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Ferme agricole de Banfora : Marche pour réclamer 46 millions à un opérateur économique

Publié le vendredi 19 août 2011 à 01h53min

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Le 9 août 2011, les ex-travailleurs de la Ferme agricole de Banfora (FABA), avec à leurs côtés leurs femmes et leurs enfants, ont damé le macadam pour réclamer le paiement de leurs droits à un opérateur économique, à la suite d’un contentieux judiciaire tranché en leur faveur. Cet opérateur économique qui doit plus de 46 millions traîne à soulager les manifestants qui, à l’issue d’une marche qui les a conduits au haut-commissariat de la Comoé, ont été reçus par le haut-commissaire, Kasimir Segda, pour la remise d’une lettre de protestation.

Après 4 ans d’attente suivie d’un an et 8 mois d’imbroglio judiciaire, les 59 travailleurs remerciés de la ferme qui ont gagné leur procès se croyaient au bout de leurs peines. Engagés comme permanents depuis 2003 par un Français, promoteur de la FABA qui la cédera ensuite à M. Samaké et à Traoré Nipon, ces travailleurs ont connu depuis une traversée du désert.

Cette cession, à les entendre, entraînera des changements importants dans le fonctionnement de l’entreprise, ces repreneurs n’étant pas résidents au Burkina mais en Côte d’Ivoire. C’est ainsi qu’en avril 2007 la FABA ne pourra plus faire face à ses charges d’exploitation, dont le payement des salaires. Devant cette situation, la direction régionale du Travail et de la Sécurité sociale a été saisie et celle-ci tenta d’entrer en contact avec les employeurs mais sans succès du fait que ceux-ci ne feront pas le déplacement.

C’est dans cette attente que les travailleurs disent avoir été convoqués le 10 février 2010 chez Ouattara N’Gollo Drissa, un opérateur économique de Banfora, pour leur signifier que la ferme lui a été cédée. Ce dernier rassure la direction régionale qui suit le dossier et les travailleurs de faire face au règlement des arriérés de salaires et des cotisations à la CNSS le 12 mars 2010, toute chose qui a permis la signature d’un procès-verbal de conciliation à l’amiable. En même temps, les travailleurs se verront également signifier leurs licenciements en violation de l’article 99, 101 et 102 du Code de travail.

Mais, par la suite, la direction régionale se verra obligée de dresser un procès-verbal de non-conciliation, du fait de l’employeur qui tarde à honorer ses engagements. Le 20 mai 2010, les parties étaient convoquées au Tribunal de travail de Bobo-Dioulasso. Durant le calendrier d’instruction de l’affaire, du 15 juin au 10 août 2010, la partie employeur n’a jamais comparu ni justifié les motifs de son absence de l’avis des manifestants.

La FABA a été donc condamnée le 29 juin 2011 à payer la somme totale de quarante-six millions de huit cent vingt huit mille quatre-vingt-dix-huit (46 828 098) francs CFA en principal aux 59 travailleurs. Après la signification de ce jugement faite au repreneur le 20 juillet 2011, « c’est à ce moment que celui-ci au lieu de rechercher des solutions idoines au problème fait opposition audit jugement arguant qu’il na jamais été convoqué et qu’il n’était pas employeur au moment des faits », a expliqué le porte-parole des manifestants, Tou Zoumana.

C’est du reste ce qui a concouru à cette marche pour interpeller les autorités car, « non content de résilier nos contrats de travail, ce Monsieur veut nous prouver que la justice est à sa solde », s’indignent les marcheurs qui font remarquer que c’est ainsi qu’on discrédite nos juridictions pendant que le gouvernement et les acteurs de la justice tentent de rétablir la confiance entre eux et les justiciables.

Au premier responsable de la province de Comoé, Kasimir Segda, les victimes disent avoir des raisons de croire qu’elles sont victimes d’une connivence entre les ex-employeurs et le nouveau repreneur dans le but, non seulement de rompre leurs contrats de travail, mais aussi de les priver de rentrer dans leurs droits avec ce « dilatoire pour faire obstacle à l’exécution d’un jugement rendu ».

Aux victimes de prendre à témoins tous les acteurs épris de paix et de justice, car « nous n’entendons pas permettre à un opérateur économique aussi puissant soit-il, de nous priver de nos droits », dira leur porte- parole.

Le haut-commissaire dira qu’il venait d’être imprégné du litige, et de promettre saisir qui de droit. C’est dans cet espoir que les marcheurs ont quitté le haut-commissariat, non sans poursuivre leur marche à travers les artères de la capitale du Paysan noir, avant de se disperser à la Bourse du travail aux environs de 10 heures.

Luc Ouattara

L’Observateur Paalga

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