LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Avec de la persévérance et de l’endurance, nous pouvons obtenir tout ce que nous voulons.” Mike Tyson

Augmentation des salaires : Les réactions à Bobo-Dioulasso

Publié le vendredi 7 janvier 2005 à 07h31min

PARTAGER :                          

L’augmentation des salaires et indemnités au profit des agents publics de l’Etat par le gouvernement le 29 décembre 2004, ne semble pas avoir les effets escomptés. A travers l’interview express réalisée à Bobo-Dioulasso, des personnes jugent la décision du gouvernement insuffisante et attendent mieux.

Gilbert Bayan, enseignant à l’école centre "B" : Comme les autres travailleurs, je m’attendais à une augmentation plus substantielle des salaires, mais à ma grande surprise, le gouvernement lâche 4,5% à 8%. Par rapport à la cherté de la vie, aux prix actuels des produits de première nécessité, c’est insignifiant. Du reste, on ne peut pas parler d’augmentation des indemnités des enseignants, mais plutôt de rétablissement de leur droit puisque cette question avait au préalable fait l’objet de discussions entre le gouvernement et un certain nombre de syndicats et dont l’accord qui en est résulté n’a pas été respecté par le gouvernement. Je crois plus à un rétablissement d’un droit et non à une augmentation.

Jean-Luc Bonkian : C’est bien, cette augmentation au regard du contexte réel difficile. Cela va apporter un petit plus de dynamisme, de vitalité économique, favoriser la consommation, l’activité des services et la production.

Il faut saluer le dialogue gouvernement-société civile qui a permis cet aspect positif des choses, cette évolution.

Il est vrai qu’en tant qu’agent d’un établissement public de l’Etat, j’aurai souhaité mieux que 5% d’augmentation. Mais, l’espoir fait vivre, dit-on.

Seydou Zé, infirmier d’Etat au CSPS de Bolomakoté : De prime abord, l’augmentation des salaires est une bonne chose du fait même que le pouvoir d’achat des fonctionnaires a beaucoup baissé. Mais si nous tentons de faire un calcul, ces taux ne correspondent pas à l’évolution du coût de la vie. 4,5 à 8% reste tout de même bas. Car si l’on prend un fonctionnaire de la catégorie B par exemple, il n’aura pas grand-chose sur son salaire.

J’ai appris aussi par des collègues, que le personnel de la santé va bénéficier d’indemnités. Je crois que l’initiative déjà est à saluer. Parce que si on compare les indemnités actuelles de logement de la santé et de l’enseignement, le fossé est très large et ne tient pas compte des tarifs des loyers en ville. Je me dis qu’au lieu de puiser ailleurs pour compléter les frais de logement, si les nouvelles indemnités de logement sont consistantes et permettent de faire face à la situation, c’est déjà bien.

Joël Zoma, responsable de la société CORAM à Bobo-Dioulasso : Mon appréciation c’est de saluer la décision que le gouvernement vient de prendre mais, comparé au vécu quotidien de la population, je dirai que ce n’est pas suffisant. Si à la longue le gouvernement peut revoir sa position, cela pourra nous aider tous, fonctionnaires et commerçants, y compris. En ce qui me concerne, je ne m’attends pas à trop d’incidence de cette décision sur nos affaires du fait que l’augmentation en soi des salaires n’est pas substantielle.

Un petit calcul permet de situer qu’elle s’articule autour de 5000 F CFA. Des commerçants peut-être vont le ressentir mais faiblement. Mon souhait est que si l’Etat a la possibilité de revoir ces taux à la hausse, cela ne pourra qu’être salutaire. Certainement que les taux actuels tiennent compte aussi de certains facteurs économiques et de la situation des caisses de l’Etat mais des efforts peuvent toujours se faire à ce niveau. C’est déjà un pas en avant mais comme je l’ai tantôt relevé, c’est bon mais c’est pas arrivé.

Bakary Millogo, secrétaire général provincial de la section CGTB du Houet : Au niveau des organisations syndicales, nous avons demandé une augmentation des salaires de 25% et pour le public, le parapublic, le privé et pour les pensions. Finalement c’est une augmentation de 4,5 à 8% qui a été annoncée et encore uniquement en faveur des agents de l’Etat. De notre point de vue, lorsque l’on essaie de faire un parallèle avec la hausse des prix de certains produits de grande consommation comme le carburant, on se rend compte tout de suite que cette augmentation est carrément dérisoire.

Le fait qu’il se limite aussi au niveau des fonctionnaires de l’Etat pose problème. Qu’est-ce qu’on fait pour les autres, le para-public et le privé car à ma connaissance, c’est la première fois qu’une décision soit prise avec autant de précision qui montre en réalité qu’on tourne tout juste au niveau des travailleurs de l’Etat. Cette augmentation est intervenue au moment où depuis trois ans, nous avons engagé une lutte unitaire au niveau des organisations syndicales. Quelque part, nous remarquons qu’il faut vraiment qu’on descende dans la rue pour qu’on nous prenne au sérieux.

En réalité, c’est difficile et en parlant de lutte contre la pauvreté, il faut commencer par augmenter substantiellement les salaires.

Propos recueillis par Frédéric OUEDRAOGO
Sidwaya

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Route Didyr-Toma : 12 mois de retard, 7 km de bitume sur 43 km