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2013 : 53 dents

Publié le lundi 15 juillet 2013 à 20h59min

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2013 : 53 dents

Le miroir est poli qui luit en silence
Qui réfléchit sans énoncer de sentences

Il est vil le pouvoir presse-citron
Qui épluche le journaliste en lambeaux
Il est vil le boss marmiton maton
Equarrisseur du revendicateur par morceaux

Elle est vile la chefferie agenouillée
Sourde au cliquetis des armes scélérates
Il est vil le notable appareillé
Des demi-vérités de savants pirates

Il est vil le ministre apeuré
Ecœurant lesté de consignes disparates
Il est vil le conseiller désespéré
Distillant ruses et mensonges par cataractes

Il est vil l’universitaire décadent
Le verbe haut et le poil frémissant
Il est vil le parlementaire pétaradant
Le geste onctueux et l’œil demi-sang

Il est vil le préjudice des ans
Prébendes et tiroir-caisse fumants
Il est vil le comptable pédant
Logorrhée étranglant mère et enfant

Il est vil l’officier se trompant de repas
Occupé à charcuter des rêves
Il est vil le fils distribuant le trépas
Nuit et jour, matin et soir, sans trêve

Elle est vile la chorale des nervis commissaires
Credo ondoyant et poignards dans les viscères
Il est vil le policier luisant de noirceur
Zébu musclé, ennemi juré des penseurs

Il est vil l’homme d’affaires se frottant les mains
La glaire chargée de mystères fétides
Il est vil le marchand sans frein
Complice compétent en toutes turpitudes

Il est vil le marabout sans âme
Diablotin psalmodiant dans la pénombre
Il est vil le sorcier des décombres
Détroussant les porte-monnaie et les dames

Il est vil le magistrat torturant le dogme
Misérable érudit affichant du flegme
Il est vil l’avocat au verbe venimeux
Le geste enchanteur, la robe frappée de plis terreux

Elle est vile cette cité pétrie de torpeur
Ingurgitant goute à goutte la terreur
Il est vil ce peuple de l’indignité
Cédant chaque soir un pan de sa liberté

Le miroir est joli qui sourit sans vengeance
Large œilleton qui fouille nos consciences

Sayouba Traoré, Journaliste, Ecrivain

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Vos commentaires

  • Le 15 juillet 2013 à 22:14 En réponse à : 2013 : 53 dents

    SENGHOR ce n’est pas mieux de s’occuper tranquillement des émissions de RFI ? éloignez vous de cette jungle. ce n’est pas le moment.

    • Le 16 juillet 2013 à 12:14, par ZAK En réponse à : 2013 : 53 dents

      Toi, tu es le prototype même du burkinabè moyen, arrogant et stupide !
      A moins que tu ne sois qu’un chien de garde du pouvoir en place, auquel cas sachez qu’on ne vous laissera plus jamais profiter impunément de ce pays ;il appartient à tous les burkinabè.
      Ignorant que tu es, tu ferais mieux d’apprendre pour ta gouverne personnelle, car cette prose est totalement hors de ta portée.

  • Le 16 juillet 2013 à 03:25 En réponse à : 2013 : 53 dents

    On a compris le message !!Sauf que les choses semblent plus compliquées. Une population qui n’a pas conscience que c’est elle qui confère je pouvoir et peut le retirer, une élite largement inféodée !!Il faut attendre alors la dernière goutte !On ne sait pas ce qui met le peuple burkinabè dehors !Mais elle peut toujours se retrouver soudain dehors ! Peut être que ce n’est plus loin !!!

    • Le 16 juillet 2013 à 13:43, par rodriguez En réponse à : 2013 : 53 dents

      Bien dit mon frère... "peut ètre que ce n’est pas loin !!!"
      bravo Sayouba pour ce poème poignant ! et merci encore pour tes contributions très valeureuses

    • Le 16 juillet 2013 à 16:07 En réponse à : 2013 : 53 dents

      C’est pourquoi Sayouba a passe au crible la multitude de "vils et viles". Y en a pas un ou deux, on est nombreux a etre vil. des ministres aux juges, en passant par le citoyen lamda, sans oublier la chefferie traditionnelle, nous sommes tous responsables meme si ce n’est pas au meme degre.
      Le jour ou on va atteindre le fond, on va se lever pour dire que trop c’est trop et nos soit- disants puissants vont courir pour se refugier sur le rocher. Mais le rocher va fondre. Ils fuiront vers la mer. Celle- ci se mettra a bouillir. Alors que vont faire nos malfrats ? Mais comme ca va encore un peu, chacun protege son petit cou et ca donne la facheuse impression que nos oppresseurs, nos spoliateurs ont de la force. Ou ca ? Ce n’est pas eux qui sont forts ou courageux. C’est le peuple qui est veule et lache, meme egoiste parce qu’ il croit que le salut peut etre individuel.

      Merci Sayouba. C’est un poeme tres fort. Avec des metaphores et autres images sans fioriture. Malheureusement le genre poetique n’est pas accessible a un peuple qui a a peine atteint le niveau de l’ alphabetisation fonctionnelle.

      Jean Marie Vianey Fayama, Toronto, Canada

  • Le 16 juillet 2013 à 11:30, par Neblaneda En réponse à : 2013 : 53 dents

    Que peuvent souffles et signes
    Quand la main du destin a le sablier tourné ?
    Reste-t-il encore quelque âme digne
    Qui puisse la situation sauver ?
    Et le fleuve du temps coule vers l’incertain
    Nulle volonté qui puisse rectifier son cours
    Le gros poisson rempli de menu fretin
    Contre le filet est en fin de parcours

  • Le 16 juillet 2013 à 12:25, par Beliour En réponse à : 2013 : 53 dents

    Il est vil le patriarche conduisant ses rejetons à l’abattoir
    Convaincu qu’il en ai ainsi par ce que c’est le destin qui a fait d’eux et "d’eux" ce qu’ils sont
    Il est vil ce fils menaçant de représailles économique la fratrie
    Exigeant d’eux le reniement de tout esprit logique au profit du grégarisme et excellant dans le bêlement
    « Un homme laid ne doit pas reprocher au miroir d’être de travers. » Proverbe chinois

  • Le 16 juillet 2013 à 17:31, par yilin En réponse à : 2013 : 53 dents

    Tonton tous les maux de notre Faso commun se retrouvent dans ce poeme

  • Le 16 juillet 2013 à 22:13 En réponse à : 2013 : 53 dents

    merci Sayouba au Burkina on reflechit toujours Tout n’est passe au ventre
    Tu termines bien :

    Il est vil ce peuple de l’indignité
    Cédant chaque soir un pan de sa liberté

    Le miroir est joli qui sourit sans vengeance
    Large œilleton qui fouille nos consciences

    Telle est malheureusement la realite de notre cher pays aujourd hui
    ou la vraie democratie populaire au service du peuple et du pays a besoin d un peuple de convaincus et non un peuple de vaincus qui subissent leur destin dixit Thomas sankara
    SOME

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