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Grogne autour des 1200 ha de Bagré : Le gouverneur Allahidi Diallo à la rencontre des protagonistes

Publié le jeudi 2 février 2012 à 00h25min

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Le gouverneur de la région du Centre-Est, Allahidi Diallo, accompagné du haut-commissaire de la province du Boulgou, Jean Baptiste ZONGO, et bien d’autres responsables ont rencontré les responsables coutumiers, religieux, les élus locaux, les Comités villageois de développement (CVD), les groupements de producteurs et des personnes ressources des villages des communes de Zonsé et de Bagré. Il s’est agi au cours de cette rencontre d’échanges, de les écouter et de recueillir des informations relatives aux différends sur l’attribution des parcelles de 1200 ha de terres agricoles aménagées sur la rive gauche du Nakanbé à Bagré.

La gestion et l’exploitation des 1200 ha de terres agricoles aménagées sur la rive gauche du Nakanbé à Bagré posent problème. C’est pourquoi, le gouverneur de la région du Centre-Est, Allahidi Diallo, à la tête d’une forte délégation, a rencontré le lundi 2 janvier 2012 les producteurs des villages et communes de Zonsé et de Bagré. L’aménagement de cette zone avait pour but , d’aider les paysans à s’installer, à raison d’une famille par hectare de terre attribué gratuitement. Pour permettre de conduire cette opération d’attribution des parcelles dans la transparence, l’autorité régionale a mis en place une commission ad hoc, par un arrêté signé le 6 juin 2011.

Cette commission ad hoc avait pour mission de recevoir les dossiers de candidature des producteurs souhaitant être attributaires des parcelles dans ledit périmètre ; instruire et évaluer les dossiers de candidature sur la base de critères établis par la commission ad hoc et de procéder à la désignation des attributaires. Six mois après, la commission traverse une crise pour cause de non transparence dans la distribution des parcelles, d’incompréhension et de déficit de communication entre les ex-exploitants installés sur le périmètre d’une part, et les responsables de la zone de production de la Maîtrise d’ouvrage de Bagré (MOB), d’autre part. C’est pour mieux comprendre cette situation que le gouverneur, Allahidi Diallo, accompagné des membres de la commission, des responsables de la MOB, et d’autres responsables provinciaux, se sont déplacés dans les deux communes, en vue d’échanger avec les protagonistes.

Situant le contexte de la rencontre, Allahidi Diallo a indiqué que même si toutes les régions appartiennent au même pays, les projets et programmes de chacune sont soutenus par l’Etat et le privé. Et le Centre-Est constitue une région-phare du Burkina Faso en termes de grands projets de l’Etat. D’où le projet Bagré, avec la multitude de ses composantes. De la simple maîtrise d’ouvrage, elle a évolué vers un pôle de croissance devenant ainsi une première expérimentation dans ce domaine. L’aménagement de ces 1200 ha de terres agricoles par l’Etat de la rive gauche du Nakambé s’avère une approche pragmatique du gouvernement en vue de permettre la pratique des cultures de contre-saison, au regard de la mauvaise pluviométrie enregistrée au cours de la saison écoulée. Dans la majeure partie du pays,

« l’objectif de cet aménagement est pour le gouvernement, en plus des autres dispositions déjà prises, de favoriser une production agricole conséquente, à même de soutenir les efforts qui sont engagés sur d’autres fronts », a indiqué le gouverneur. Pour le cas spécifique de la zone de Bagré, Allahidi Diallo a soutenu que partout où il y a de grands projets, et lorsque cela implique beaucoup de gens, en plus de l’intérêt individuel et collectif, il est évident que ces projets connaissent des difficultés dans leur mise en œuvre.

