effectivement, l’entreprise est déjà passée pour un premier travail. Dès qu’elle est repartie, des bruits ont fait croire qu’elle ne s’est pas entendue avec le maire ou que celui-ci n’a pas remis l’argent qu’il devait lui remettre. Or, on ne m’a pas donné un franc pour cela.

Propos recueillis par Morin YAMONGBE
Le Pays

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