LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Avec de la persévérance et de l’endurance, nous pouvons obtenir tout ce que nous voulons.” Mike Tyson

Kampti : Concertation entre gendarmes, population et ressortissants du Sud-Ouest pour une sortie de crise

Publié le lundi 11 avril 2005 à 06h58min

PARTAGER :                          

Suite aux incidents du jeudi 10 mars 2005 occasionnant un affrontement entre la gendarmerie et un quartier du village de Boussoura, une délégation des ressortissants du Sud-Ouest à Ouagadougou s’est rendu sur les lieux le jeudi 17 mars dernier.

L’objet de la visite était d’asseoir les différents antagonistes sous le même « arbre à palabre » pour une réconciliation à travers la concertation. La délégation se compose des ministres Arsène Armand Hien et Jean de Dieu Somda, des députés Sansan Lucien Kambiré et Adèle Kiemtoré et de Kpoda Sié Jean de la Croix, administrateur civil. On notait la présence du préfet de Kampti et du commandant de la compagnie de gendarmerie de Gaoua.

Cette mission d’apaisement des événements survenus à Boussoura a permis aux filles et fils de la région d’avoir un éclairage sur les incidents entre gendarmerie et population. La rencontre de concertation, tenue une semaine après le drame qui s’est produit, a réuni la population du village au tour de leur délégué administratif. Le lieutenant commandant la compagnie de gendarmerie de Gaoua et le commandant de la Brigade territoriale de Kampti, accompagné d’une vingtaine d’hommes armés, avaient également puis part à l’entretien.

Les explications du délégué administratif du village (DAV) de Boussoura

Afin de rétablir la confiance et la sérénité entre les parties en conflit, il fallait faire la genèse de la situation pour mieux appréhender le problème. C’est pourquoi, le DAV a eu le privilège d’expliquer comment les incidents sont arrivés devant ses frères et sœurs membres du gouvernement et de l’Assemblée nationale. Selon lui, tout est parti d’une histoire de bœufs confiés par un Lobi à un berger Peulh. Ce dernier s’est installé dans le champ d’un autre Lobi avec son troupeau. Cela s’est passé sur la demande du propriétaire du champ. Un jour certaines personnes allèrent menacer le berger de quitter le champ. Le propriétaire des bœufs qui n’était pas loin, a dû intervenir pour mettre fin à cette mauvaise intention. Il s’en alla tout de suite prévenir le DAV.

Mais à peine il a tourné le dos, il a entendu du bruit. Les individus mal intentionnés étaient revenus et ont abattu quatre (04) bœufs. Le DAV fut prévenu et sur ses conseils le propriétaire des boeufs alla déposer une plainte à la gendarmerie de Kampti. Des convocations ont été envoyées aux malfaiteurs. Ces derniers refusèrent de prendre les convocations. Le DAV retourna donc les papiers à la gendarmerie. Pour une deuxième fois la Brigade lui envoya le pli pour distribution.

Le DAV s’est confronté au même refus des intéressés. Les gendarmes eux-mêmes ont fait le déplacement de Boussoura et cette fois-ci les intéressés ont accusé réception de leur convocation. Bien qu’ils aient accepté prendre les convocations, ces gens ne se sont pas présentés à la Brigade de Kampti. Et le mardi 08 mars dernier, un élément du groupe convoqué a été identifié à la cérémonie commémorative de la Journée de la femme coïncidée avec le marché de Kampti. Après le départ des autorités venues de Gaoua pour la fête, la gendarmerie a arrêté ce dernier.

Ces camarades du village venus pour le marché sont repartis informer et mobiliser tout le quartier et ils sont revenus envahir la Brigade de gendarmerie dans la nuit du 08 au 09 mars. Ils ont exigé la libération de leur camarade qu’ils disent innocent en tapant des tam-tams et en forçant des fenêtres. Ils ont blessé le gendarme qui était de garde et menaçaient de brûler toute la Brigade. Le détenu a été libéré et le groupe est reparti au village. Tout cela s’est passé à l’insu du DAV, a-t-il souligné.

Mais le commandant de compagnie de Gaoua a confirmé ces informations. Un renfort a quitté Bobo avec le commandant de compagnie de Gaoua le 09 mars et le jeudi 10 mars au petit matin les gendarmes sont arrivés à Boussoura. Conduits par ceux qui connaissaient déjà le terrain, ils se sont rendus directement dans les concessions de ceux qu’ils voulaient arrêter. Malheureusement ils ont été accueillis par des coups de feu. Alors la gendarmerie a riposté et il y a eu des dégâts. Les habitants de ce quartier ont fui et ne sont toujours pas revenus.

Les dégâts occasionnés par l’intervention de la gendarmerie.

Les dégâts sont assez lourds mais ce n’est pas tout le village qui a été touché. On dénombre six (06) concessions totalement incendiées avec leurs greniers. II ne reste plus que des mûrs noircis par les flammes et la fumée. Quelques volailles, des chiens et des canaris ont été retrouvés dans des maisons en terre battue. On a enregistré des pertes en vie humaine, deux morts, tous des frères et leur père s’en est tiré avec des blessures et se trouve présentement au Centre hospitalier régional (CHR) de Gaoua où il reçoit les soins. Aux dires du DAV il y a eu certainement d’autres blessés mais ils sont cachés en brousse.

A voir les douilles de grenades lacrymogènes et les maisons brûlées, on peut dire que la riposte a été très forte et la force de la population surestimée. Mais selon le commandant de la compagnie de gendarmerie de Gaoua, l’intervention de ses hommes s’est faite dans l’intention de prendre les meneurs. En plus, ne sachant pas quels types d’armes avaient les révoltés, ils ont réagi en légitime défense, nous a confié le lieutenant. Après les incidents ils n’ont retrouvé que des armes traditionnelles (fusils à poudre).

Les conclusions de la concertation

C’est fort de ces auditions que la délégation des ressortissants a demandé aux deux parties de faire la paix. La collaboration entre les populations et les forces de l’ordre doit être renforcée surtout avec l’arrivée de la Police de proximité, ont relevé les deux ministres. Le DAV de Boussoura qui ne veut plus que de tels incidents surviennent dans son village a décidé néanmoins de tout mettre en œuvre pour faire revenir les habitants qui ont pris la clé des champs. Quant au commandant de la compagnie de gendarmerie de Gaoua, il a invité la population à la collaboration et à la cohabitation avec les forces de l’ordre. Il a enfin rassuré que les individus qui ont quitté le village suite aux douloureux événements peuvent revenir sans aucune inquiétude.

Du soutien aux sinistrés.

La délégation des ressortissants du Sud-Ouest a rassuré que les populations touchées bénéficieront de l’appui du CONASUR pour leur réinstallation. Mais en attendant, les membres de la délégation ont remis une enveloppe de cent cinquante mille (150 000) Francs CFA au village pour la prise en charge des blessés et autres sinistrés qu’on retrouvera. Au CHR de Gaoua, ils ont déboursé la somme de soixante mille (60 000) francs pour faire face aux premières factures restées depuis impayées pour les soins du blessé hospitalisé. Tout cela remonte un peu le moral des populations demeurées dans la « psychose » ; mais les forces de l’ordre et la population doivent nécessairement travailler ensemble pour le bonheur de chacun même s’il y a des fois des manquements.

Souleymane ZOURE, Envoyé Spécial
AIB/Dano

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Route Didyr-Toma : 12 mois de retard, 7 km de bitume sur 43 km