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<I>Une lettre pour Laye</I> : Blaise et les siens sous l’arbre à palabre

Publié le vendredi 25 mars 2005 à 09h41min

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Après les représentants de la société civile, de l’Administration publique et parapublique, le président du Faso rencontrera ce vendredi 25 mars à partir de 9 h 00 ceux des forces de défense et de sécurité, à Ouaga 2000.

Un conseil de famille en quelque sorte, quand on se rappelle que l’enfant terrible de Ziniaré est issu de ces mêmes forces, qui garantissent aujourd’hui la sécurité et la stabilité de son régime.

Ne dit-on pas au village que c’est sous l’arbre à palabres que se règlent les problèmes ? Eh bien, cette rencontre devrait être l’occasion pour Blaise Compaoré de toucher du doigt les préoccupations majeures de la grande muette, et bien de questions pourraient lui être posées, du genre :
- Qu’est-ce que les anciens combattants au Liberia qui espèrent toujours leur dû peuvent-ils attendre de lui ?
- A-t-il entendu les cris de détresse des 200 élèves exclus de l’Institut des sciences (IDS) et, surtout, des quelque 500 élèves policiers exclus de l’Ecole nationale de police (ENP) pour manifestation sur la voie publique ?
- Quel secret peut-il filer aux forces de sécurité pour vaincre le grand banditisme, qui n’a que trop terni l’image de notre Faso ?


En attendant, cher cousin, que peut bien te rappeler la date du 30 mars 2001 ? Inutile de te torturer les méninges ! C’est ce jour-là qu’avait choisi le peuple burkinabè pour se pardonner à travers l’organisation de la Journée nationale de pardon (JNP). Bientôt ce sera donc le quatrième anniversaire de cet événement, qui a drainé au stade du 4-Août ce vendredi-là du monde toutes tendances politiques et confessionnelles confondues.

Après le pardon des cœurs, des mesures d’accompagnement avaient été prises tendant à réhabiliter professionnellement et/ou financièrement tous ceux qui avaient été victimes d’injustice au cours de la période allant de 1960 à 2000 du fait de la politique.

Depuis, nombreux sont ceux-là qui ont eu réparation ; mais beaucoup continuent d’espérer, leur situation n’ayant pas été examinée à fond, en tout cas à leur avis ; sont de ceux-là les militaires réhabilités. Au nombre de 209, ils ont entrepris des démarches tant auprès du président du Comité de suivi de la mise en œuvre des Engagements du 30 mars 2001 que du président du Faso pour demander la reconstitution de leurs carrières.

Ils fondent leur argumentaire sur le fait que le rapport du Collège de sages, en son point 1-3-5 suggérait : ".... dans le cadre des réhabilitations, de tenir compte de la reconstitution effective des carrières pour toutes les victimes de l’arbitraire, civiles comme militaires...".

Est-ce l’incidence financière d’une telle mesure qui motive le silence du côté des premiers responsables de notre Armée, ou est-ce ce point des recommandations (7-3-2) du Collège de sages, qui suggère "la reconstitution des carrières brisées de tous ceux qui ont été brimés pour des raisons politiques, civils comme militaires" , mais qui spécifie que "vu la spécificité de l’Armée, cette reconstitution doit tenir compte du profil de la carrière" ?

En tout cas, selon des estimations faites par les intéressés, cela amènera l’Etat à débourser au bas mot 1 686 000 000 FCFA (un milliard six cent quatre vingt six millions de francs CFA) soit 1 400 000 000 FCFA pour la reconstitution des carrières et 286 000 000 FCFA au titre des différentiels de salaires.

Cher cousin, quand on parcourt la liste des candidats, on ne peut que rester au garde à vous : Juges-en toi même : médecin-commandant Jean-Baptiste Ouédraogo, colonels Saye Zerbo, Barthélémy Kombasré, Félix Tientarboum, les lieutenants-colonels Karim Lompo, Antoine Dakouré, Boni Moussa Georges, Christophe Kielwasser, André Roch Compaoré, etc. Tous espèrent qu’à la faveur de cet anniversaire du 30-Mars, leur appel sera enfin entendu, eux qui ont enregistré depuis ce triste épisode de l’histoire de notre pays la mort de 29 camarades dans leurs rangs.


Je reste dans cette lancée pour t’annoncer, cher cousin, que c’est le 30 mars prochain qu’interviendra la clôture officielle du Fonds d’indemnisation financière des personnes réhabilitées (FIFPR). En rappel, ce fonds avait été créé en mars 1995 en application de l’ordonnance n°91-080/PRES du 30 décembre 1991 portant réhabilitation administrative, et sa mission est de liquider et payer les indemnités des personnes réhabilitées. A ce jour, on estime à quelque 12 milliards de francs CFA la cagnotte débloquée par le gouvernement burkinabè pour l’indemnisation financière d’environ 4 000 personnes.


Un exemple de nomadisme, ainsi qualifiais-je, dans ma lettre du 11 mars dernier, le soutien que l’ancien sankariste, le député Tenrebson Boniface Zango de l’Union des patriotes pour le développement (UPD), apporte à la candidature de Blaise Compaoré à la présidentielle 2005.

