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Mouhoun : Des problèmes d’écoulement pour les producteurs de Souri

Publié le vendredi 11 mars 2005 à 07h47min

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Réunis en groupement et à titre privé à Souri, (15 km de Dédougou) au bord du fleuve Mouhoun, vivent de braves et entreprenants exploitants. Ces planteurs, tous de nationalité burkinabè ont de vastes exploitations de bananes, de papayes et de légumes.

Grâce à des motopompes acquises à leurs propres frais, ils pratiquent ainsi le jardinage et le maraîchage pour le bonheur de nombreux consommateurs.

Quand on arrive sur ces différentes exploitations, on se croirait facilement dans un campement d’un pays côtier au regard de vastes plantations de bananes, des champs de maïs ou encore des planches d’oignons qui s’étendent à des dimensions impressionnantes dont dispose cette localité. L’initiateur de ces exploitations au bord du fleuve Mouhoun semble être Illy Daniel. Ancien boy cuisinier à l’Hôtel Ivoire (Abidjan), il s’est investi dans le domaine du jardinage et plus précisément dans la production de la banane une vingtaine d’années.

Après quelques années passées en Côte d’Ivoire où il a servi comme boy cuisinier à l’hôtel Ivoire, M. Illy est revenu au pays où il s’est reconverti grand planteur au bord du Mouhoun. Certes, se souvient-il que les débuts n’ont pas été aisés, mais fort heureusement de l’arrosage manuel, il est passé maintenant à la motopompe. Les choses ont donc véritablement changé en sa faveur. Ce qui lui permet aujourd’hui d’employer 15 personnes dont ses propres fils.

Outre les légumes qui occupent une place de choix dans ses exploitations. Illy révèle que l’agrandissement de son exploitation lui fait vendre aujourd’hui 4 tonnes de banane et 3 tonnes de papaye tous les 15 jours. « J’ai pu payer une parcelle dans la ville de Dédougou que j’ai construite", a-t-il confié, précisant qu’il tire de la vente de ces produits à titre personnel entre 500 à 600 000 F CFA par mois.

Ces exploitants qui sont au nombre d’une trentaine au bord du fleuve Mouhoun se sont investis dans des domaines porteurs de la culture de bananes en passant par les papayes à la culture maraîchère. A l’aide de motopompes et l’application de techniques culturales modernes, ils affirment déverser sur le marché national une centaine de tonnes de banane, de papaye et de légumes de toutes sortes par an. Leurs problèmes majeurs à l’heure actuelle résident dans les difficultés d’écoulement de leurs produits.

Un élève de Daniel Illy du nom de Mahamoudou Bonkoungou s’est investi dans le domaine depuis 1999. De nos jours, il exploite 6 ha de banane qu’il alimente grâce à ses deux motopompes savamment installées au bord du fleuve Mouhoun. Avec une production de 13 à 15 tonnes de banane toutes les deux semaines, M. Bonkoungou affirme obtenir de la vente de ces produits entre 1 à 1,2 million de F CFA par mois.

De sérieux problèmes d’écoulement des produits

Ces exploitants reconnaissent tous vivre de sérieux problèmes d’écoulement de leurs productions vers la capitale. « D’octobre à décembre, nous avons des problèmes de marché, ce qui fait que nos productions pourrissent sur place », nous a confié Mahamoudou Bonkoungou. En tant que président de l’association des producteurs de banane du Burkina Faso, M. Bonkoungou s’est engagé à se battre pour améliorer les conditions de travail et de vie des producteurs de banane. "Notre objectif en créant cette association est de donner plus de visibilité au travail des producteurs de bananes mais aussi d’élargir le domaine de mûrissement. Nous comptons avec l’appui du gouvernement acquérir des camions frigorifiques pour non seulement permettre l’approvisionnement des principales villes du pays, mais aussi éviter que les productions ne pourrissent désormais, faute de marchés’’.

Des cultures de contre-saison tel le maïs

Les exploitants au bord du fleuve Mouhoun sont regroupés d’une part en groupements et d’autre part en exploitants privés. MM. Illy et Bonkoungou constituent de ce fait les exploitants privés dans ce périmètre. Outre les exploitations de banane, de papaye, ces producteurs se sont également investis dans la culture du maïs depuis 3 ans grâce à la petite irrigation villageoise. Les exploitants privés qui sont membres des groupements, demandent l’aide des contractuels et des journaliers et journalières pour leurs exploitations. Le premier groupement mis en place bénéficie au total de 10 hectares alors que M. Bonkoungou et M. Illy ont respectivement 10 hectares et 4 hectares personnels qu’ils exploitent à leur propre compte.

Précisant qu’il a déjà personnellement cultivé 4 hectares de maïs pendant cette saison sèche, M. Bonkoungou a rassuré qu’au total une quarantaine d’hectares seront exploités cette année au profit de la culture de maïs au regard de la campagne agricole mitigée de 2004. Jouissant d’un logement gratuit et de la nourriture, le contractuel célibataire est payé à 100.000 F CFA par an alors que le marié reçoit 150.000 F CFA. Le journalier ou la journalière se tire avec 500 F CFA par jour.

Ces exploitations, a confié un responsable de groupement, emploient 150 à 200 contractuels et journaliers par an dont le total des revenus est estimé à une dizaine de millions de F CFA. Par leur exemple, ces planteurs montrent qu’au pays on peut entreprendre et réussir de tels projets et éviter du même coup les humiliations et autres exactions de toutes sortes dont sont victimes bon nombre de nos compatriotes en Côte d’Ivoire.

Ouésséni OUEDRAOGO
AIB/Dédougou

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