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Fada : Les dessous d’un crime

Publié le vendredi 4 février 2005 à 07h28min

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Courant janvier 2005, une jeune femme du nom de Léa Lankoandé est lâchement poignardée à son domicile au secteur 7 de Fada par un inconnu qui prit la fuite.

Panique et consternation au sein de la population qui crie alors à la douleur, à l’horreur et à la vengeance après la mort de la femme, cette population en proie aux assauts quotidiens de la criminalité et du grand banditisme. Aujourd’hui, un pan de voile est levé, le bourreau fugitif, fût-il gendarme, a été appréhendé dans sa course folle et écroué à la Maison d’arrêt et de correction de Fada (MACF).

Exténué et malade, il fait des aveux, les larmes aux yeux. Pour quelle raison, peut être justifier l’injustifiable ? Il évoque des sentiments de jalousie, des tentatives de médiation qui ont échoué pour ramener sa femme à la raison et au bercail. Finalement, c’est l’option du poignard qui sera privilégiée au mépris de la raison, du dialogue, de la tolérance et du pardon, c’est le sombre épisode d’un crime passionnel ...

Léa Lankoandé est un véritable don de la nature, malgré son âge, la trentaine avec un enfant, elle n’a rien perdu de son élégance et de son charme. Son bourreau de mari n’avait-il pas raison d’ouvrir l’œil très grand sur elle, malgré la séparation. Léa faisait également la fierté de Iles de Paix, le service qui l’employait et où elle conjuguait travail et compétence.

Elle avait aussi des qualités sociales et plus d’une personne évoquait son ouverture et son honnêteté. Autant de qualités certes indéniables, mais qui ne font pas nécessairement bon ménage avec la vie maritale et Léa l’a appris à ses dépens. Son foyer a été synonyme de bagarres répétées, de suspicions d’infidélité, bref, tout ce qui peut rendre un ménage invivable.

Dans un tel contexte, le seul réflexe qui reste après toutes les tentatives de médiation, c’est de s’en aller. Léa l’a fait en quittant son mari, avec un enfant sur le dos pour tenter sa chance ailleurs. L’atmosphère commence alors à être invivable pour le mari habitué à chouchouter et maman et bébé. Le vide créé par le départ de Léa est irritant pour un mari, de surcroît, jaloux et possessif. Commence alors la vague de médiations pour le retour de l’oiseau rare à la maison.

Léa restera de marbre avec toujours en tête le souvenir de la brutalité. Les menaces du mari montent d’un cran avec des coups de téléphone insolite, des messages SMS, Léa prend les menaces au sérieux, se confie davantage aux siens, à des amis qui lui prodiguent conseils, encouragements et prudence. La troisième étape de son mari lui sera fatale, coups de couteau dans le dos, à la face, puis c’est la mort. Triste destin pour cette femme qui repose aujourd’hui en paix au cimetière route de Pama.

Le scénario du crime

Ce soir-là, un calme plat régnait au secteur 7 de Fada et rien ne présageait que l’atmosphère pouvait se polluer d’un instant à l’autre. Il est 22 heures et les rues sont désertes à cette heure-là à cause du froid exceptionnel de janvier, cette année. Sauf quelques noctambules qui traînent encore le pas comme l’occupant du véhicule sombre stationné à quelques encablures de la cour où habite Léa. C’est l’engin de l’inconnu qui a bien planifié son coup.

Le guet-apens est tendu dans la cour de Léa, et puisque l’agresseur connaît le programme de la femme, il suffit seulement de l’attendre et d’aller à l’acte. Aussitôt descendu de son engin après une ballade en ville, elle est accueillie par des coups de couteau au dos, à la face, elle crie au secours désespérément, malgré la présence des voisins puisque Léa partageait un célibatérium avec d’autres locataires. C’est finalement quelques instants plus tard que les secours arriveront.

Le fugitif a eu le temps de s’enfuir à bord du véhicule en question, ce véhicule qui sera aperçu quelques jours après dans la brousse de Diapangou (20 km de Fada) abandonné. Commence alors la chasse à l’homme par les forces de sécurité qui ratissent large. C’est finalement dans son village natal que le criminel sera rattrapé et ramené à Fada dans un état lamentable, puisque fatigué et malade. C’est à ce moment également que le voile se lèvera sur son identité et comme le disait la rumeur, Léa a été assassinée par son mari, un gendarme.

Au-delà de la jalousie, d’autres révélations

Au Gourma « la rumeur ne ment pas » comme on le dit souvent, même si l’assassin a fait des aveux sur les vrais mobiles du crime, l’opinion publique considère cette version comme la face visible de l’iceberg et avance que la victime connaissait beaucoup sur son mari et constituait de ce fait, un danger pour lui. Une des raisons à cela, c’est la menace quasi permanente des relations de la femme même après sa séparation.

Un candidat de la cour criminelle

A Fada, l’opinion publique attend beaucoup de ce procès, cette même opinion qui avait crié à l’horreur et à la vengeance après ce crime crapuleux. Selon des informations que nous avons glanées ici et là, l’assassin passera devant la cour criminelle. Des enquêtes seront approfondies pour connaître les vraies motivations de cet acte et toute la procédure sera suivie jusqu’à la chambre criminelle qui va le juger.

Issaka OUEDRAOGO
AIB/Fada N’Gourma

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