Cher cousin, il n’entendait pas s’arrêter en si bon chemin, puisque je viens d’apprendre que l’honorable député vient de migrer du groupe parlementaire ADF-RDA vers le groupe parlementaire de la Convention des forces républicaines (CFR), lequel regroupe les députés membres des partis de la mouvance présidentielle. Comme il fallait bien s’y attendre, ce changement constant de couleur politique de la part du président de l’UPD n’a pas été du goût de tous les militants.

En témoigne la démission du secrétaire national à la Mobilisation des anciens, Bougma Bébéougada, qui en donne ci-après les raisons à son ancien compagnon de lutte :

"Monsieur le président,

L’orientation politique de l’Union des patriotes pour le développement (UPD) était le centrisme : c’est ce qui nous unissait dès la création du parti. Vous avez dit adieu au centrisme. Aussi, par la présente lettre, monsieur le président, à compter de ce jour 06 mars 2005, je démissionne de l’Union des patriotes pour le développement(UPD) conformément à l’article 10 du chapitre 2 des statuts du parti, pour des raisons politiques et de réalisme.

Veuillez agréer, monsieur le président, l’expression de mon profond respect."

Bébéougada Bougma


La première session ordinaire de l’Assemblée nationale de l’année 2005, te rappelles-tu, s’est ouverte le 2 mars dernier. Ce que tu dois ignorer, c’est la modification du contenu de l’ordre du jour de cette session ordinaire, le 21 mars 2005 après consultation des membres de la conférence des présidents. Mais laisse-moi te dire qu’il n’y a rien eu de majeur comme changement.

Retiens qu’on a juste procédé à l’interversion des séances relatives à l’examen de projets de loi portant toutes autorisation de ratification, initialement prévues respectivement le 22 mars et le 31 du même mois.

Dans l’ordre du jour modifié, comme dans l’originel, j’ai noté d’important sur le tableau général des questions orales trois sujets sur la politique du gouvernement à l’égard des écoles bilingues ; la gestion et le statut du personnel des garderies populaires ; les gentilés des provinces et des chefs-lieux des départements du Burkina. Les auteurs sont respectivement les députés Philippe Ouédraogo, Yamba Malick Sawadogo et Siméon Sawadogo. J’ai cependant remarqué que les tableaux généraux des questions d’actualité et de celles dites écrites sont vierges.

A l’analyse donc de ce tableau, j’ai tiré la conclusion selon laquelle nos élus ne jouent pas réellement leur rôle ou sont myopes sur les dérives de nos gouvernants. Car des sujets sur lesquels on peut interpeller, il n’en manque pas. Mais ton neveu Raboaki, que tu sais être dans le secret des dieux, m’a demandé de ne pas en vouloir à tous les députés.

Il m’a confié qu’il y aurait des questions orales qui sont posées et auxquelles le gouvernement tarde à répondre. Deux d’entre elles, se rapportant à la sécurité, émaneraient du groupe parlementaire Justice et Démocratie, précisément d’un député de l’UNIR/MS de Me Sankara. La première interpellerait le chef du gouvernement sur des bavures des forces de sécurité enregistrées à Kamboinsin, Yako, Pô, Dapoya, bref à travers le pays. La seconde est relative à un point au sujet duquel le peuple attend toujours des explications.

Comme tu dois l’avoir imaginé, il s’agit de l’exclusion des 500 élèves- policiers suite à la grogne des flics le 18 février dernier, à quelque six semaines de la Journée nationale de pardon. Oui, cette situation, m’est-il revenu, aurait fait également l’objet d’une question d’actualité dans la première semaine du mois de mars. J’ai été donc étonné de voir qu’on n’a pas pris en compte cette interrogation au moment de la modification de l’ordre du jour de la présente session ordinaire le 21 mars dernier.

Ce dont je suis sûr, c’est que jusque-là, concernant la situation au sein de la police nationale, l’opinion nationale attend toujours des explications sur une décision, je dirais propre aux régimes d’exception. Mais que veux-tu si ceux qui ont pris les décisions, n’ayant aucun égard pour personne, en font à leur tête sans explication au peuple, qui, pourtant, paie pour sa sécurité ?


Bref ! Peut-être qu’un jour ou l’autre on y répondra, mais en attendant, feuilletons ensemble le carnet secrète de Tipoko l’Intrigante :

- Les populations de plusieurs départements de la région de la boucle du Mouhoun tels : Siby et Oury, passent depuis un certain temps des nuits blanches à contempler leur récolte de coton, que la SOFITEX tarde à venir ramasser. Pressés de récolter, depuis novembre dernier pour être parmi les premiers à « palper l’argent frais de l’or blanc », ces paysans ont dû abandonner toutes autres activités pour rapidement constituer à l’entrée des villages des "monts blancs". Mais fatigués d’attendre les camions de ramassage, qui ne viennent pas, ils sont de nos jours presque au bord du désespoir...

