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Une lettre pour Laye : Les cantines contenaient même des wons

Publié le dimanche 8 janvier 2012 à 23h40min

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Finie la frénésie qui s’était emparée de chacun à l’approche du nouvel an. Nous sommes à présent aux premières lueurs de 2012, et l’heure est au bilan. A ce sujet, ce ne sont pas les quartiers de mouton, de bœuf consommés, les milliers de gallinacés occis ou les centaines d’hectolitres d’alcool ingurgitées qui feront ici l’objet de commentaire, mais le bilan en termes d’accidents de la circulation ;

Cher Wambi,

puisque, comme nous l’avons écrit dans notre édition 8037 du vendredi 30 décembre 2011 au mardi 3 janvier 2012, 2024 éléments de sécurité ont été déployés à Ouagadougou le 31 décembre et 1775 le 1er janvier ; un effort salué à sa juste valeur, car, à tous les coins et recoins de rue, était posté un élément de la sécurité, ce qui avait pour objectif de dissuader tous ceux qui vont à l’encontre du code de la route et de minimiser les risques d’accident.

En a–t-il été effectivement le cas du côté des sapeurs-pompiers, qui ont dû être au four et au moulin ce jour ?
En effet, les soldats du feu ont été sollicités durant cette période pour évacuer des victimes d’accidents de la circulation vers les centres hospitaliers ; et on constate que, par rapport à la fin de l’année 2010, le nombre d’accidents a augmenté, tout comme les victimes décédées. Le 31 décembre 2011, 98 accidents ont été recensés sur l’ensemble du territoire contre 85 le 31 décembre 2010.

Sur les 98 accidents, 56 ont eu pour théâtre d’opération Ouagadougou, et Bobo-Dioulasso, la capitale économique, en a enregistré 19. Le nombre de décès a également augmenté par rapport au 31 décembre 2009 – 1er janvier 2010 : huit (8) décès en 2011 contre trois (3) en 2010. C’est dire que si la sécurité n’avait pas été déployée dans la ville, il y aurait eu plus d’accidents de la circulation et plus de citoyens y seraient passés de vie à trépas. Merci donc à la sécurité et aux soldats du feu que dirigeait, de main de maître, le lieutenant–colonel Ernest Kisbedo.

Cher Wambi, avant de mettre fin à ce décompte pas du tout gai, je t’apprends la brusque disparition de notre confrère de la Voix de l’Amérique Samuel Kiendrébéogo le mercredi 4 janvier à son domicile de la Patte d’Oie. Rentré de Washington (USA) pour passer quelques bons moments au pays, il ne s’est pas réveillé de sa sieste, selon des sources proches de la famille. Et le décès n’a pu qu’être constaté aux environs de 14 heures. A l’annonce de la triste nouvelle, la police technique et scientifique a rempli les formalités d’usage compte tenu de la personnalité du défunt qui, on le sait, est un résident permanent aux USA.

Ancien fonctionnaire, l’année dernière, il avait fait valoir ses droits à la retraite de la fonction publique burkinabè et s’apprêtait à rentrer définitivement des USA pour s’occuper de ses affaires au pays, mais le sort en a décidé autrement. D’ailleurs, hier jeudi 5 janvier, ce grand professionnel des médias devait même prendre le vol pour Washington. Né en 1949 et bien connu dans le monde des médias, celui qui a été pendant longtemps collaborateur de L’Observateur (initiateur, entre autres, de nos rubriques « Mam-ti-fou » et « Billets craquants ») a été le promoteur d’un prix spécial au Galian, portant son nom et visant à encourager les femmes travaillant dans les médias.

Hier, en fin de matinée, on attendait le retour de son épouse de Washington. Cela dit, sauf changement de dernière minute, les obsèques devraient se dérouler selon le programme suivant : veillée de prière à son domicile de la Patte-d’Oie ce vendredi 6 janvier à partir de 20 heures ; la levée du corps est prévue demain samedi 7 janvier à 8 heures à la morgue de l’hôpital Yalgado-Ouédraogo et l’absoute à 10 heures à Saponé, dans son village natal, suivie de l’inhumation sur place.

Cher Wambi, faisons à présent un flash back sur ce dossier brûlant de l’heure appelé « Affaire Guiro » ou « Affaire DG Douanes » qui, pour certains, marque l’inexorable descente de notre pays dans l’enfer de la corruption.
Parlant des deux cantines de billets de banque, le chef d’escadron Hubert Yaméogo, commandant de la gendarmerie départementale de Ouagadougou, a révélé qu’elles contenaient 1 906 190 604 FCFA. Et bien de personnes sont restées perplexes, pas sur ce montant faramineux enfoui dans les cantines et avec lequel s’amusaient les fils à papa, mais sur les pièces de monnaie que sont les 604 FCFA, à l’heure où les pièces de 5 FCFA et de 1 franc ne semblent plus avoir cours dans notre pays.