Une rencontre à l’allure de procès contre X

Pour le maire de la commune de Zonsé, Seyibo Zampou, les populations se sont déplacées en grand nombre afin de manifester leur mécontentement par rapport à la façon dont la commission ad hoc d’attribution des parcelles des 1200 ha de terres aménagées à travailler. Les populations ont demandé au maire de transmettre leur message à qui de droit. Selon toujours leur message, elles ne sont pas contre l’aménagement des 1200 ha de terres agricoles, encore moins que d’anciens exploitants depuis plus de 30 à 40 ans en soient aujourd’hui dépourvus. Par conséquent, les populations demandent l’annulation pure et simple de l’attribution des parcelles. Elles souhaitent que toutes les personnes qui étaient auparavant installées dans la zone soient attributaires d’au moins 2 à 5 ha de terres. Elles sont d’accord pour produire tout ce que l’Etat demande en vue de parer à l’insuffisance céréalière.

« Les chefs coutumiers des villages de Zonsé demandent aux autorités, notamment au gouverneur, de peser de tout son poids pour que toutes ces personnes, propriétaires de champs dans la zone aménagée obtiennent 5 ha. Leur présence massive à cette rencontre est d’exprimer leur mécontentement contre la manière dont l’attribution des parcelles a été faite », a souligné le chef coutumier de Yenkoundata. Pour celui de Litaya, il a voulu savoir ce qui a été prévu dans les clauses pour les ex-propriétaires terriens de la zone concernée. A ces questions, le secrétaire général de la province du Boulgou, Sibiri Ouédraogo, membre de la commission ad hoc, a rappelé que l’article 1er de l’arrêté créant la commission ad hoc dit ceci : « Il est créé une commission ad hoc d’attribution des parcelles des 1200 ha de terres agricoles aménagées par l’Etat en rive gauche du Nakambé à Bagré pour l’exploitation de type paysannat. La commission a pour mission de :

- Recevoir les dossiers de candidatures des producteurs souhaitant être attributaires des parcelles du périmètre des 1200 ha. R Instruire et évaluer les dossiers de candidatures sur la base de critères établis par la commission ; d De procéder à la désignation des attributaires ».
Pour M. Sibiri Ouédraogo, la commission a reçu 4690 demandes des producteurs, pour 800 ha disponibles. Il ajouté que si dans les 1200 ha de terres aménagées, il faut déduire les voies de canalisation pour l’irrigation et les terres inexploitables, il ne restera que 800 ha desquels la commission a pu dégager 1300 parcelles.

Selon le directeur de la zone de production de Bagré, M. Maxime Ouédraogo, depuis la création du barrage en 1992, 3880 ha de terres agricoles ont été aménagées. La philosophie du gouvernement et de la Banque mondiale (BM) , est d’améliorer les conditions de vie du paysan. Entre autres difficultés soulevées par le directeur de la zone de production, certains attributaires se permettent de louer leurs parcelles à plusieurs personnes . Conséquence, quand il y a problème, c’est la 10e personne qui se présente, et non le vrai propriétaire de la parcelle.
Non, rétorquent les propriétaires terriens de Bagré. Selon eux, ce sont leurs voisins des villages de la commune de Zonsé qui ne veulent plus voir les exploitants de Bagré sur le périmètre aménagé. Pour le premier adjoint au maire de Bagré, les populations des deux communes ont toujours cohabité ensemble et dans une parfaite harmonie. Il accuse les politiciens d’être à l’origine de cette situation.

« Bagré est un village d’hospitalité, une terre d’accueil où populations autochtones et migrantes vivent en parfait symbiose. Ce qui se passe dans la zone nous dépasse », a-t-il poursuivi. Pour le chef peulh de Bagré, la commission ad hoc a mal conduit l’opération. Certains membres se sont partagé les parcelles avec la complicité d’autres personnes, en excluant des vrais demandeurs… oe chef coutumier de Boclan a demandé aux autorités de trouver une solution. Car le problème de terre est très complexe.

Après avoir écouté les protagonistes, le gouverneur Allahidi Diallo a donné des instructions afin que des rapports soient fournis en vue de pouvoir trouver une issue heureuse.

Bougnan NAON (pbougnan@yahoo.com)

Sidwaya

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