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Une lettre pour Laye : Musiciens, pas mutins

Publié le vendredi 22 juillet 2011 à 03h10min

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Cher Wambi,
Alors qu’à Boura, dans la Sissili profonde, les exploitants agricoles ont toujours les yeux tournés vers le ciel, Dame Pluie semble avoir réservé ses charmes au Kadiogo, où les craintes d’inondations en cette mi-juillet, à l’image de celles de septembre 2009, sont largement partagées.Je n’en veux pour preuve que Simonville qui, bien que tardivement, vient d’entamer sa grande toilette pour parer à toute éventualité.

Dans l’attente d’émonder les caïlcédrats centenaires qui peinent maintenant à résister à l’assaut des vents, d’une rare violence, qui s’invitent chaque fois que le ciel ouvre ses vannes, l’on tente de libérer les caniveaux des tonnes d’ordures qui freinent l’évacuation des eaux dans les quartiers privilégiés, qui ignorent le calvaire des résidants de « Bonheur ville » et de « Belle ville » dans les confins de Boulmiougou. Oui, cher cousin, l’installation de la saison agricole dans la région du Centre est désormais effective et je ne désespère pas de voir bientôt les autres régions du Burkina arrosées par les pluies suffisantes.

Cela dit, cher Wambi, les sempiternelles querelles entre éleveurs et agriculteurs ne cessent de créer des remous dans les zones rurales du Pays des hommes intègres. Sitôt la saison installée que des conflits auparavant latents remontent en surface. C’est l’un de ces conflits qui a conduit Saïdou Sawadogo à l’Observateur paalga tôt le matin du mardi 19 juillet 2011 : un désaccord oppose la coopérative Watinooma, dont il est membre, à Ousséni Dicko, éleveur. Tous deux de Kelbo, département situé dans la commune de Djibo. Le casus belli, c’est l’exploitation d’une parcelle de terre comme rizière par la coopérative. L’éleveur aurait demandé à ses antagonistes d’arrêter leurs activités.

Ceux-ci auraient refusé d’obtempérer et menaceraient de sévir si leur adversaire continue de les exaspérer. "Avant, nous cultivions du maïs, du sorgho et autres. Il y a quelques années, nous avons reçu des Chinois pour nous aider à améliorer notre mode de culture et nous avons ainsi décidé d’inclure dans notre culture celle du riz. Depuis ce moment, Ousséni Dicko a décrété que l’on arrête de cultiver sur la parcelle sans vraiment nous expliquer pourquoi.

Devant notre refus d’obtempérer, les membres du groupement ont été convoqués à Djibo, où ordre leur a été donné d’abandonner la rizière. Etant installés depuis longtemps et vu que l’activité marche bien, nous avons continué à mener nos activités, et deux de nos membres ont été arrêtés en 2010. Selon le maire et le préfet pourtant, nous avons le droit de cultiver mais le procureur, lui, nous dénie cela.

A chaque fois que nous sommes convoqués pour une confrontation, l’un des nôtres est arrêté. Cette année encore, la situation est en train de se répéter. La semaine dernière, nous avons reçu une convocation de Djibo, mais nous avons refusé de nous y rendre, vu qu’on nous y avait marginalisés. L’éleveur ne cesse de proférer implicitement des menaces à notre endroit. Mais nous sommes décidés à ne pas nous laisser faire et à tenir bon. S’il persiste …"

Bref, cher cousin, te faisant grâce des menaces qui planent sur la contrée, je joins ma voix à celles de tous ces apôtres de la paix pour interpeller les autorités concernées afin que cette affaire soit traitée avec diligence et tact pour nous éviter le bain de sang qui s’annonce si jamais…

Requiem pour la Garde nationale ; telle est en effet la menace qui plane sur ce corps de la Grande Muette depuis la mutinerie du 23 mai, dont je t’ai fait l’écho dans ma dernière lettre.

Qui étaient donc les artisans de ce concert des armes qui a tenu les résidants de Paspanga et des environs en éveil ?

Les musiciens, en tout cas, s’en lavent les mains !