Renseignements pris auprès de ceux chargés de compter ce pactole, il semble que c’est la conversion en FCFA des différentes devises contenues dans les malles qui donne ce chiffre de 1 906 190 604 FCFA. Et parmi ces devises, on comptait naturellement des euros, et des won, la monnaie sud-coréenne. En jetant un coup d’œil sur le cours de cette monnaie que nous connaissons peu au Burkina, pour ne pas dire pas du tout, on se rend compte qu’un euro fait 1441.55 won. Alors pourquoi des won et pas de dollars comme on aurait pu bien s’y attendre ?

Mystère et boule de gomme.
Par contre, ce que nous savons, c’est qu’autour de ces cantines bourrées de fric, les gendarmes n’étaient pas seuls à faire le compte : étaient également de la partie le parquet et le Trésor public. On pensait d’ailleurs avoir plus de précisions sur cette affaire lors du point de presse du gouvernement qui avait été convoqué hier mais qui a été reporté sine die. Pour le report de ce point de presse, on croit savoir que c’est parce que l’Exécutif même n’a pas tous les tenants et les aboutissants de cette affaire et craignait d’avoir à se contredire ou à chercher ses mots lors de ce point de presse qu’il a estimé plus judicieux de le reporter, le temps d’avoir les bonnes réponses aux questions des hommes de médias.

On attend ce point de presse avec impatience, car il serait intéressant de savoir si les pandores, qui ont réussi à mettre le grappin sur le pactole de sieur Ousmane Guiro, pourraient eux aussi avoir quelques ristournes sur le montant, tout comme les douaniers lorsqu’ils font des saisies.
Même si on n’a pas encore fini de parler de cette affaire rocambolesque, les précieuses cantines, elles, sont soigneusement entreposées en lieu sûr, précisément au Trésor public.

Cher Wambi, je m’apprêtais à te poster la présente lettre quand j’ai vu défiler une liste interminable d’autres personnes qui auraient été appréhendées dans cette affaire Guiro. Un vrai contingent ! Mais comprends qu’au stade actuel des choses je ne puisse pas encore te communiquer l’identité des intéressés. Cela, d’autant plus que je ne sais pas moi-même si ce listing est authentique ou pas.
Toute autre chose à présent, cher cousin, parlons de l’aéroport de Ouagadougou, qui peine à prendre de nouvelles couleurs.

Mais si le nième deadline est respecté pour la fin des travaux, à la fin de ce premier trimestre, c’est-à-dire aux alentours de fin mars, on aura un aéroport requinqué. On imagine que cette infrastructure ne va pas continuer d’avoir la dénomination « d’aéroport international de Ouagadougou ».
Alors une suggestion de nom de baptême. La plupart des aéroports du monde portent le nom du lieu où ils ont été édifiés : c’est ainsi que nous avons, en France, Roissy–Charles de Gaulle, Orly, le Bourget ; en Afrique, nous avons Dakar Yoff (qui est devenu Léopold-Sédar-Senghor) au Sénégal, Abidjan Port-Bouet en Côte d’Ivoire, Conakry-Gbéssia en Guinée, Bamako-Sénou au Mali, Lomé Tokoin au Togo.
L’aéroport de Ouagadougou aurait pu s’appeler Ouagadougou –Tamsê (qui signifie karité) car, avant l’implantation de cette infrastructure, l’endroit était envahi par des karités. Cela ne serait qu’original.

A présent, occupons-nous de feuilleter le carnet secret de Tipoko l’Intrigante, notre bonne vieille :
- A l’orée de la nouvelle année, l’heure est au bilan généralement dans les états-majors des partis politiques en vue de faire le point des activités menées au cours de l’année écoulée et de dresser les perspectives de 2012.
L’ADF-RDA, ne dérogeant pas à cette tradition, convoque ce dimanche 8 janvier à 10 heures les membres de son Secrétariat exécutif national à son siège, sis au secteur 17 de Ouagadougou, pour cet important exercice.

Au cours de ce conclave, l’instance de décision se penchera sur les conclusions du CCRP, la question de sa représentation au niveau des démembrements de la CENI, des missions effectuées à l’étranger et des formations et séminaires de renforcement des capacités. Bien évidemment les enjeux des élections couplées de 2012 s’inviteront au débat. Quelle stratégie mettra en place le parti de Me Gilbert Noël Ouédraogo pour conforter sa position de deuxième force politique de notre pays, surtout que certaines formations veulent lui ravir cette place ? That is the question. Wait and see.

- Cela fera bientôt un an que certains usagers du téléphone fixe sont privés de tonalité du fait du vol de la fibre optique par des malfrats, dont certains ont du reste été appréhendés par la gendarmerie. Pourtant, des factures continuent d’être adressées aux pauvres clients, avec des menaces de suspension si ce n’est de résiliation de leurs contrats par l’ONATEL, ce qui les fait rager et à juste titre ; surtout que la plupart, sur instructions de ladite structure, lui ont adressé des correspondances expliquant leur situation. A quel jeu se livre-t-on dans cette affaire ? En tout cas les associations de défense des droits du consommateur, la Ligue des consommateurs du Burkina (LCB) en tête, sont interpellées sur la situation, qui n’a que trop duré.

