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Affaire du chef-lieu du Centre-Sud : " Non, les Nahouriens n’ont pas capitulé "

Publié le mardi 12 avril 2005 à 05h40min

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L’affaire du chef-lieu de la région du Centre-Sud, qui a défrayé entre temps la chronique refait surface à la faveur de la visite que le chef coutumier de Pô a rendue au gouverneur. Pour preuve, cette déclaration de la coordination du Mouvement justice pour le Nahouri, dans laquelle les Nahouriens affirment que la lutte continue à jamais.

Chers sœurs et frères du Nahouri, Peuple du Burkina

Le lundi 04 avril 2005, nous avons tous suivi une déclaration déroutante et ahurissante du chef coutumier de Pô, Sa Majesté Pôpê Yaguigou Awêpo Michel, sur les antennes de la Télévision nationale du Burkina à l’issue d’une audience que le gouverneur de la région du Centre-Sud a bien voulu lui accorder.

Cette déclaration pour le moins surprenante a fait croire à l’opinion publique que la revendication du Nahouri pour obtenir un statut de chef-lieu de région pour Pô est devenue caduque et de nul effet.

Pour le Popè, c’est une revendication qui relève désormais des calendes "nahouriennes". C’est une déclaration autant osée qu’erronée qui a stupéfait et indigné l’ensemble de la population du Nahouri et singulièrement sa jeunesse. C’est une déclaration indigne d’un chef de Pô et par conséquent humiliante pour lui.

De qui Yaguibou A. Michel a-t-il reçu mandat pour déclarer close la lutte du Nahouri contre cette décision injuste et inique d’accorder le statut de chef-lieu de la région du Centre-Sud à une ville qui le méritait moins que Pô ?

Sait-il seulement quand et comment la revendication du Nahouri a débuté pour vouloir aujourd’hui la déclarer terminée ? Le dernier qui devrait vendre Pô et le Nahouri devrait être le Chef de Pô. Hélas ! Mille fois hélas ! Il est le premier à vendre notre province et sa capitale. Et cela est dommage.

Promesses secrètes non tenues

Chers sœurs et frères du Nahouri, Peuple du Burkina Faso,

Nous tenons à vous informer que la revendication du Nahouri demeure. Plus que jamais elle est d’actualité. Si d’aucuns (à commencer par le Pôpè) ont interprété notre silence comme étant une capitulation, eh bien, qu’ils se détrompent ! Si nous avons à un moment donné levé le mot d’ordre deboycott des élections législatives de mai 2002 et si nous avons mis en sourdine notre mouvement, c’était pour donner au pouvoir le temps de mettre en œuvre certains projets et promesses conclus à travers des négociations secrètes tenues entre la présidence du Faso et notre mouvement en mars et avril 2002.

L’un de ces importants projets était par exemple que la ville de Pô obtienne un statut de "port sec" et que chaque département de la province ait son grand projet. Hélas ! Nous avons été suffisamment naïfs pour croire que le pouvoir actuel allait s’exécuter. Comme à son habitude il a encore trahi.

Les promesses à nous faites sont tombées à l’eau. Mieux, certaines décisions gouvernementales sont aux antipodes de nos accords : la douane, au lieu d’aller au-delà de Pô, est allée plutôt en deçà, faisant de Pô un "port mouillé" plutôt qu’un "port sec" ; le financement du barrage de Tambolo a été détourné par le ministre Salif Diallo vers une autre destination ; le département de Guiaro n’a toujours pas de téléphone... ; certains fils du Nahouri ont perdu leur poste de responsabilité en guise de punition pour cette revendication du Nahouri.

Rien, absolument rien n’a été fait dans le sens de nos accords secrets pour calmer et apaiser un tant soi peu le peuple du Nahouri. Pourquoi abandonner donc la lutte ? Il valait mieux ne l’avoir pas entamée.

Plus grave, la trahison de la Présidence du Faso s’est doublée de la mise en œuvre d’une stratégie savamment tissée et s’arc-boutant sur certains hommes politiques de la province pour liquider notre mouvement. Désinformation et désintoxication ont été les principales armes du pouvoir, qui a fait croire à une partie de l’opinion nahourienne que les premiers responsables du mouvement ont été achetés. Ils ont été aidés dans leur tâche par des taupes et autres infiltrés.

La visite de courtoisie rendue au gouverneur du Centre-Sud par le Pôpè et ses homologues des autres départements et villages du Nahouri relève de cette stratégie. Le Pôpè, qui connaît, depuis son règne, des difficultés et des écueils de toutes sortes et qui lui ont valu la prison ainsi que sa destitution de la tête de la mairie de Pô, est l’acteur principal de cette stratégie.

Il a tissé son plan avec la bénédiction du régime en place dans le but de sa réhabilitation politique. L’homme n’ayant jamais admis sa mise à l’écart politique ainsi que les différentes humiliations qu’il a subies par-ci et par-là, il faut donc rebondir à tout prix, fût-ce au détriment de Pô et du Nahouri.

Aller à Manga n’était déjà pas opportun

Chers sœurs et frères du Nahouri, Amis et sympathisants de notre province,

Si l’on admettait qu’effectivement le Nahouri a baissé les bras, abandonnant sa revendication, était-ce vraiment au chef de la ville victime d’annoncer la capitulation ? Ne devait-il pas rester digne en laissant d’autres le faire ? Ce que nous regrettons dans cette situation c’est le fait que le Pôpè ait réussi à associer dans sa manœuvre les principaux chefs des autres départements et villages de la province.

Nous reconnaissons des circonstances atténuantes à ces autres chefs coutumiers, respectés et réputés sages, car eux ne sont pas politiques à l’instar de Yaguibou A. Michel, celui-là même qui accumule erreurs sur erreurs, maladresses sur maladresses et gaffes sur gaffes.

Le déplacement sur Manga en lui-même n’était déjà pas opportun. La déclaration, elle, constitue une grosse gaffe.

Notre cher Majesté, tout chef que vous êtes, laissez-nous vous dire que vous avez beau rôle de vouloir porter des habits que vous n’avez pas cousus. Cela nous ne l’acceptons pas. A propos, nous sommes curieux de savoir qui a financé ce déplacement et à quel coût.

Nous désirons conclure en affirmant que toute personne qui rêve de briser notre revendication perd son temps. Car on peut réduire notre mouvement au silence, mais on ne peut jamais ôter de la tête de chaque Nahourienne et de chaque Nahourien qu’une injustice a été faite à Pô et au Nahouri tout entier. Le pouvoir a beau dresser des plans et des stratégies, les Nahouriens demeurent convaincus dans leur tête de la justesse de leur lutte.

Peuple du Nahouri,. amis et sympathisants de la province, la lutte continue à jamais. Tenez-vous prêts pour des futures actions et pour le respect des mots d’ordre à venir.

Non à l’injustice, Vive le Nahouri et son chef-lieu, Pô.

Pour la Coordination du Mouvement justice pour le Nahouri

Le responsable,

Assane Gomgnimbou

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