« Contrairement à l’allégation parue dans l’Observateur paalga et rendant particulièrement la Fanfare de la G.N. responsable de la mutinerie des éléments dudit corps, une mise au point s’impose pour éclairer le peuple burkinabè, qui a une admiration pour sa fanfare : présente à Yamoussoukro pour l’investiture de S.E.M. ADO, elle est rentrée le 23 à 2 heures du matin à la G.N. et devait bénéficier d’un repos de 48 h. C’est étant chez eux que les musiciens ont été surpris par les coups de feu partant de leur camp (GN) le même jour : La Garde nationale est structurée comme suit :

- une Troupe (hommes en armes) ;

- une Musique : des musiciens (sans armes). Pas de confusion dans l’exécution des missions dévolues à la G.N. donc. Les deux, ensemble, constituent la troupe d’honneur.

Alors, il était opportun au journal d’approcher le commandement pour situer les responsabilités. La musique, une unité inoffensive, n’a pas pour ambition d’user de la violence. Elle restera au service des institutions de la République.

Elle a souffert de cette mutinerie par la perte et l’endommagement du stock de réserve de ses instruments neufs de musique et de tenues de cérémonie. Qui a tiré le 23 mai ?

Difficile d’y répondre, cher cousin, au moment où la traque des mutins a accouché de la fatwa du 7 juillet 2011 portant résiliation du contrat de 566 militaires et qui fait toujours des vagues dans la cité.

Bref, tournons la page et voyons ce que contient cette semaine le carnet secret de Tipoko l’Intrigante.

Mais avant, j’ai le regret de t’annoncer le décès, le 18 juillet 2011 à Paris, d’Hamadou Boukary Dicko, ancien député CDP, entrepreneur et membre du Conseil régional du Sahel.

La dépouille mortelle est attendue ce samedi 23 juillet à l’aéroport international de Ouagadougou, et l’inhumation est prévue pour le dimanche 24 juillet au cimetière de Gounghin.

- Belles prises que celles effectuées ces derniers temps par la brigade ville de gendarmerie de Boulmiougou. En effet, de sources dignes de foi, des voleurs de fibre optique et des assassins de gardiens seraient au frais, si ce n’est au four, dans les locaux de ladite brigade.

A/C Boukaré Drabo et ses hommes auraient non seulement mis la main sur ces cupides de cuivre, dont en majorité des étrangers, mais aussi récupéré près de 5 tonnes de cette matière dont l’absence prive depuis des mois des abonnés de l’ONATEL de son ; ajoutons à cela l’arrestation de malfrats dont le mode opératoire consistait à éliminer les veilleurs pour vider les magasins dont ils assuraient la garde.

Une attitude de certains citoyens est à déplorer car, non seulement ils ne dénoncent pas les malfrats, mais ils vont même jusqu’à essayer de les protéger quand les forces de l’ordre sont à leurs trousses.

Une sorte de complicité qui doit être punie selon la rigueur de la loi.

- Qui d’autre ne serait pas tombé des nues tel ce père d’un bébé auquel on a tendu, à l’annonce de la bonne nouvelle, une ordonnance de 57 030 FCFA (vous avez bien lu cinquante sept mille trente francs) qu’il devait honorer au plus tôt pour la santé de son épouse. Laquelle, pourtant, se portait bien comme leur rejeton. Un traitement qui serait, comme l’a appris le monsieur, destiné à préserver la fertilité de madame. Vrai ou faux ? Difficile d’y répondre. Par contre, ce qui est sûr, nombreux auraient été ceux qui auraient opté d’arrêter si on leur avait demandé leur avis.

- A Ouagadougou, on voit de tout en matière de sacrifices : galettes, poulets, même des moutons. Mais quand des ânes aussi s’y invitent, il y a de quoi se poser des questions. Or, c’est ce qu’il a été donné de voir quelque part à Simonville : un type dans une grosse cylindrée aux vitres fumées arrive à hauteur des mendiants qui cernent les lieux.

Au vendeur d’ânes qui l’avait devancé avec un troupeau, il en désigne un que le commerçant conduit auprès d’un vieux « garibou », lequel fit ses psalmodies alors que l’autre avait baissé sa vitre juste pour recevoir la bénédiction. Aussitôt après, il démarra en trombe pour disparaître de la vue des curieux. Quel crime a-t-il bien pu commettre ou que veut-il pour devoir faire un « doa » avec un baudet ? En tout cas, ceux qui ont eu leur compte dans cette affaire, c’est l’ânier et le mendiant ; car le bon monsieur avait à peine mis le pied sur le champignon que le second cité refilait l’animal à son propriétaire à moitié prix.