- L’année nouvelle est là avec ses agendas, dont celui politique. Conclaves par-ci, congrès par-là, etc. L’Union nationale pour la démocratie et le développement (UNDD) démarre 2012 en fanfare, avec la tenue de son deuxième congrès ordinaire du 12 au 14 janvier. Si l’ouverture des travaux aura lieu à Ouagadougou et s’y poursuivront le 13, leur clôture se fera à Léo dans la Sissili. Et pour faire genre, les délégués provinciaux devront être couplés (homme, femme).

- Décidément, les bandits ont la peau dure de nos jours à Simonville. Ils ne reculent plus devant rien pour commettre leurs forfaits. Naturellement, c’est la population qui leur paye un lourd tribut :
le 31 décembre 2011, dans un maquis bien fréquenté de la capitale sur la nationale n°1 (Ouaga-Bobo), ils se seraient encore tristement illustrés en y faisant irruption armes en main. Point besoin de dire que les paisibles citoyens qui s’y étaient retrouvés pour célébrer dans la gaieté la Saint-Sylvestre en ont fait les frais. Ils auraient en effet purement et simplement été détroussés.

Les mauvais garçons les auraient délestés de leurs argent, potables et autres biens qu’ils détenaient par-devers eux. Le propriétaire du local, qui se serait entre-temps éclipsé avec la recette de la soirée, aurait vraiment eu le bon réflexe. Comme pour se défouler, ils auraient alors sauvagement battu le gardien de faction, qui s’en serait tiré avec des blessures.

Pas très satisfaits et enivrés par ce qu’ils avaient engrangé quelques jours auparavant, ils seraient revenus sur leurs pas la troisième nuit de la nouvelle année, pour améliorer leur butin. Cette fois-ci, ils auraient battu un second vigile qu’ils auraient laissé dans un état comateux avant de s’évanouir dans la nature avec la caisse et cinq cagettes de boissons.
Si ce n’est de l’acharnement, ça y ressemble ; et les forces de sécurité sont interpellées pour redoubler les efforts afin de protéger les honnêtes citoyens, qui ne demandent qu’à vivre tranquilles et à profiter pleinement de la vie.

- Le magazine américain d’information et d’investigation Mother Jones, vient de publier la liste des 7 meilleurs films documentaires de l’année 2011 aux Etats-Unis. Parmi ces œuvres, figure « The Stinking Ship » (le bateau puant ou l’histoire du Probo Koala en Côte d’Ivoire) de notre compatriote Germain Bagassi Koura. Dans ce lot de productions cinématographiques de grande facture, celle du Burkinabè a eu le mérite d’avoir été, réalise avec le minimum de budget et par un débutant, contrairement aux autres qui sont produites par de grands réalisateurs américains dont Morgan Spurlock. Au moment où il tournait son film, dont le thème lui a servi de thèse de fin d’études, Koura Germain Bagassi (KGB) était étudiant à l’Université de Berkeley en Californie. The Stinking Ship a d’ailleurs été projeté au Burkina lors de la dernière édition du festival Ciné Droit Libre.

Tipoko l’Intrigante n’apprend rien d’elle-même, elle n’invente jamais rien. Tipoko l’Intrigante est un non-être. Elle n’est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l’intuition c’est la faculté qu’a une femme d’être sûre d’une chose sans en avoir la certitude..."

Ainsi va la vie.
Au revoir.

Ton cousin
Passek Taalé.

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 9 janvier 2012 à 12:05, par le lingouste En réponse à : Une lettre pour Laye : Les cantines contenaient même des wons

    C’est malheureux pour notre pays : des militaires mutins pas grave, mais des mutins voleurs !
    Alors que nous n’avons pas fini de panser la plaie, voici que l’on découvre qu’il y a des fonctionnaires burkinabé, fussent-ils douaniers, qui possèdent à eux seuls plus d’1 milliard de francs !
    Très cher Président,
    Et si tu acceptais que toutes les directions soient occupées par des directeurs nommés suite à des appels à candidature ! Et si tu sanctionnais publiquement certains ministres puisqu’ils n’ont pas de personalité suffisante pour démissionner (ex. : le Ministre patron du douanier milliardaire doit démissionner).
    A ce rythme, tout le monde nous abandonnera.

  • Le 9 janvier 2012 à 19:34 En réponse à : Une lettre pour Laye : Les cantines contenaient même des wons

    Je comprends maintenant pourquoi quand je suis allé au marché pour m’acheter une...cantine, il en manquait !! Moi, je suis en déménagement vers la province et j’en ai besoin pour mes vieillles fringues ! Pardon, messieurs les douaniers !!!

  • Le 24 janvier 2012 à 15:33, par ousmane En réponse à : Une lettre pour Laye : Les cantines contenaient même des wons

    Cher frere, tu veux dire qu’a cause des douaniers milliadaires les cantines manquent sur le mache’ ? mon camarade president toi tu vois ! On est ou ?

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