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Sériba Ouattara, haut-commissaire du Soum : "Je ne suis pas un commandant de cercle"

Publié le jeudi 23 décembre 2004 à 07h26min

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Sériba Ouattara, administrateur civil, nommé Haut-Commissaire en octobre dernier à la tête de la province du Soum (Djibo), a pris service le 6 novembre dernier. L’homme connaît le Sahel pour avoir été agent public à la préfecture de Dori, puis préfect du département de Bani dans la province du Séno. Dans l’interview ci-dessous, il dit sous quel signe il place sa mission.

Sous quel signe placez-vous votre mission à la tête de la province ?

Sous le signe du travail, car il y a beaucoup à faire. Le développement de notre pays veut que chacun se mette au travail. Le président du Faso vient d’inviter (NDLR : lors de son adresse du 11 décembre) le peuple burkinabè au travail afin d’endiguer les fléaux et la pauvreté qui minent les populations. Nous ne pouvons que suivre ce pas ; et faire en sorte que le travail soit magnifié et que chaque travailleur puisse donner le maximum de lui-même pour qu’ensemble nous développions notre pays.

Quel type de rapports comptez-vous établir entre la population et vous ?

Nous ne sommes plus des commandants de cercle, mais plutôt des animateurs de développement. C’est dire donc qu’il nous faut être proche des populations, être à leur écoute, connaître leurs besoins et les grandes difficultés qui les gênent dans leur travail pour arriver ensemble avec elles à promouvoir le développement. Pour cela, nous saisirons toute occasion, toute tribune, qui peut nous permettre d’être aux côtés des populations afin de pouvoir échanger avec elles et établir avec elles une harmonie et une collaboration pour qu’elles sentent la présence de l’Etat en tant que conseiller.

Le budget de la province est chaque année déficitaire malgré les potentialités économiques énormes de cette province. Quelle stratégie comptez-vous adopter afin de combler ce déficit ?

La délégation spéciale de la province donne mandat au Haut-commissaire de pouvoir exécuter le budget et c’est à nous de prendre toutes les dispositions avec les services financiers et tous les agents de recouvrement pour arriver à faire le maximum de recouvrement. Il y a un comité de suivi budgétaire qui comprend le Haut-Commissaire, le percepteur, le contrôleur financier, le receveur des impôts avec l’agent comptable du Haut-Commissariat et qui se réunit régulièrement pour suivre l’exécution du budget.

Je pense que nous allons mettre l’accent sur le fonctionnement de ce comité de suivi pour être toujours aux faits de la situation budgétaire afin que nos dépenses arrivent à suivre le recouvrement. Je pense que par une telle stratégie, nous arriverons à maîtriser notre budget et faire en sorte que nous puissions juguler ce déficit.

La province a connu cette année une invasion acridienne et une pluviométrie déficitaire dont le corollaire est la désastreuse campagne agricole. Concrètement, qu’elle est la quantité des vivres dégagée par le gouvernement pour venir en aide à la population victime ?

C’est malheureux qu’il y ait eu sécheresse cette année doublée encore de l’invasion acridienne qui est venue nettoyer pratiquement les productions agricoles. Notre population est une population forte et rude qui sait toujours faire face à ces problèmes-là. Nous les encourageons à magnifier toujours la solidarité entre eux pour pouvoir se soutenir et faire en sorte que les appuis du gouvernement parviennent effectivement aux victimes. Nous venons de recevoir 224 t de céréales comprenant du maïs, du sorgho et du mil que nous nous apprêtons à déposer au niveau de chaque département (NDLR : 9 au total). Ces vivres seront distribués gratuitement aux victimes de l’invasion acridienne.

Mais, ce qu’il faut relever, c’est les difficultés auxquelles nous serons confrontés. En effet, un certain recensement avait été effectué pour établir une liste des victimes mais ce recensement n’a pas été fait dans de meilleures conditions. Et cela ne permet pas de pouvoir prendre en compte toutes les victimes. Nous allons plus compter sur la 2e phase de l’opération aide alimentaire qui consiste à mettre les céréales à prix social (NDLR : 50 F le kg) à la disposition des populations. Pour que celles qui ne pourront pas bénéficier de ce don gratuit puissent avoir des vivres à un prix social. Nous remercions beaucoup le gouvernement d’avoir réagi avec autant de rapidité pour soulager tant soit peu la population.

Le Sahel en général, le Soum en particulier, a le taux de scolarisation le plus bas du pays, particulièrement celui des filles. Que peut-on attendre de vous à ce niveau ?

C’est l’appui que nous espérons toujours des services techniques en matière d’éducation, des partenaires et personnes ressources afin que chacun mette la main à la pâte. Cela dans l’optique d’augmenter non seulement le nombre des infrastructures scolaires mais aussi sensibiliser la population sur la nécessité d’inscrire tous les enfants à l’école.

C’est une oeuvre de longue haleine qui est déjà entreprise et nous allons nous y engager pour apporter notre contribution à l’élevation du taux de scolarisation au niveau de la province. Il y a des difficultés objectives sur le terrain, vous savez que le peulh, qui est généralement un grand berger, a tendance à amener toujours ses enfants à la suite de ses animaux.

Il va falloir refléchir avec ces populations afin de trouver des voies idoines permettant de concilier ces deux choses-là, c’est-à-dire assurer la scolarisation des enfants tout en faisant l’élevage dans de bonnes conditions.
L’agriculture et l’élevage sont les poumons de notre économie. Il faut donc mettre les enfants à l’école, mais aussi, il faut promouvoir l’élevage afin que le pays puisse bénéficier de l’un et de l’autre.

Propos recueillis par Welman GUINGANI (Collaborateur)
Le Pays

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