- La 3e édition de la Conférence africaine sur l’assainissement et l’hygiène (AfricaSan 3), qui s’est tenue du 19 au 21 juillet 2011 à Kigali au Rwanda, a reconnu les mérites d’une personnalité burkinabè : il s’agit du maire de Ouagadougou, Simon Compaoré, à qui on a décerné, lors du dîner de gala d’Unilever le mercredi 20 juillet 2011 à l’hôtel Serena, le trophée de l’Award des collectivités locales dans le domaine de l’assainissement.

Entre autres raisons qui ont valu la distinction du bourgmestre de la capitale, la mise en place de la Brigade verte, ces balayeuses de rue communément appelées « Les femmes de Simon », qui s’investit pour la propreté de Ouagadougou et emploie plus de 2000 femmes, leur donnant l’opportunité de participer à la prise en charge de leurs familles respectives.

C’était en présence du couple présidentiel rwandais, Paul et Jeannette Kagamé ; du ministre burkinabè de l’Agriculture et de l’Hydraulique, Laurent Sédogo, et de bien d’autres personnalités de marque. En l’absence du récipiendaire, c’est le maire de la commune rurale de Kougny dans le Nayala, Aïcha Sanou/Traoré, qui a reçu le trophée.

- Il y a un fait qui retient l’attention dans nos hôpitaux quand vous y allez la nuit avec votre malade : les médecins spécialistes, toutes disciplines confondues, ne sont pas sur place au moment de leur garde la nuit. Cela n’est pas sans conséquence quand on sait que le temps qui s’écoule entre l’arrivée d’un malade et celle du spécialiste est certainement préjudiciable au patient.

On ne retrouve aux centres hospitaliers universitaires (CHU) que les étudiants en formation qui, non seulement sont limités sur certaines questions, mais surtout ont aussi besoin d’apprendre de leurs supérieurs pour mieux gérer les situations d’urgence. Faites un tour à Yalgado ou à l’hôpital pédiatrique Charles-De-Gaulle entre 20 h et 7 h du matin pour faire le point des spécialistes confirmés qui sont sur place, attendant une quelconque urgence.

A écouter les uns et les autres, le problème est d’abord pécuniaire et ensuite organisationnel ; la garde serait payée par forfait de 8 à 10 000 FCFA par mois, quel que soit le nombre de gardes effectuées. Dans les CHU, la garde est payée en raison du statut du praticien.

Dans les CMA, les personnes concernées reçoivent leur dû sur leur salaire à la fin du mois ; le plus révoltant, selon certains médecins, c’est qu’il y a des bureaucrates de la santé qui perçoivent des indemnités de garde alors qu’ils n’y ont pas droit. Pendant ce temps, ceux qui y ont droit formulent des demandes qui aboutissent au bout d’un long parcours, et certains sont obligés de "déposer un cailloux", selon la formule consacrée, pour voir leur demande satisfaite.

- La chefferie coutumière à la croisée des chemins ; tel est le titre évocateur du nouveau livre d’Alfred Yambangba Sawadogo, sociologue de formation et spécialiste des sociétés civiles africaines. Si vous voulez comprendre la problématique du pouvoir des chefs coutumiers, cet ouvrage peut vous y aider. Paru aux éditions l’Harmattan, il fait partie d’une longue liste de livres écrits par le même auteur et permettant de cerner différents pans de la chefferie traditionnelle.

- Le Larlé Naaba Tigré, promoteur du Jatropha, a réussi son pari en mettant en place son usine Belwet Biocarburant. Cela fait aujourd’hui un an que l’unité industrielle fonctionne, et ce ministre du Moog-Naaba Baongho veut marquer l’événement d’une pierre blanche : ainsi, il se tiendra, ce samedi 23 juillet 2011 à partir de 10 heures dans l’enceinte de l’usine, sise à Kossodo, une cérémonie officielle de commémoration du 1er anniversaire sous le haut patronage du Premier ministre, Luc Adolphe Tiao.

