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Pô : échauffourées entre militaires et civils

Publié le mercredi 6 octobre 2004 à 07h28min

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La ville de Pô était en ébullition jeudi et vendredi derniers suite à des échauffourées entre jeunes militaires et jeunes civils du secteur 6 de Pô.

Tout a commencé dans la nuit du jeudi à 20 h 40 lorsque Koara Jean, un commerçant de 37 ans se rendait à son domicile. Au détour d’un sentier, il constata qu’un jeune militaire en compagnie d’une fille avait obstrué le passage. Il demanda poliment au jeune militaire de dégager la voie pour d’une part, lui permettre de passer et d’autre part, ne pas gêner la circulation.

Le jeune militaire aurait répondu en demandant à Jean de s’envoler pour passer. Il s’en est alors suivi une altercation à la suite de laquelle Jean fut copieusement tabassé par le jeune militaire et 2 autres de ses compagnons qui l’avaient rejoint entre- temps. Des jeunes du quartier, alertés, ont volé au secours du jeune commerçant en bastonnant à leur tour, les trois militaires qui ont fini par détaler en emportant le vélo de Jean.

Des frères et amis de celui-ci ont tenté vainement de récupérer le vélo. Le lendemain matin, les jeunes militaires qui ont identifié un jeune du secteur 6 devant un kiosque où il était en train de prendre son petit déjeuner comme étant l’un de ceux qui ont participé à la bagarre de la veille, ont fait sa fête à ce jeune du nom de Koara Batayouki, 27 ans. Il fut rossé sans pitié. Coups de poings et de poignards au dos et au-dessus de l’œil droit. Le jeune Bata (comme l’appellent les intimes) fut transporté d’urgence au district sanitaire de Pô dans un état comateux. Aux dernières nouvelles, Bata est sorti de son coma et sa vie ne serait plus en danger contrairement à la rumeur qui lui donnait pour mort.

La bastonnade de ce jeune a révolté et soulevé les jeunes de Pô qui sont sortis par dizaines dans les rues, armés qui de coupe-coupe, qui de lance, qui d’arc et de flèches pour crier leur raz-le bol et casser du militaire. Ainsi la maison d’un des trois jeunes militaires agresseurs a été complètement saccagée : fauteuils, buffet, poste téléviseur... tout a été détruit. Outre les dégâts matériels, l’on déplore également des blessés chez les militaires.

Il a fallu la prompte intervention du maire de Pô, des autorités administratives, militaires et para-militaires qui sont allés à la rencontre des jeunes révoltés dans la matinée du vendredi. De cette rencontre est née l’accalmie. Dans l’après-midi, une réunion d’urgence présidée par le haut-commissaire du Nahouri en personne, a regroupé des représentants des jeunes, le maire de Pô et des chefs militaires de la garnison de Pô. Les uns et les autres se sont expliqués tout en promettant de travailler mutuellement à l’apaisement des cœurs. Toutefois par mesure de sécurité, les jeunes militaires ont été obligés de passer la nuit de vendredi à samedi en caserne.

Depuis quelques années maintenant, les jeunes de Pô et les jeunes militaires se regardent en chiens de faïence. Les premiers trouvent que les seconds abusent de leur statut de militaires pour les intimider, les humilier, et exercer impunément la violence sur eux. Les seconds pensent que les premiers sont jaloux de leur statut et de leurs conditions de vie qui font de la provocation inutile à leur endroit. Qu’importe celui qui a raison. La situation est malheureuse et récurrente. Chaque année, on déplore de pareilles bagarres entre jeunes militaires et jeunes civils de Pô. Et si l’on ne trouve pas une solution définitive à cette violence quasi-permanente entre les eux parties, l’on finira par arriver au pire tôt ou tard.

Une solution est d’autant possible à trouver que des militaires d’une certaine catégorie dont les anciens et ceux de l’Académie militaire Georges Namoano vivent depuis quelques décennies en bonne intelligence avec les populations de Pô. Le problème réside surtout au niveau des jeunes et nouvelles recrues qui sont toujours les premières à porter la main sur les civils. Exaspérés, ceux-ci s’organisent comme ils peuvent pour se défendre. La solution passe donc partiellement par la sensibilisation, l’éducation et au besoin, le sanction de ces jeunes militaires prompts à frapper.

Il y a 3 mois environ, des responsables militaires sentant le pourrissement de la situation, avaient initié une rencontre avec les jeunes de Pô dans le but de prévenir un quelconque conflit. Il avait été question d’organiser des journées de réconciliation entre jeunes militaires et civils à travers l’organisation de manifestations culturelles et sportives. Qu’en est-il aujourd’hui de cette initiative ?

S’il est vrai qu’un militaire est un civil en tenue et qu’un civil est un militaire en permission, il n’y a vraiment pas de raison que l’un et l’autre ne se complètent pas et ne s’entendent pas. Souhaitons donc que demain soit meilleur entre jeunes militaires et jeunes civils de Pô.

Danzoupiou ATIHOUTIGUI
Sidwaya

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