Niangho et Béguédo sont des départements dépendant de la province du Boulgou. Ils sont situés à environ 140 kilomètres de Ouaga. De la capitale, deux voies principales y mènent. La nationale allant à Manga, frontière du Ghana et la route nationale 14, passant par Tenkodogo. Ces villages ont la particularité d’être les deux chefs-lieux de départements les plus proches. Il n’y a qu’un cours d’eau qui les sépare. Certes, cette barrière naturelle ne les a pas empêchés de se rentrer dedans à une certaine époque, mais heureusement que cela appartient à l’histoire, la hache de guerre ayant été enterré. Qui sait ? Peut-être que cela pourrait se transformer en parenté à plaisanterie un jour !

Aujourd’hui, ces deux départements semblent rivaliser plutôt dans le domaine de la prospérité. Les maisons en briques de ciment ont poussé comme des champignons après l’orage. De part et d’autre, des jeunes qui ont migré en Italie y sont certainement pour quelque chose. Les Niangholais et les Béguédolais se préoccupent maintenant de l’amélioration de leur cadre de vie. Ces deux villages ayant déjà le téléphone et l’eau courante, il ne manquait plus que l’électricité pour parfaire les choses.

Dans douze mois ce manque sera devenu un vieux souvenir, grâce à la coopération danoise DANIDA qui contribuera à hauteur de 60% des réalisations, soit environ 180 millions. Les 40% restants seront à la charge de la population. En plus du Danemark, trois autres acteurs clés sont impliqués dans l’exécution du projet. La COOPEL, l’entreprise SIMEEEL et la maîtrise d’ouvrage assurée par le bureau d’étude EDENE.

En fait, c’est un projet original que cette électrification de Niangho et de Béguédo. La population y est étroitement impliquée, à travers la coopérative d’électricité de Niangho et celle de Béguédo. Chacune de ces coopératives étant appelée COOPEL. Elles sont responsables de la gestion et de l’exploitation des installations, du recrutement du fournisseur, de la gestion des fonds mis à sa disposition, de la pérennisation des investissements, de la détermination du tarif de l’électricité, et de la sauvegarde des recettes provenant de la vente de l’électricité.

L’entreprise SIMEEEL, elle, a signé un contrat de cinq ans avec ces deux coopératives pour l’installation, l’exploitation, l’entretien des équipements, le comptage de l’électricité, la consommation et la collecte des recettes. La maîtrise d’ouvrage quant à elle joue le rôle de tampon et de facilitateur entre SIMEEL et COOPEL. Elle entreprend les démarches nécessaires avec les autorités, s’occupe des appels d’offres. Cette structure s’occupe également du suivi et de l’appui des travaux et la COOPEL, pour toutes les autorisations concernant les travaux.

A cette cérémonie de lancement, le premier poteau électrique a été planté devant la préfecture. Sous les regards de témoins de poids : la population, le naba Diguimdé de Niangho, le ministre des Mines, des Carrières et de l’Energie Kader Cissé, le ministre de la Santé, Alain Yoda, natif de Komtoega, un village voisin.

Rendez-vous est ainsi donné dans douze mois. Le lancement a eu lieu à Niangho. Pour des soucis d’équilibre stratégiques et de cohésion sociale entre les deux populations, la cérémonie d’inauguration de l’électricité aura lieu à Béguédo. En aparté, les habitants de l’autre rive, à savoir ceux de Béguédo ont assuré qu’à cette occasion, la fête y sera encore plus belle.

Issa K. Barry
Observateur Paalga