En effet, parce qu’ils tirent l’essentiel de leurs ressources financières de cette culture, leur fête du Nouvel An s’est passée dans la "dèche". Actuellement, rares sont ceux qui ont quelques centimes en poche pour faire face à leurs besoins quotidiens. De plus, à la menace des intempéries comme les vents poussiéreux ou les pluies précoces nuisibles à l’éclat de l’or blanc, s’ajoutent malheureusement les risques d’incendies.

Malheureusement, les producteurs du village d’Oury en ont pâti le week-end dernier quand des bambins s’amusant avec du feu ont tout simplement réduit en cendres la récolte de leurs parents, qui ont vu voler en fumée plusieurs dizaines de tonnes de coton. Non loin de là, le village de Kalembouly, bien connu pour le savoir-faire de ses rebouteurs de membres cassés du corps , on sursaute à la vue du moindre nuage dans le ciel, car la quasi-totalité du coton produit se retrouve ici stockée à la lisière du marigot. Face à des correspondants coton introuvables pour répondre aux multiples questions qui les angoissent, ils ne cessent d’implorer le Tout-Puissant en attendant le sauveur qui a pour nom SOFITEX.

- Y a-t-il des directeurs de campagne électorale sans candidat ? Pour le moment, cela semble être le cas au CDP. En effet, les commissaires politiques du parti majoritaire ont arrêté l’organigramme des prochaines batailles électorales, notamment la présidentielle du 13 novembre 2005 et les municipales du 12 février 2006. Il y a dans cet organigramme une structure centrale et des organes annexes. Entre autres, les chefs de parti politique de la mouvance présidentielle, les experts et surtout les couches spécifiques et les associations de soutien au CDP y occupent des places de choix.

Le directeur général de la campagne présidentielle (DGCP) est l’enfant terrible du Yatenga, Salif Diallo. Il est secondé par un directeur général adjoint de la campagne présidentielle (DGACP), vieux briscard des campagnes, Jean Léonard Compaoré. C’est certain qu’avec ces deux terminators politiques, "Alternance 2005" et les autres opposants auront à ferrailler dur pour s’imposer dans cette course à la magistrature suprême.

A signaler que le siège de la campagne a été choisi : c’est dans un local abritant un service de l’irrigation villageoise, situé à la zone du Bois, à côté du collège Plateau, que se regroupera l’état-major de campagne de ce scrutin.

- De sources dignes de foi, le torchon brûle entre le commissaire de l’UEMOA au titre de la Côte d’Ivoire et les autorités de son pays. En effet, les autorités ivoiriennes ont sollicité le remplacement de leur commissaire. Ce que l’intéressé aurait catégoriquement rejeté, estimant qu’il faudra attendre la fin de son mandat en cours. Pour cela, il aurait fait appel auprès de la Cour de Justice de l’UEMOA par l’entremise de son avocat, Me Issouf Baadhio. Difficile de prévoir l’issue de cette confrontation, mais il sera difficile pour ce commissaire d’avoir raison contre son pays, ce, d’autant plus que c’est ce même pays qui l’a placé à l’UEMOA. Dans tous les cas, attendons l’issue de ce procès.

- Lui a été moins chanceux que ceux de ses pairs qui ont été limogés avant la fin de leur mandat avec poursuites judiciaires pour fautes lourdes de gestion et malversations. Lui, c’est François Xavier Kaboré, l’ancien maire de la commune de Zorgho, qui séjourne ces temps-ci à la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (MACO). A ce que l’on dit, il devrait ainsi payer non seulement pour les détournements et les ventes illicites de parcelles à Zorgho, mais aussi pour son arrogance à l’égard de ceux qui l’avaient fait roi.

- A partir du 26 mars, Air France changera son programme de desserte du Burkina. On raconte en effet qu’elle ne volera plus en direction du "Pays des hommes intègres" les dimanches. Par contre, elle y atterrira désormais cinq jours sur sept dans la semaine soit : lundi, mardi, jeudi, vendredi et samedi.

- Après l’annonce des candidatures du groupe Alternance 2005 à la présidentielle, l’Union des forces du renouveau (UFR) de Yamba Sommanda a fait son choix. Ainsi a-t-elle décidé d’apporter son soutien à la candidature de Me Hermann Yaméogo, le président de l’UNDD.

- Du 26 au 28 mars 2005, le village de Bassinko entrera dans l’histoire du ballon rond grâce à la Coupe "nong-taaba", que lance le ministre de la Culture, des Arts et du Tourisme, Mahamoudou Ouédraogo. Seize équipes des arrondissements de Boulmiougou et de Sig-Noghin y sont engagées qui devraient rivaliser de talent sur les terrains de l’espace Talba et de l’école A de Bassinko. En match d’ouverture ce samedi donc à partir de 15h, Bassinko football club sera opposé à l’Union sportive de Yagma.

Tipoko l’Intrigante n’apprend rien d’elle-même, elle n’invente jamais rien. Tipoko l’Intrigante est un non-être. Elle n’est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l’intuition c’est la faculté qu’a une femme d’être sûre d’une chose sans en avoir la certitude..."

Ainsi va la vie.

Au revoir.

Ton cousin

Passek Taalé.

Observateur Paalga

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