En effet le lundi 22 novembre dernier, lors du cinquième passage des JNV, les autorités locales étaient obligées de passer par les forces de l’ordre pour mener à bien cette opération de vaccination.

Les "pieds nus" et les sunnites sont des communautés musulmanes vivant dans le département de Morolaba à l’extrême Ouest et à quelques distances de la frontière malienne. Ce sont des musulmans aux pratiques étranges. Les "pieds nus" par exemple sont vêtus de cotonnades, et ne portent jamais de chaussures. Ces deux communautés qui s’apparentent plus à des sectes musulmanes sont hostiles à la vaccination de leurs enfants pour diverses raisons. Selon les "pieds nus", cela n’a pas été dit dans le Coran, mais c’est une manière à eux de ne pas dépendre du style de l’Occident. Le Blanc serait leur ennemi juré. Ils refusent donc de consommer tout ce qui vient de l’Occident.

Du côté des sunnites, c’est une autre version. Ils soulignent que ce n’est pas le Coran qui l’interdit mais, plutôt les "kitaab".

Face donc à ce refus de faire vacciner leurs enfants, les autorités provinciales ont été obligées de dépêcher une mission spéciale sur les lieux dans la matinée du lundi 22 novembre 2004. Elle était composée d’une équipe médicale et des forces de sécurité dirigées par Mathias Nikiéma, directeur provincial de la Police Nationale. L’opération s’est déroulée en présence du préfet du département de Morolaba et du commissaire de police de N’Dorola. A Médine l’opération s’est bien déroulée sans aucune résistance de la part des "pieds nus". Mais chez les sunnites, ce fut un véritable chasse à l’homme car les agents vaccinateurs, aidés par la police pénétraient dans les concessions pour obliger les femmes à faire vacciner leurs enfants. Certaines d’entre elles ont réussi à franchir le fleuve qui sépare ledit village du Mali avec leurs enfants. Pour celles qui sont restées, il y a eu plus de peur que de mal car tout s’est finalement bien passé.

Les deux responsables de ces communautés avaient été interpellés en son temps à Orodara pour audition. Deux jours après, ils ont été libérés. Aux dernière nouvelles, nous apprenions que pour ce sixième passage des Journées nationales de vaccination (JNV) contre la rougeole, ces derniers cherchent encore à s’opposer à la campagne vaccinale. Quelle sera finalement la décision des autorités provinciales face à cette nouvelle situation ? Affaire à suivre.

Apollinaire KAM
AIB Orodara