Si ces augmentations du coût de transport opérées sur toute l’étendue du territoire sont mal appréciées par les uns et les autres, elles le sont davantage à Pô. Nous sommes allés à la rencontre de ces populations qui pensent que si rien n’est fait pour revoir le tarif Pô-Ouaga à la baisse, elles ne vont plus voyager comme avant et que les différentes sociétés de transport pourraient perdre leur clientèle sur cet axe.

Frédéric Tiétièmbou (gérant de la bibliothèque communale) : "Diminuer les tarifs"

Par rapport à cette situation d’augmentation du prix du transport, il faut dire que nous, à Pô, nous ne sommes pas du tout contents. Si ça ne tenait qu’aux sociétés assurant l’axe Ouaga-Pô, cette augmentation n’allait pas être aussi élévée que ça. Je sais que même si toutes les autres sociétés augmentaient leur tarif, la société Rakiéta n’allait pas le faire de cette manière. Je dis cela parce que depuis qu’elle est à Pô, elle se fait de bonnes affaires et n’aimerait pas décevoir sa clientèle. Pour ce faire, j’aimerais que Rakiéta et la STMB se concertent pour voir comment diminuer le tarif au niveau de Pô-Ouaga. Car ça ne les arrangera pas de même que nous. Il faut que ces deux sociétés essaient de rencontrer leur syndicat pour revoir le tarif à la baisse à Pô. Car c’est vraiment exagéré, cette augmentation. Tous les clients vont fuir et trouver d’autres solutions pour voyager sur ce tronçon. Comment peut-on comprendre que pour Ouaga-Bobo, long de 360 km, on augmente 1000 F et 1000 F aussi pour Ouaga-Pô long de 140 Km ? Je me demande comment ceux-la ont procédé dans leurs calculs. Sincèrement, nous les populations de Pô, tout retombe sur nous. Il faut que le ministère chargé du Transport essaie de rencontrer le syndicat pour voir comment étudier la question de Pô.

Ali Tapsoba (enseignant)

"c’est décevant"

Effectivement, on a constaté une augmentation subite des frais de transport au niveau national, augmentation qui n’encourage pas du tout les gens à voyager. Certainement, cela aura des conséquences désagréables en ce sens que le transport est un peu la clef de tout. Ce qui est grave est que quand il y aura baisse de prix de carburant, les transporteurs ne songeront pas à baisser les tarifs qu’ils ont augmentés pour cause d’augmentation de prix de l’essence. Une fois qu’ils augmentent, ça reste pour de bon. Ce qui est encore écoeurant cette fois-ci, il semble que c’est les syndicats de transporteurs qui, de façon unanime, ont procédé à cette augmentation. C’est décevant, voire déplorable quand on constate que c’est un monde de travailleurs qui, au lieu de se solidariser avec la population pour exercer une pression sur le politique pour alléger les choses pour les uns et les autres, les consommateurs surtout, se désolidarise des autres pour trouver leur manière à eux de faire fortune. Ce n’est pas du tout intéressant. Il aurait fallu que le syndicat des transporteurs reste dans la grande masse. L’augmentation opérée sur l’axe Ouaga-Pô est très grave ; ailleurs, les augmentations varient entre 30 et 40%. Mais à Pô, on est à environ 70% d’augmentation, pour une distance de 147 km.

Karim Moimbou (Commerçant)

"C’est excessif"

Concernant cette augmentation, ça joue beaucoup sur nous les commerçants. Le prix du transport a augmenté alors que nous ne pouvons pas augmenter les prix de nos marchandises. Pourtant, rien ne marche chez nous. Si cette augmentation était comprise entre 250 et 500 francs, on pourrait comprendre. Mais de 1500 à 2500 francs du coup, c’est vraiment trop. Il faut que le gouvernement voit sérieusement ce problème surtout le cas de Pô. J’ai appris qu’à Bobo, l’augmentation ne depasse pas 1000 francs sur 360 km alors qu’à Pô, situé à 145 km de Ouaga, on ajoute 1000 francs . C’est excessif.

Emile (gérant de Kiosque)

"Pitié pour nous les pauvres"

J’ai appris que le prix du transport entre Pô et Ouaga a augmenté et il faut 5000 francs pour faire le trajet aller et retour. J’ai tout de suite réalisé que pour nous autres, aller à Ouaga est devenu une chose impossible. J’ai même entendu certaines personnes dire qu’elles n’iront plus régulièrement à Ouaga comme auparavant. En voulant trop gagner, les sociétés de transports risquent de perdre. J’ai voulu me rendre à Ouaga le 5 octobre dernier mais j’ai dû renoncer car je n’avais pas 5000 francs. Un de mes amis voulait venir à Pô et il m’a fait savoir qu’il ne viendrait pas parce qu’il n’avait pas 5000. Un grand frère qui est élève devait aller à l’école à Ouaga et il avait tout juste 1500F. J’ai dû me débrouiller pour le faire partir avec des occasions. Il faut que l’on ait, pitié de nous.

Adoguiba Gomgnimbou (Boutiquier)

"L’enfer pour nous commerçants..."

Je trouve que cette augmentation n’est pas du tout bien pour tout le monde (commerçants , petits commerçants et autres). Nous autres les commerçants qui sommes obligés de nous rendre régulièrement à Ouaga pour faire des approvisionnements , c’est l’enfer. On a l’habitude d’aller 2 fois au moins dans la semaine. Maintenant que les données ont changé, on ne pourra plus voyager. Même une seule fois dans la semaine ne sera pas facile pour nous. Que ceux qui ont pris cette mesure essaient de se mettre à notre place pour voir combien leur décision nous cause des ennuis. Ils doivent rabaisser les prix.

Propos recueillis par Nouffou ZONGA

Le Pays