- Les jeunes du Nayala, réunis au sein du Réseau d’action des jeunes pour le développement (RAJD), ont, dans le cadre de leurs programmes d’activités de l’année, choisi d’encourager leurs jeunes frères du primaire, du collège et du lycée à travers l’organisation d’une journée d’excellence le samedi 30 juillet 2011 à Toma. Au cours de la cérémonie, plus de deux cents élèves et écoliers, qui ont su conférer de la valeur au labeur de leurs encadreurs en accédant à l’excellence, seront récompensés.

Naturellement, les encadreurs ne seront pas oubliés ce jour-là, car, comme le dit un proverbe san, si le soumbala est bon, il ne faut pas oublier celui qui a cueilli le néré. Cette journée de reconnaissance de mérite, à ce qu’on dit dans la cité de la lutte traditionnelle, sera aussi une occasion de retrouvailles pour des frères et sœurs. Inutile de dire que le gnô, ou le vin de Toma, sera au rendez-vous.

- Le 16 juillet 2011, nous quittait un vénérable patriarche, El hadj Moussa Yugo. Très connu dans le milieu commerçant comme dans celui de la religion musulmane pour y avoir été un des pionniers dans la capitale, ce sage dont le nom a traversé nos frontières s’est éteint le samedi dernier à 6h 30. A sa mémoire sera organisé un doa le dimanche 24 juillet à partir de 9 heures à son domicile au secteur 2 (Bilbalogho).

- Ce samedi, on verra sûrement du beau monde à l’hôtel de Ville de Ouagadougou ; car le bourgmestre en personne donnera la main de sa fille à un homme pour qui bat son cœur. Ravigsida Dorcas Compaoré deviendra ce jour-là Mme Tiendrébéogo, et avec Jean Firmin ils ne seront plus qu’un.

C’est ce pourquoi les deux familles vous attendent pour être témoins de ce moment exceptionnel à 9 heures, avant la bénédiction nuptiale à 10 h 30 mn à l’église centrale de la Mission apostolique. Pour tout couronner, un lunch est prévu au SIAO à 13 heures. Ne vous faites surtout pas raconter cet événement.

- Une date à retenir : samedi 23 juillet 2011. Un lieu à visiter : le palais de Pakala à quelques encablures de Garango, dans la province du Boulgou.

C’est en effet là et ce jour-là que Naaba Boulga, le kri de la localité, célébrera sa fête coutumière du Langa. Gourounsi et autres parents à divers degrés, n’y allez surtout pas sans la "nivaquine" de vos cousins bissa.

Tipoko l’Intrigante n’apprend rien d’elle-même, elle n’invente jamais rien. Tipoko l’Intrigante est un non-être. Elle n’est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l’intuition c’est la faculté qu’a une femme d’être sûre d’une chose sans en avoir la certitude..."

Ainsi va la vie.
Au revoir.
Ton cousin Passek Taalé.

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 22 juillet 2011 à 09:46, par RAWA En réponse à : Une lettre pour Laye : Musiciens, pas mutins

    Le journal doit bien se démarquer de la chefferie du Village de Pakala.Le fameux chef se serrait autoproclamé depuis juillet 1994.Et depuis,il ne bénéficie pas des honneurs et du respect des gens de Pakala.Momini est bien notre voisin de quartier à Dapoya,et c’est àprès avoir vendu sa cours qu’il décide d’aller semer la mascarade dans son village.Il faudra surtout prévoir des troubles dans cette manifesfation.

  • Le 25 juillet 2011 à 17:21, par Yarbil allalé En réponse à : Une lettre pour Laye : Musiciens, pas mutins

    Pour l’ordonnance de 57 000 francs pour garantir la santé de la mère, demandez plutôt à un médecin au lieu de critiquer. Avez vous déjà entendu parler du sérum anti-D ? Le journal devrait avoir une cellule santé pour ce genre de questions. Soyez professionnels messsieurs de la presse.
    J’espère que si c’est bien de cela, la bonne dame a eu son traitement, sinon, plus d’enfant pour elle.

    • Le 3 août 2011 à 13:07, par ninette En réponse à : Une lettre pour Laye : Musiciens, pas mutins

      Vous avez raison pour ce serum car c’est un produit qui coute vraiment cher. Il faut que les journaliste cherchent à comprendre avant de publier des commentaires de ce genre.

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