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Forum de la société civile : Robert Ménard dénonce l’impunité

Publié le jeudi 21 octobre 2004 à 07h24min

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A jour J -36 du sommet des chefs d’Etat de la francophonie, les représentants de la société civile sont en conclave à Ouagadougou pour réfléchir sur leur rôle et contribution dans un espace francophone solidaire pour un développement durable. Du 20 au 22 octobre, elle harmonise sa position à l’intention de la conférence des chefs d’Etat qui doivent faire la déclaration de Ouagadougou.

Ce forum est placé sous le signe du partage et de la solidarité à travers les échanges d’expériences sur les mutations actuelles en matière de développement de gouvernance démocratique et économique, d’exclusion et de respect des droits de l’homme. Le ministre des affaires étrangères Issouf Ouédraogo qui a présidé la cérémonie d’ouverture a précisé que l’enjeu du sommet consistera pour la francophonie à se donner les moyens d’atteindre les objectifs du millénaire et d’inverser les tendances pessimistes actuelles, en jetant les bases d’un développement avec des priorités stratégiques (...).L’idée d’institutionnaliser le forum fait son petit bonhomme de chemin dans l’esprit des autorités burkinabè.

Ousmane PAYE a représenté le secrétaire général de l’organisation internationale de la Francophonie à la cérémonie d’ouverture du forum. Nous avons rencontré quelques participants qui se prononcent sur leurs attentes par rapport au forum.
Parmi ceux-ci, Robert Ménard de Reporters sans frontières expulsé du Burkina il y a cinq ans par les autorités. L’homme n’a rien perdu de son langage de vérité.

Robert Menard (Secrétaire général de Reporters sans frontières)

C’est une bonne idée de réunion avant ce sommet les organisations de la société civile et les ONG et leur demander leur avis sur leur quotidien. Cela est une bonne chose. C’était indispensable. Parler des droits de l’homme sans l’avis de ceux qui les défendent au jour au jour dans les différents pays serait absurde. Cependant, il faut attendre le sommet lui-même pour voir si les idées développées lors de ce forum seront réellement pris en concept et mises en oeuvre. L’initiative en tous cas est bonne.

Nos attentes ? C’est la liberté de la presse qui est loin d’être acquise dans les pays francophones. On va entendre un certain nombre de chefs d’Etat, les 26 et 27 novembre prochain qui ne sont vraiment par des modèles en matière de défense de la liberté de la presse. C’est une chose que nous continuerons de dénoncer.

La deuxième chose, c’est l’impunité. Punir ceux qui sont responsables d’atteinte violente aux droits de l’homme. C’est la base même des droits de l’homme. Je ne vais pas vous rappeler qu’ici au Burkina, il y a un cas suffisamment grave qui est celui de Norbert Zongo, toujours en attente. Et je ne l’oublierai pas. Sinon je suis ravi d’être au Burkina Faso et je remercie les autorités burkinabè pour cela. Je remercie le président Blaise Compaoré (puisque c’est lui qui a donné le feu vert qui me permet d’être là après cinq ans d’impossibilité).
Je remercie également le président Abdou Diouf (secrétaire général de l’OIF) qui a vu le président Compaoré à ce sujet.

Le Burkina est un pays qui avance sur ce terrain de la liberté de la presse. Blaise Compaoré n’est plus sur la liste des prédateurs de la liberté de la presse. Mais je ne vais pas oublier l’autre partie, c’est l’affaire Norbert Zongo. Vous et moi attendons toujours que cette affaire soit élucidée que les assassins soient punis. Et ça, c’est une histoire des droits de l’homme. Ce n’est pas une histoire de politique. Je ne viens pas faire de scandale ni de la politique. C’est certains de vos ministres qui le pensent. Je suis là pour dire que la liberté de la presse ça se défend. Je suis ravi de constater que le paysage médiatique a évolué dans le sens du pluralisme en cinq ans, sauf qu’il y a une affaire qui n’est pas réglée et je ne suis pas prêt à l’oublier pas plus que vous.
Cette histoire doit se régler par un procès digne de ce nom. Vous me le demandez, je vous répond. Ce n’est pas de la provocation.

Ousmane Nacro (président de la LIDEJEL)

Nos attentes, ce sont celles de la société civile de façon générale. Le fait que ce forum se tienne est en soi une satisfaction. Les pouvoirs publics semblent avoir pris conscience de la place que nous occupons. On ne peut parler de développement aujourd’hui sans y associer la société civile dans sa diversité. C’est elle qui est à la base de toutes les activités de développement. C’est une opportunité pour nous d’inviter les dirigeants ainsi que les partenaires au développement d’associer davantage la société civile dans la conception et la mise en oeuvre des politiques de développement, quel que soit le secteur.

En tant qu’association de défense des droits humains, nous allons insister sur la bonne gouvernance. C’est un problème clé. Nous allons les inviter les décideurs à aller au-delà des mots et à appliquer la bonne gouvernance politique, économique et sociale. Telle que nous la comprenons. Le respect des droits humains est évidemment une priorité sur laquelle il ne faut pas marchander, ainsi que la lutte contre la pauvreté.

Madeleine Ouédraogo (membre du CES Burkina)

En tant que défenseur des droits de la femme, notre message au chef d’Etat est qu’il se penchent sérieusement sur la condition de la femme. Dans tous les forums, on lui reconnaît des droits (acquis de haute lutte d’ailleurs) mais en réalité, sur le terrain on n’observe pas beaucoup de changements. Les droits des femmes ne sont pas vraiment appliquer comme nous l’espérons. Il y a toujours des entraves à l’application des droits en faveur de la femme. Nous allons le rappeler aux chefs d’Etat.

Par Abdoulaye TAO
Le Pays

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